Marjan Welman, ça vous dit quelque chose ? Sans doute pas, à part les fans de Metal Atmosphérique qui peut-être connaissent son groupe principal AUTUMN, ou les mordus d'AYREON qui se rappellent peut-être sa participation au "Suite binaire à la con" de 2008. Il se trouve que le timbre de Marjan me plaît, me touche même, dans des eaux à la The GATHERING (époque "Mandylion"), j'ai d'ailleurs souvent pensé qu'elle aurait pu être la remplaçante idéale à Anneke après son départ en 2007. Mais ce n'est pas la seule chose qui a mis VETRAR DRAUGURINN sur mon passage. Il y a aussi Erik Hazebroek, orphelin de STREAM OF PASSION depuis son regrettable split de 2016, qui voyait une bonne partie de ses petits camarades continuer à évoluer, avec AYREON, The GENTLE STORM ou encore VUUR.

VETRAR DRAUGURINN emprunte son nom à l'islandais pour se désigner comme "Fantômes De l'hiver" et voit les deux talents hollandais joindre leurs forces au sein d'une nouvelle formation clairement orientée Doom. Le genre a de nombreux adeptes aujourd'hui, et les riffs graves et plombés du Metal hollandais sont parfaitement adaptés au style. Or VETRAR DRAUGURINN ne va pas s'y cantonner mais j'y reviendrai.

La formation ne se met clairement pas de pression et préfère écrire des morceaux plutôt simples en définitive, même si le travail sur la complémentarité des guitares permet de tisser de jolies ambiances ("Twelfth Night"), plus subtiles qu'elles n'y paraissent. En revanche, contrairement à de nombreuses formations Doom menées par des chanteuses, VETRAR DRAUGURINN n'injecte aucune once de psychédélisme, et le magnétisme doit opérer autrement. Et c'est là une petite déception ; j'attendais Marjan Welman dans ce rôle de maîtresse de cérémonie mélancolique et presque mystique, mais il ne reste que la mélancolie et un registre grave exploité de manière un peu trop systématique, pas aidé par des lignes vocales qui peinent à se révéler toutes mémorables.

On a un bon aperçu du disque avec l'ouverture éponyme qui pose les jalons qui caractériseront (à quelques exceptions près) la musique de "Hinterlands" : une batterie utilisée à bon escient avec une belle insistance sur les martèlements de toms, cette complémentarité des guitares qui sur ce titre-là n'hésitent pas à carrément s'harmoniser, des arrangements discrets mais parfois bien utiles (le mellotron, le trombone du deuxième bretteur Thomas Cochrane sur "Forever Locked Within"), le tout porté par une Marjan Welman ni vaporeuse ni pleinement conquérante. Quand les doublages de voix font leur apparition, on se sent (logiquement) assez proches de ce que proposait Marcela Bovio avec STREAM OF PASSION, même s'il n'y a pas de ressemblance vocale.

Je disais que ce premier longue-durée de VETRAR DRAUGURINN était Doom mais pas seulement. En effet, sans faire de vagues, il nous permet de passer un bon moment, notamment grâce à quelques titres plus Pop qui ressortent de ce carcan Doom, en particulier le très STREAM OF PASSION "Death Will Come For Us" qui s'affirme comme l'une des plus belles réussites d'un disque certainement pas moyen, mais qui ne dispose pas d'autres qualités que ses beaux atours et son élégance, du moins pour l'instant. De plus le contraste est assez saisissant d'un titre à l'autre (au hasard parfois "Wanderer" et "Bleak Earth"), ce qui a l'avantage de nous sortir de cette semi-torpeur qu'opèrent les albums de Doom sur l'auditeur.