Ce que je peux détester les puristes… En fait, j'en apprécie une souche : celle qui s'élève contre le renouveau de la langue française, celui qui assassine la rigueur et les accents. Mais les autres, ils me font profondément chier. Surtout les forumeurs professionnels qui défèquent sur tout ce qui est –core parce que "c'est pas du vrai Mitol", c'est qu'un truc pour exciter les prépubères. Alors quand je lis que, pour un de ces crétins finis, THIS GIFT IS A CURSE est du «Blackcore» (alors qu'il est avant tout du Sludge-Black) ou pire, du «Emokult» auquel il faut accorder de l'attention par pitié mal placée, je dis non. Faut pas pousser tonton dans les rognons.

Car ce que THIS GIFT IS A CURSE déclenche dans nos cellules n'est pas une rébellion adolescente ou de la simple haine primale, c'est plus subtil que ça. Pas étonnant que ça passe sous le radar des abrutis. C'est rare que je sois aussi incisif, mais là, suffit de s'ouvrir les conduits et l'esprit pour ne pas dire de conneries. Et non, ce n'est pas de l'élitisme, c'est de rendre à ces jeunes César ce qui leur revient de droit : le respect.

"I, Gvilt Bearer" est un premier album des plus percutants pour les Suédois. Ceux qui comme moi ont commencé la disco à l'envers avec le petit dernier, à qui j'accordais la note parfaite, seront en terrain connu. Les autres, vous constaterez que la précocité du génie agressif du quatuor est remarquable. Oui, agressif, mais pas agressant. Pas mal pour un combo de Sludge'n core blackisé jusqu'au bout des cornes…

L'album débute de la même manière que "All Hail The Swinelord", c'est-à-dire avec un duo compact, bien vibrant et aussi enragé qu'un nuage de piranhas. Le groove sludge de TGIAC prend vos tympans d'assaut, alors que Jonas Holmberg vomit son exaspération avec tant de véhémence qu'après "Inferno", on a déjà chaud. Et pas qu'un peu. L'intensité de l'ensemble est si vicieuse et sans merci qu'on ne peut que s'agenouiller pour reprendre son souffle. Certains décrocheront devant autant de violence, c'est clair. Le même effet cataclysmique qu'un ANAAL NATHRAKH vous enfonce dans la gorge avant de vous puncher la pomme d'Adam ! Mais en plus fort.

Heureusement, comme sur "All Hail", TGIAC sait équilibrer ses attaques et ainsi prouver qu'il n'est pas qu'un roquet possédé par le démon. Il aboie, griffe et mord comme un champion ! Il sait aussi se glisser subrepticement derrière sa proie avant de sauter dessus pour la dévorer, signe qu'il n'est pas impossible d'injecter des passages atmosphériques dans un style aussi direct et offensif. Le grésillement des guitares, l'explosion des cymbales et les éructations de sieur Jonas se marient parfaitement avec la basse graisseuse, les riffs accrocheurs et l'ambiance intimidante planant sur ces neuf morceaux de chair vive.

La beauté ultime dans le travail des Suédois est la facilité avec laquelle ils se tiennent debout sur la frontière entre le Sludge classique des familles et le Black burné accostable. TGIAC peut nous réserver une baston fuzzée en règle avec le poing gauche et avec le droit, nous jouer un truc nucléaire et fédérateur pour nous clouer au pilori. Les surprises sont nombreuses, l'énergie à son maximum et le divertissement dans le tapis.

Le seul bémol que je formule à l'endroit de ce "I, Gvilt Bearer" est cette mini-brochette de pièces plus faibles formée de "Deciever" et "Head And Arms". Le reste, c'est de la bombe et un achat à effectuer les yeux fermés.

Un groupe à part, déjà, qui n'a pas fini de nous émerveiller en nous prenant sauvagement de force. Il est simplement trop puissant et peut aisément prétendre à la couronne de la Cité de Dité, car il connaît ses péchés (talents) mieux que quiconque.

Podium : (or) le duo "The Swarm – Inferno Ad O.", (argent) "Sounds Of Broken Bells", (bronze) "The Crossing".