Le voici, le voilà ! Le successeur du très violent et marquant "All Hail The Swinelord", que les jeunes Suédois de TGIAC ont carrément projeté au visage de la planète Metal en 2015. Et quels saignements il y eut !

Je vous rappelle le style : un Sludge/Black balèze et terrifiant, avec des pointes corées pour l'intensité adolescente filtrant parfois du bouzin. Côté enrobage, rien de bien hollywoodien, évidemment, on garde l'enveloppe sale et pestilentielle pour que bouillonnent la rage et l'acidité que le groupe vomit depuis ses débuts. Oui, un peu comme la majorité des combos de Sludge extrême, mais TGIAC déploie davantage des ailes de corbeau pour noircir son fruit empoisonné. Vive le Black !

Après une intro plutôt surprenante à base de percussions grésillantes et d'effets assez déplaisants, le quintette (un guitariste a été ajouté) remet le couvert la pédale au plancher. Pas trop d'artifices, ça défonce et ça vibre chaudement, comme un presto ! Le trio de sauvageries "Blood Is My Harvest", "Thresholds" et "Gate Dweller" est très opaque et nous envoie du mastodonte à la pelle. Seule la fin de "Gate Dweller" offre une belle ouverture, lumineuse et pleine de promesses. Et ça tombe bien, car les Suédois enchaînent avec la mid-tempo "Monuments For Dead Gods", qui s'avère ici une vraie bouée de sauvetage. Sur "All Hail", "IX: For I Am The Fire" et "Hanging Feet" ont merveilleusement joué ce rôle et permis à ce disque infernal de montrer de nombreuses facettes. Mention spéciale aussi sur la finale, "Wormwood Star", sur laquelle on se dirige tranquillement, sous la torture, vers le silence bien mérité.

La seconde moitié du skeud débute agréablement avec l'excellent "Wolvking" (putain, ce titre, "Le Roi Des Loups") et son riff de malade, qui vous donne envie de vous battre jusqu'à votre dernier souffle. Si vous n'êtes pas trop groggy, le reste de ce troisième opus vous anéantira sans problème avec des lames de fond et des volées de bois vert quasi magistrales. La démentielle "In Your Black Halo" est un exemple probant que la violence musicale peut être maîtrisée et plaisante à écouter. Ouf !

Ce constat est la plus grande réussite de TGIAC sur "A Throne Of Ash" ; tout est si bien disproportionné et équilibré à la fois ! L'ordre dans le chaos ! Peu de formations modernes peuvent se vanter d'être aussi outrageuses et mélodiques. Et que dire de l'ambiance perverse qui plane du début à la fin… C'est étouffant et pourtant, dès que les premières quinze minutes ont passé, on trouve le moyen de respirer. Ça frôle souvent l'asphyxie, mais quand on a un tel étalon noir dans son studio, on peut s'attendre à des miracles de gymnastique...

"A Throne Of Ash" ne déçoit pas, mais ne reçoit pas la note parfaite comme son petit frère. C'est un cas classique d'attentes élevées, lancées par le cadet, qui sont ardemment accessibles par l'aîné. C'est ainsi et c'est OK.

Ne boudez toutefois pas cet album, car s'il est moins surprenant que "All Hail The Swinelord", il est un brin plus mature. Si vous aimez vos grattes bien huileuses et ardentes et que vous préférez vos ambiances cauchemardesques, THIS GIFT IS A CURSE… pour vous ! Il vous hantera le jour et beaucoup la nuit.

J'espère seulement que ce son si caractéristique résistera aux affres du temps. On tient là un couteau à deux tranchants, c'est clair.


Podium : (or) "Wolvking", (argent) "Gate Dweller", (bronze) "In Your Black Halo".

Indice de violence : 4/5.