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POST-OI FUNKY (ET PSYCHé)  |  COMPILATION

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2014 Tnt

TEEP'N'TEEPATIX - Tnt (2014)
Par CITIZEN le 25 Avril 2019          Consultée 2306 fois

TEEP’N’TEEPATIX c’est un cas très particulier : un groupe n’ayant exercé que pendant quelques années à une période charnière, au tournant de styles fort différents, et héritiers d’un passé très court mais déjà suffisamment lourd pour avoir tendance à les plonger dans l’opprobre pour la plupart de leurs fans potentiels… Et qui pourtant s’est posé là avec quelques titres originaux qui cassent la baraque, juste assez pour justifier une super compilation estampillée "Oi! The Vintage Series".

On pourrait en effet parler de transformation radicale d’un gang qui exprime en quelque sorte ici la meilleure version de lui-même après s’être distingué pendant quelques années par des tribulations et enregistrements d’une nature toute autre. On pourrait en parler, mais ces premières armes brutes s’effacent si totalement dans une bonne humeur si rayonnante, dans l’innocence absolue d’une sorte de seconde jeunesse pas si tardive, débarrassée de toute inclinaison répréhensible, qu’on va plutôt zapper les exploits du milieu des années 80. Le mot d’ordre ici c’est probablement "cool", à l’exclusion de toute autre chose. À tel point qu’on a peine à garder à l’esprit le background des types antipathiques (qui se révèlent en réalité fort sympathiques quoiqu’un peu hyperactifs, et l’on a du mal à relier la scène de baston générale de la pochette à ce contenu Rock’N’Roll sans ambages).

Pour passer sur les mésaventures antérieures mais parce que ce groupe a tout de même un passif autrement plus pittoresque que "Jean-Jacques a pris la basse et moi j'ai suivi à la guitare", les TEEP’N’TEEPATIX sont une bande d’ex-skinheads dont les cheveux ont à peine eu le temps de repousser qui, blasés de leur posture provocatrice et des bastons perpétuelles, et à la faveur d’un changement de quartier et de la fréquentation de Mods, ont mis leurs armes au service d’une musique totalement différente, les plus radicaux n'étant pas restés avec la troupe. Et semblent avoir trouvé leur vocation et kiffent l’expérience de bout en bout, tant ces démos et live débordent d’énergie et d’enthousiasme. Mentionner ce contexte permettra, ne serait-ce que musicalement, au lecteur curieux de raccrocher petit bout par petit bout les influences musicales qui se dessinent ici, même si la recette a été bien dégrossie entre-temps : plus grand-chose de Oi!, tout au plus restent quelques plans qui balancent bien mais plus rien d’un rouleau-compresseur sentant la kro tiède. La fantaisie qui préside aux paroles inspire une musique à l’avenant. On pourrait faute de mieux parler de musique alternative comme terme fourre-tout ? T'N'T n'est doute pas assez politisé et manque de hargne pour que je lui attribue ce qualificatif sans arrière-pensée.

Le jus de cette compilation (ou plutôt intégrale débordante de trucs) sont les six chansons représentant les trois démos sorties en 1988 et 1989, avec des titres à l’avenant : "Batstomp", "Ouais/Non", "Dedans". "Dedans" quoi ? Trouvez la réponse du premier coup pour voir votre compatibilité avec l'état d'esprit du gang : l'univers du groupe est essentiellement un burlesque à l'humour qui fera sans doute grincer les dents au premier abord, avec une déconne de tous les instants qui déborde des textes et s'insinue dans tout ce que fait le groupe, des tut-tut-tut bruités à la bouche de yéyé qui rythment l’intro de "Batstomp" aux pétarades de moteur non moins faites à la bouche du "Démon Du Carrefour" aux passages chantés en espagnol juste pour le fun, le tout dans une ambiance générale délirante. Décrire la démarche par petits focus sur ces traits semble plus pertinent pour donner une idée que de s'attarder sur la lourdeur de tel ou tel riff, la puissance de tel ou tel morceau ou la spatialité de tel ou tel plan - tout cela, vous l'aurez et au centuple, mais surtout dans un désordre et dans une exubérance assumés, et sans méchanceté aucune. Trop chiadé et léger pour être punk ? Ou alors très light, et agrémenté de nombreuses touches ska ou New Wave et des petits riffs Hard Rock excellents par-ci par là (l’intro de "Batstomp" c’est le moment où t’avales d'un coup ta pinte en râlant de bonheur). J'ai eu l'impression d'avoir à faire à une sorte de boys band de bons garçons branchouilles et dynamiques, qui expérimentent en mixant tous les vintages et tout ce qui fera sourire, avec une bonne dose de psychédélisme pour délayer le tout voire de riffs bien enfoncés comme arme secrète des fois que ça voudrait pas prendre.

