S’il y a bien un artiste, un musicien, un homme sur lequel je n’aurais jamais parié sur sa durabilité, c’est bien Phil Anselmo : abus de drogues et alcools en tout genre, blessures physiques multiples, etc. Pourtant, le bougre continue les projets à un rythme infernal : SUPERJOINT RITUAL, ARSON ANTHEM, VIKING CROWN, et bien sûr son projet avec les "Illegals". Le gars semble vouloir continuer à enregistrer envers et contre tout, mais avec des membres et des compositeurs toujours différents. L’instabilité l’entourant n’est pourtant pas si surprenante lorsqu’on connaît le caractère plutôt bouillant du monsieur.

Deuxième album avec ce projet donc, "Choosing Mental Illness As A Virtue" continue dans la même veine que ce qu’Anselmo propose depuis quelques années déjà : Du Metal rentre-dedans, bourru au pas possible avec une subtilité proche du zéro absolu. Si vous vous êtes arrêté aux années PANTERA, dites-vous qu’à titre de comparaison, "Reinventing The Steel" était sommes toute rempli à ras le bord de beaux passages aériens et de subtilité en comparaison de cette nouvelle galette. En effet, les gars nous labourent les oreilles pendant les 45 minutes que dure la torture, sans réel arrêt. Même "Individual" et ces sept minutes de musique intense ne s’arrête jamais vraiment : un long moment à passer dans une espèce de solitude.

Mais le réel problème n’est pas la musique. Non, le point le plus important est Anselmo lui-même, plus précisément sa voix. Si elle était travaillée et variée dans les belles années de PANTERA avec des belles montées vers l’aigu (Rob Halford aurait été fier de lui), elle s’est dégradée au fil du temps. L’abus de diverses substances illégales n’a pas dû aider les choses non plus, le bonhomme n’étant pas connu pour avoir levé le pied après toutes ces années. À maintenant cinquante ans, sa capacité vocale est plus que limitée. Le bonhomme se contente maintenant de deux choses : crier comme jamais ou mettre sa voix la plus grave possible (dans un registre que je qualifierais de "Death du pauvre"). Aucune ligne de chant n’est donc à proprement parler adoptée et Anselmo se contente de réciter les paroles écrites sur le coin d’une table. Le vieux Phil grisonnant reste donc dans ses limites. Le problème est qu’à force de rester dans celles-ci, il se recule immanquablement dessus. Il se piétine et finit par se restreindre au maximum. Le gars se recule encore plus loin pour se faire croire que ce n’est pas si mal et se piétine de plus belle, jusqu’à atteindre une limite extrême.

Après l’écoute de "Choosing Metal Illness As A Virtue", la question se pose : Phil Anselmo est-il mûr pour la retraite ? À voir les derniers albums proposés, la réponse s’aligne vers le positif. Si j’ai bien aimé PANTERA et apprécié son projet DOWN, le reste a été plutôt tiède en termes de qualité. L’apothéose du "n’importe quoi" se situe fort probablement sur cette galette, avec des compositions extrêmement brutales et lourdes, mais aucunement mémorables. Les morceaux commencent et s’arrêtent à n’importe quel moment, donnant l’impression que, finalement, l’album n’est qu’un seul gros bloc de béton vide. L’idée est donc là : être rempli d’une sensation de vide, ouais.