L'histoire avait pourtant bien commencé. Jukka Matilainen et Pirrta Ohlis se connaissaient depuis vingt-cinq ans maintenant et ils avaient fondé DYECREST (DYECAST à l'époque) en 2001, terminant seconds d'un tremplin pour jeunes talents organisé par Noise records, un temple du Heavy/Power à cette époque, leur permettant de signer un premier contrat discographique avec le célèbre label. Mais après "The Way Of Pain" et surtout le décevant "This Is My Word" qui n'avait satisfait personne à l'époque, pas même le groupe, DYECREST plongea progressivement, malgré les concerts et l'écriture en cours d'un troisième opus. Nous sommes alors en 2008 et le groupe cesse ses activités.

Il faut attendre 2011 pour que ça se remette à bouger doucement, avant que DYECREST ne soit enfin remis en route courant 2013. Il faudra plusieurs années au combo pour parvenir à ses fins, car non seulement il entreprend de terminer les compositions ébauchées avant sa pause mais aussi d'en écrire de nouvelles afin de proposer un album complet. Mais le groupe a vieilli, enfin du moins ses membres, et le Power ultra positif d'antan convenait à merveille à Janne Oksanen son premier chanteur, avec qui DYECREST envisageait d'enregistrer l'album. Seulement, la nouvelle direction, tout en restant ancrée dans le Power, propose une vision plus offensive du genre, plus proche d'un MASTERPLAN que d'un STRATOVARIUS. Et c'est à partir de là que ça s'est compliqué pour le groupe, qui a alors décidé de faire appel à l'omniprésent Björn Strid (SOILWORK, The NIGHT FLIGHT ORCHESTRA) pour enregistrer les parties vocales les plus agressives du disque.

Mais c'était reculer pour mieux sauter, car Speed Strid n'aurait jamais pu intégrer le groupe à plein temps pour permettre des prestations live. Non contents d'avoir fini son album en 2016, le groupe cherche un label ainsi qu'un nouveau chanteur, et trouve Mikael Salo sur sa route. Et le bonhomme fait tellement l'affaire que le groupe décide de réenregistrer l'album avec lui ! Le morceau le plus représentatif de l'ADN du groupe à ce moment de son évolution est sans aucun doute "Red Alert" qui propose un duo entre Salo et Strid… Et l'association marche extrêmement bien.

Au niveau vocal, vous allez de toute façon être servis, car outre Mikael, les deux guitaristes et le claviériste sont très présents au niveau des chœurs, et comme si cela ne suffisait pas, le groupe s'est adjoint les services de quelques guests ; alors rassurez-vous, on n'en est pas aux extrémités auxquelles a eu recours SILENT VOICES pour boucler "Reveal The Change". Une voix féminine et enchanteresse vient interpréter "Nuku Vaan" titre en finnois qui aère l'album à merveille, une véritable réussite, magique où les étendues enneigées s'offrent à notre regard. Mais on a aussi droit à la présence de Piet Sielck et Jan S. Eckert, et on ne met pas longtemps à les remarquer sur "Are You Entertained?" aux gros chœurs amples et virils à la IRON SAVIOR.

"Are You Not Entertained?" est un disque qui bénéficie assez largement de l'expérience emmagasinée par ses membres, offrant une variété d'expression qui n'en fait pas un album de Power générique. Son parti-pris parfois plus riffu et offensif le distingue de la plus grande partie de la scène finlandaise. Mais son atout est aussi son défaut, car on peut sans trop peiner identifier la période à laquelle chaque titre a été écrit, les anciens comme "No Fear" ou "Where The Light Was Born" sonnant dans la droite lignée des deux premiers opus de DYECREST, alors qu'un "Are You Entertained?" ou un "For The Better (They Will Die)" sont marqués par une écriture plus moderne, plus convaincante aussi, et sur laquelle Speed Strid s'avère particulièrement excellent. On ne présente plus le vocaliste talentueux, mais DYECREST s'en tire à très bon compte car à aucun moment Mikael Salo ne semble en-dessous des prestations de l'invité très spécial du groupe.

Si "Are You Not Entertained?" n'est pas parfait, alignant parfois quelques riffs plutôt quelconques, il abat un super boulot, livrant un troisième album en forme de renaissance où l'on ressent une réelle envie de proposer une musique pertinente exécutée par un groupe impliqué ; et c'est peut-être l'une des meilleurs surprises de la part d'une formation finlandaise : on ne ressent pas cette froideur assez souvent caractéristique (à part sur "Nuku Vaan" mais tout est fait pour), et que l'on ne retrouve même pas une fois le mastering réalisé par les oreilles expertes de Mika Jussila ; indéniablement une très bonne surprise, qui ne réinvente pas la roue mais qui fait franchement plaisir, car à l'image d'EXCALION, il manque seulement un ou deux tubes à DYECREST pour passer dans la division supérieure.

Note réelle : 3,5/5.