THE THREE TREMORS, en voilà une bonne idée ! Imaginez donc, trois des plus grands vocalistes de l'histoire du Heavy, réuni sur un même album : Bruce « Air Raid Siren » Dickinson, Rob « Metal God » Halford, et Jeffrey « Geoff » Tate. Quel projet alléchant ! Trois voix mythiques, ayant toutes été posées sur des chef d'oeuvres musicaux, des timbres parfaitement identifiables, des capacités vocales surhumaines... Rhaaa je veux !!! Oui mais non. Ce projet imaginé par Bruce Dickinson au début des années 2000 ne verra jamais le jour, on devra juste se contenter du médiocre "I'm The One You Love To Hate" sur le premier album d'HALFORD, et sans Geoff Tate. Un projet enterré donc.

Mais c'est sans compter un certain Sean Peck, qui, 18 ans plus tard, a ressuscité cette vieille idée. Notre homme est surtout connu pour être le chanteur et le leader du groupe de Power Metal américain CAGE, et aussi de DEATH DEALER ces dernières années avec Ross The Boss. Chanteur dévoué à la cause du Metal, doté de capacités vocales enviables, au talent confirmé par la scène, il n'en demeure pas moins qu'il ne sera jamais un acteur de premier plan à cause d'un manque d'identité évident, l'homme évoluant dans le registre des clones d'Halford, et CAGE est un groupe qui ne s'imposera sans doute jamais véritablement (les meilleurs années sont derrière lui). Alors plutôt que de proposer un nouvel album de CAGE, voilà t-y pas qu'il reprends à son compte ce concept d'un album avec trois screamers. Il parait évident qu'il s'agit d'une façon de rompre un peu la routine et surtout de créer du buzz. Car cet album n'est finalement rien d'autre qu'un album de CAGE (c'est les même zicos), avec deux vocalistes supplémentaires : Harry « Tyrant » Conklin, et Tim « Ripper » Owens (les screamers aiment les pseudos).

Le problème c'est que sur le papier on aurait pu s'attendre à un vrai album conceptuel, avec des morceaux vraiment conçu pour mettre en valeur chaque voix, dans de grands élans d'échanges théâtraux. Attente plus que légitime sachant que Sean Peck est un grand fan de KING DIAMOND (qui s'y connait dans le genre concept théâtral). THE THREE TREMORS n'est rien de cela, il s'agit d'un très classique recueil de morceaux de Power Metal dans la droite lignée de ce que peut produire CAGE, mais dénué de toute dimension conceptuelle (contrairement à leur dernier opus). Et comme d'habitude, la musique se révèle très vite fatigante, et le principe des trois chanteurs devient lui-même un handicap.

Déjà, le choix de prendre Ripper Owens ne s'avère guère pertinent. Car nous avons du coup affaire à deux chanteurs évoluant dans le registre Halfordien. Certes, Owens n'a pas la même voix que Peck, mais vous voyez l'idée : on peinera tout au long de l'album à distinguer leurs voix. Et quand on constate que Ripper Owens en est à son troisième projet en moins d'un an (le très bon SPIRITS OF A FIRE et le sympathique A NEW REVENGE), on peut s'interroger sur le degré d'implication de l'homme à la casquette Monster sur ce nouvel effort. Harry Conklin tire un peu son épingle du jeu grâce à sa voix qui s'éloigne du carcan Halfordien, pour autant, rien n'est spécialement fait pour le mettre en valeur. C'est qu'en terme d'écriture, Peck et sa bande ne se sont pas foulés, ils déroulent leur Power Metal bien rodé à défaut d'être vraiment inspiré, et nos trois chanteurs s'échinent à screamer à qui mieux-mieux, petage de tympans garantie (ça en devient ridicule et irritant sur un "Speed To Burn").

Après si vous êtes fan de screaming Heavy Metal, vous y trouverez peut-être une certaine satisfaction, car il faut bien avouer que c'est souvent le festival du hurlement coordonné, avec les trois voix qui se superposent. Mais même là, on se dit que THE THREE TREMORS arrive bien trop tard : nos trois hurleurs ont désormais tous plus de 50 ans, et ne sont donc évidemment plus au sommet de leurs capacités vocales, il y'a 10 ans ça l'aurait fait, mais maintenant...

En fait, c'est quand les tempi ralentissent que l'album se fait plus agréable. La musique devient plus digeste, on a moins l'impression d'écouter un concours de castrats, et un véritable travail sur les ambiances se construit. "Sonic Suicide" et "Wrath Of Asgard" sont ainsi sans conteste les moments forts d'un album par ailleurs beaucoup trop long. Si vous ne deviez écouter que deux titres, alors ruez-vous sur ceux-là.

THE THREE TREMORS est donc bien loin de remplir ses promesses et ne semble pas du tout conforme à l'idée que devait s'en faire Bruce Dickinson à l'époque. Il ne s'agit que d'un album de CAGE de plus, il aurait été beaucoup plus intéressant que nos perce-tympans collaborent avec des musiciens extérieurs au groupe de Sean Peck. Ne reste donc qu'un album très oubliable à réserver uniquement aux fans die-hard des musiciens ici présent.