Les esprits non réceptifs seront effrayés par l’immaturité (ou l’insouciance) qui se dégage de la plupart des paroles ou par un manque de rigueur de compositions qui semblent faire des bonds dans toutes les directions sans qu’on ait de ligne directrice émergente – la première série de démos fait vraiment partie de ces trucs qu’on écoute en sursautant à chaque nouveau titre et dont on ne sait pas, lors de la première écoute, si on va essayer d’aller au bout. On a vraiment l’impression qu’après avoir proposé une musique extrêmement monolithique, les musiciens essayent de pousser à la fois leur dextérité à fond et de caser concurremment toutes leurs influences. Mais quelle récompense lorsque ces titres commencent à rentrer !

Par exemple, "Dedans" m'a fait l'effet d'une chanson de vacances par manque de toute autre image, jusqu'à ce que d’un seul coup un riff méchant s’impose, que le batteur commence à hacher ses tambours, et ça repart mine de rien sur de petits leads tranquillou... La basse gigantesque et les plans funky hypnotisants de "Ouais/non", même délire, et vous me connaissez, j’essaye toujours d’écrire mes chros tête froide, mais là j’ai "1990" dans les oreilles et c’est génial du riff d’intro, de l’entrée de la basse groovy à tout le reste : l’espèce de pilonnage sur fond de riffs spatiaux, les accélérations, les soli inopinés…Et puis T'N'T nous éclate la gueule avec "Batstomp" qui aurait été réalisé pour se positionner sur la BO du Batman de Burton, un titre inventif aux paroles haletantes. Ah, et j’oubliais aussi le saxo qui n’est pas forcément incompatible avec un cri strident lorsqu’il intervient avec parcimonie et surprise. Voilà pour le tour d’horizon de la diversité des partis-pris dans ces démos !

Les chansons réalisées lors de la deuxième phase du groupe ne sont pas dénuées d’intérêt. La démo de 1990 (sous le nom d’X-TRALUCIDS cette fois, ça ne s’invente pas)  montre que les expériences psychédéliques commencent à se faire sentir et une bonne partie du line-up importé directement d’antan se fait la malle, laissant la main libre aux plus délurés du gang qui se sont retrouvés entourés de tout un tas de nouveaux musiciens en un ensemble dorénavant complètement perché ("La Ville", "Le Monde Est Merveilleux") qui ne redescendra pas avant l’arrêt du groupe. Ici on troque les riffs profilés pour du groove et des rythmes qui pulsent, avec des guitares space et des élucubrations ou exhortations  de gourou ("Expire"), et une certaine ferveur sensuelle et exaltation pseudo-spirituelle de mec défoncé qui déblatère sans aucun frein, voir le long charabia en transe sur fond de guitares spatiales qu’est "Hom".

Le cd propose un Live très long avec pas mal d’inédits et notamment des versions surboostées de toutes les chansons des démos, y compris un titre réalisé en tant qu’X-TRALUCIDS et une reprise francophone de The JAM (ce qui sera sans doute plus parlant pour les experts que pour moi, j’avoue que les damiers c’est pas trop mon truc en général). Autrement, c’est l’occasion de constater que le groupe semblait être une vraie machine en concert, se faisant plaisir constamment avec en particulier des paroles changées pour certaines chansons et une ambiance de défouloir survolté complet (aaaah le débit extrêmement rapide de Sniff, ses cris extra-perçants avec les micros qui saturent), et des musiciens complètement à fond qui jouent tout deux fois plus vite avec plein de rajouts instrumentaux (sans compter le chanteur intarissable entre les morceaux). Seules quelques-unes des chansons exclusives font un peu bâclées (notamment celle d’un peu plus d’une minute à peine qui introduit ce set, complètement expédiée et sans aucun des rebondissements qui rendent le reste si pimenté). Si, "Les Meilleurs" est plaisamment agressive et rentre dans le lard tout en gardant un esprit sympathique.

Confluence d'individus aux parcours très drôles ou très pathétiques, c'est pour conclure un bien bel ensemble de chansons marquées sous le signe de la créativité, de la liberté et d’une énergie débordante dans un joyeux foutoir imprévisible, à l’image de la trajectoire des membres du groupe sans doute. Je m’attendais pas à un truc si varié et si solide à la fois, et à rien de si positif en général. Avec ce concentré de fun, les musiciens prennent le dessus sur les blousons noirs et sont là pour rigoler et pour taper fort (mais seulement leurs instruments cette fois).

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1. Le Démon Du Carrefour
2. Ouais/non
3. Dedans
4. Batstomp
5. 1990
6. J'attends
7. Hom
8. Expire
9. La Ville
10. Les Meilleurs
11. Le Monde Est Merveilleux
12. Batstomp
13. Tnt
14. Ouais/non
15. Les Meilleurs
16. J'attends
17. Dedans
18. Le Monde Est Merveilleux
19. Le Voyeur
20. Juste Pour Passer Le Temps (the Jam)
21. 1991
22. La Ville
23. Le Démon Du Carrefour
24. Pas De Limite (ça Oui)
25. L'alcool



             



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