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2018 Bone Mill

SWAMP CORPSE - Bone Mill (2018)
Par T-RAY le 7 Septembre 2018          Consultée 938 fois

La monotonie. C’est une notion qui, en musique, demande une très grande habileté dans sa mise en œuvre. Une notion à risque, qui ne souffre quasiment aucun à-peu-près, sous peine d’emmerder rapidement l’auditeur. Forcément. Bien sûr, je parle là de monotonie au sens figuré et non au sens propre de “monotonal”, car il ne s’agit pas ici de traiter d’une œuvre expérimentale mais d’un simple album de Sludge/Doom. Un album venu d’Allemagne, conçu par un groupe dont c’est le premier effort studio longue durée, j’ai nommé SWAMP CORPSE. Avec "Bone Mill", le trio hambourgeois offre donc au monde un disque d’une grande noirceur et d’un sens certain de la désespérance. Une œuvre d'où ne transparaît pas le moindre rayon de soleil.

Présenté ainsi, SWAMP CORPSE a de quoi séduire les Doomeux et autres Sludgeux ne demandant qu'à ce qu’on les prive de toute lueur d’espoir durant au moins quarante minutes. Le minimum syndical pour un album de Doom ou de Sludge qui se respecte, quoi. Tout juste "Bone Mill" dépasse-t-il ce minimum, avec ses 49 minutes bien tassées. Un premier écueil ? Pas tant que ça. Parce que, comme je le soulignais d'emblée, sublimer la monotonie est un foutu challenge. Et comme ces Allemands n’y parviennent pas vraiment, 49 minutes, c’est finalement bien assez pour ce disque-là. Voyons un peu ce qui cloche dans cet amas d’accords de grattes, de lignes de basse et de patterns de batterie pourtant tous plus lourds les uns que les autres.

SWAMP CORPSE ne tient pas la distance. C'est simple, passés "Rotten Wings Of Falseness" et "Bone Mill", le morceau-titre, voire "Inborn Blasphemer", le trio a déjà tout dit. En tout cas, tout ce qui mérite d'être entendu sur ce premier opus studio. Qu’entend-on donc sur ces trois morceaux ? Des riffs d’une lourdeur peu commune, contondants comme rarement. Une batterie qui piétine quiconque ose trop s’en approcher. Une basse qui gronde comme un glissement de terrain. Une voix d’ogre qui résonne. Oui, pour ce qui est d’assommer, de marteler, d'écraser, de menacer, le combo a les armes qu'il faut. Et il en fait bon usage, a priori. Ces trois premiers titres en sont la preuve formelle. Le “moulin à os” (traduction de "Bone Mill") tourne à plein régime et l'opération concassage paraît bien partie.

A priori, seulement, car bien vite, un grain de sable vient gripper cette belle machinerie. Qui la fait revenir sur elle-même sans cesse comme un disque rayé. Durant les vingt-cinq minutes suivantes, SWAMP CORPSE fait toujours usage des mêmes armes, mais il en fait surtout toujours le même usage. Encore et encore. Sans jamais apporter de variations, ou si peu qu’on ne les remarque pas, même après plusieurs heures d'écoute. Quitte à nous écraser pour de bon en employant une seule et même méthode, autant qu’elle soit radicale et définitive, et non-réitérée sur sept morceaux de suite. Trois titres longs, voire quatre, auraient suffi, et auraient donné à ce premier album une plus grande unité tout en permettant au groupe de pousser le plus loin possible les idées qu’il développe en sept.

Car les quelques changements de tempo auxquels s’adonne la formation – y compris sur le plus groovy "Symbols Of Lords" – tombent un peu à plat. Et ils ne sont pas prolongés suffisamment pour qu’au moment de ralentir à nouveau la cadence, le sentiment d'être enterrés sous une chape de plomb nous saisisse pleinement. Oui, tout est plus lourd que lourd, ici, mais SWAMP CORPSE ne nous happe pas pour autant, ne nous maintient pas définitivement sous son joug. L’ennui nous en échappe. Autre fautif dans l’absence d’impact à long terme de ce disque : le vocaliste Markus. Pour hargneuse que soit sa voix grave aux intonations presque Black Metal, pourtant totalement appropriée, dans le fond, à la musique jouée, le frontman la module trop peu… Et nous laisse sur une impression de véhiculer toujours le même sentiment. "Relentless", elle l’est certainement. Mais parfois un peu “pointless”, aussi.

Ah, c’est sûr, l’entendre grogner "Bone Mill" dans le micro, sur fond de grattes grasses et grésillantes, fait l’effet d’un équarrissage en règle ! En outre, les coups de vibrato de Mirko sur ce morceau font merveille et donnent réellement l’impression qu’une machine à broyer est en marche. Et tout au long du disque, la façon qu’a le groupe de ralentir et d'accélérer comme un seul homme est elle aussi remarquable, renforçant la sensation que l’on fait face à une mécanique difficile – mais, hélas, pas impossible – à stopper. Dans le genre, la maîtrise de leurs instruments dont font preuve les trois musiciens est impressionnante. Dans la construction de ce disque et l'interprétation de la musique qui y est gravée, en revanche, il y a une forme de facilité qui se dégage, une espèce de laisser-aller, de manque d’ambition qu’il convient de souligner et de réprouver.

Avec une telle puissance de frappe, une telle capacité à peser sur l’auditeur, à lui faire ployer le genou, à le faire plier devant sa volonté en à peine deux morceaux, SWAMP CORPSE aurait dû faire de ce premier album un véritable rouleau-compresseur ! Or, la machinerie finit par tourner sur elle-même plutôt que de continuer à avancer en écrasant tout sur son passage. Comme peuvent en témoigner le très répétitif "Carnal Cloak Of Dignity" ou même "Metropolis", qui n’apporte rien de plus que ce que l'on connaît depuis les ultimes instants de "Inborn Blasphemer" et qui, malgré ses dix minutes, aurait pu s'intégrer à un autre titre du disque sans pour autant qu’on le remarque. C'est fort dommage. Le trio allemand a toutes les qualités pour s’imposer comme valeur sûre du Sludge/Doom aux nuances de Black. Il faudrait simplement qu’il sorte un peu de sa zone de confort.

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   T-RAY

 
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- Markus (vocaux, basse)
- Mirko (guitare)
- Timo (batterie)


1. Rotten Wings Of Falseness
2. Bone Mill
3. Inborn Blasphemer
4. Combusted Mind
5. Metropolis
6. Carnal Cloak Of Dignity
7. Symbols Of Lords



             



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