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2019 A Mountain Of Saola Hooves

MIREPLANER - A Mountain Of Saola Hooves (2019)
Par NEURO6 le 18 Novembre 2019          Consultée 3754 fois

Sorti le 3 mai dernier, le premier album du trio finlandais de MIREPLANER, "A Mountain Of Saola Hooves", semble être passé relativement inaperçu dans la presse spécialisée, et ce d’autant plus dans les webzines francophones. Pourtant, son EP "Diapiric", paru en 2018, avait laissé entrevoir de très belles promesses, car flirtant avec les ambiances de CULT OF LUNA, mais embrassant un caractère plus sombre à l’instar d’OLD MAN GLOOM. Avec un tel pedigree, ils ne pouvaient pas passer sous les radars de votre serviteur.

Renouant avec l’artiste allemande Jeanne Strieder qui a déjà réalisé le premier artwork, le groupe a choisi pour "A Mountain Of Saola Hooves" une illustration marquée par la symétrie et le clair-obscur. Une crevasse de montagne constituée d’os forme un écrin lugubre pour un étrange animal, frêle et émacié. Ses longues pattes, démesurées, semblent prendre racine dans la terre, tandis que ses cornes tout autant surdimensionnées, s’élèvent vers le ciel. Quel est donc cet animal ? Il ne s’agit pas d’une bête fantastique née de l’imagination de l’artiste, mais d’un Saola, bovidé des plus placides vivant dans les montagnes annamitiques du Laos et du Viêt-Nam. Sa particularité ? Il s’agit du dernier grand mammifère herbivore « découvert » (c’est-à-dire identifié par la science, en 1992). Longtemps considéré comme un mythe, le Saola est également en danger critique d'extinction. Devenu une icône de la biodiversité, le Saola est une allégorie des excès contemporains et de la prédation humaine sur la nature. Sombre et désastreux, l’artwork donne le ton de ce que sera l’album.

MIREPLANER occupe un registre musical hybride, entre Post Metal et Sludge, ce qui est somme toute assez classique, mais propose des compos avant-gardistes, rappelant les productions de MESHUGGAH. Sa musique, violente, sournoise et malsaine, est dotée d’une énergie incroyable, notamment grâce à un growl particulièrement oppressant.

Pour entrer dans sa caverne maudite, il faut traverser les six minutes de "Deadweights", épaisse fumée qui démarre dans un Drone inquiétant et progressif. Puis, guitare, basse et batterie entrent en scène, accompagnées des lamentations étouffées du chanteur Eeli Helin. L’ensemble est bien arrangé, ce qui contribue à créer une ambiance sinistre. Les alternances avec les passages instrumentaux minimalistes renforcent cette sensation de touffeur. En fin de piste, toute cette accumulation explose dans un vacarme final groovy qui vient nous tamponner brutalement. Le ton de cet album est posé. "A Mountain Of Saola Hooves" écrasera tout sur son passage, cela ne fait aucun doute.
La preuve en est dans les morceaux suivants : "The Elkhorn Coral" (encore une espèce menacée), sorte d’interlude où alternent phases violentes et passages plus instrumentaux, mais surtout "Parched Throat", dont le titre reflète bien le contenu des paroles, qui traitent de l’infanticide par pendaison, mais aussi l’ambiance, entre suffocation et lacération. Animé par des prières sibilantes presqu’imperceptibles, le titre conserve cette construction contrastée et se termine par des sonorités anxiogènes.
La mort est encore au programme dans le titre suivant, "Morass", narrant l’histoire d’un sacrifié flambant sur un bûcher. Une grande rage se dégage au moment de l’assaut du trio. Encore une fois, la performance d’Eeli Helin est remarquable. Les percussions tribales et chamaniques viennent rythmer à plusieurs reprises le morceau, accompagnées parfois de riffs chaloupés, évoquant certaines compos de NEUROSIS (6’40). "Morass" est la piste la plus longue (presque dix minutes) et la plus savamment exécutée, faisant varier les sonorités et les styles. Du grand Art.
"Light Departure" nous ramène au calme, avec son démarrage progressif qui laisse place à une ambiance que ne renierait pas CULT OF LUNA, avec son riff très Post Metal. Le morceau "Knees Cicatrised" propose quant à lui un Sludge au tempo d’abord ralenti, accélérant progressivement, puis relâchant à nouveau la tension. À 2’10, la noyade est complète, l’ambiance méphitique à souhait et, tandis que le duo basse/batterie martèle inlassablement, Eeli Helin hurle ses paroles par avec une conviction extrême. Le final, martial, laisse à peine de quoi reprendre son souffle. Un titre épatant.
Le septième et dernier titre, "Saturation Of The Bleeding Maw", où se mêlent des sons rappelant les cloches de l’Apocalypse et une batterie des plus belliqueuses, finit de peindre le paysage désolant et sans vie que MIREPLANER érige en tableau allégorique des temps contemporains.
"All is turning black, all is sinking
Devoured, distorted
All is turning black, all is sinking
Absorbed, dissolved
Saturation of the bleeding maw."

Ces réjouissances passées, il est temps pour nous de conclure. J’avoue avoir été bluffé par la maturité de ce jeune groupe et par leur maîtrise des codes des styles auxquels ils adhérent. S’ils ne font pas figure de pionniers en la matière, MIREPLANER nous offre ici un premier album très bien produit où il est difficile de tirer du négatif. Véritable bande-son de l’apocalypse, "A Mountain Of Saola Hooves" est d’une précision militaire, sans aucun répit pour l’auditeur. Les changements de textures véhiculent une émotion brute. Les paroles traitent, à grands renforts de métaphores filées et d’hyperboles, de l’effondrement et de la mort. Bref, une œuvre eschatologique qui constitue LA très belle découverte de 2019.

Morceaux préférés : tout est bon, mais penchez-vous en particulier sur "Morass" et "Knees Cicatrised".

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- Eeli Helin (guitare, chant)
- Euro Vilppula (basse)
- Markus Karppinen (batterie)


1. Deadweights
2. The Elkhorn Coral
3. Parched Throats
4. Morass
5. Light Departure
6. Knees Cicatrised
7. Saturation Of The Bleeding Maw



             



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