J'aurais aimé ne pas vous faire le coup de l'analogie à deux balles : "SKILTRON c'est comme un vieux pote qui revient après quelques années d'absence, oh comme il a bien changé bla bla bla". Sauf que, alors que je suis leur carrière depuis leurs débuts il y a maintenant plus de dix ans, SKILTRON a tout du bon pote qui vient rendre visite de temps en temps, un album sous le bras. Et "Oh la la, qu'il a bien changé !" Car une nouvelle fois, le groupe s'est vu contraint de changer de chanteur avant de s'atteler à la mise en boîte de son nouvel et cinquième opus. La popularité grandissante du groupe en Europe, qui "l'oblige" a passer de plus en plus de temps sur le vieux continent (plusieurs festivals étaient à son menu cet été) ont sans doute eu raison de la motivation de Tony Thurlow, qui laisse sa place au jeune chanteur britannique Martin McManus, qui s'inscrit parfaitement dans le moule Folk Metal direct et "musclé" de la formation argentine.

Après un album épique, "Legacy Of Blood" marque un retour à une certaine simplicité pour les SKILTRON. Alors que "Into The Battleground" était musicalement exigeant et complexe, ce cinquième album réaffirme les bases de l'univers musical du groupe, à savoir un Heavy Metal très inspiré par la NWOBHM, IRON MAIDEN en tête, sur lequel se voient greffés d'ostensibles arrangements celtisants, portés par une cornemuse très présente. "Sailing Under False Flags", avec son introduction au clavecin, se fait l'exemple parfait de l'envie du groupe de revenir à une musique directe et efficace. Gonflé par une basse ronde et aventureuse, ce mid-tempo est fédérateur et imparable, et se fait le parangon des velléités musicales du groupe sur ce nouvel album.

Une fois n'est pas coutume, SKILTRON délaisse quelques peu ses terres écossaises d'adoption pour évoquer des thématiques plus universelles. Il est question d'amour plus ou moins réciproque sur l'énergique "Hate Of My Life" porté par un refrain immédiat et sympathique (à défaut d'être inventif) qui nous donne à voir une facette inédite du groupe : lorsque les Argentins se décident à jouer la carte de la simplicité, ils parviennent également à nous séduire, et à frapper fort. Ils confirment cette impression avec le mid-tempo "Committed To The Call", qui voit la cornemuse flamboyante surfer avec brio sur un titre hard rock "burné" fort bien construit.

L’Écosse au cœur, SKILTRON continue de nous abreuver de ses thèmes issus de l'histoire ou des légendes d’Écosse. S'il est question de fierté, du besoin de combattre contre l'oppresseur, de solidarité, bref de ces belles valeurs qui parlent tant aux musiciens de Heavy Metal, le groupe isole quelques épisodes croustillants, narrant par exemple avec brio l'histoire de Alexandre Bean et de son clan familial, auteur d'atrocités dans le courant du XVIè siècle (il y est notamment question d'inceste et de cannibalisme). Les batailles et la mort sont également au cœur de débats ("The Taste Of Victory", "All Men Die") et servent d'illustration à des morceaux le plus souvent mordants et énergiques, portés par une production profonde, qui met en valeur les instruments et les accroches vocales dont l'impact se voit renforcé.

En simplifiant son propos, tant musicalement qu'au niveau des thèmes abordés, SKILTRON parvient également à se renouveler, et à continuer de rendre sa musique intéressante. "Legecy Of Blood", son cinquième album, est sans aucun doute l'opus idéal pour découvrir l'univers Folk Metal décidément fort agréable des Argentins. Un opus qui, à l'exception du titre bonus, le pataud "I'm Coming Home", ne souffre d'aucune faiblesse notable. A écouter en kilt et les yeux fermés.