En 2007, le groupe REVEREND BIZARRE se séparait après trois albums ; chacun de ses trois musiciens continua alors sa carrière plus ou moins de son côté, avec des projets solos ou collectifs. Kimi Kärki, anciennement connu sous le pseudonyme de Peter Vicar, fonda alors avec trois autres musiciens du milieu LORD VICAR, un groupe de Doom on ne peut plus traditionnel, s'inscrivant dans la lignée de COUNT RAVEN et consorts – avec d'ailleurs un ancien chanteur du groupe susnommé derrière le micro en la personne de Christian Linderson. LORD VICAR, ce sont des vieux briscards du Doom qui n'ont rien à prouver à personne, juste à jouer des riffs old school bien sentis, comme ils le font sur ce troisième – il y a décidément beaucoup de trois dans chronique – disque avec ferveur et passion, mais malheureusement également un léger manque d'inspiration.

Le premier élément qui frappe lorsque l'on écoute "Gates Of Flesh" est sa courte durée. Une petite quarantaine de minutes, voilà qui est plutôt rare pour un disque de Doom, style qui a élevé la longueur au rang d'art ; les titres sont donc globalement plus courts que sur les albums précédents, mais ils conservent cette lourdeur caractéristique qui a fait la marque de fabrique du groupe. Kimi Kärki a d'ailleurs déclaré que le but de ce raccourcissement était de gagner en énergie (*), ce qui donne une légère impression de BLACK SABBATH de par le côté plus Heavy qui se dégage de la musique. L'ombre de la légende anglaise, qui a toujours plané au-dessus de LORD VICAR, est assez facilement perceptible, que ce soit dans les riffs, très simples et efficaces, ou dans le chant – Linderson se débrouille plutôt bien en ersatz d'Ozzy, il faut dire.

L'entrée dans le vif du sujet est assez spectaculaire : "Birth Of Wine" ouvre les hostilités avec un riff REVEREND BIZARREsque qui se grave en moins de trente secondes dans l'esprit. Il s'agit sans hésitation du titre le plus inspiré du disque, avec des passages bien bluesy et un solo comme on voudrait plus souvent en entendre. La suite est cependant plus traditionnelle, voire même trop traditionnelle : le milieu de l'album est assez creux – mais heureusement également relativement court – et il faut attendre la ballade Doom "A Woman Out Of Snow" pour à nouveau se sentir captivé. Le final "Leper, Leper" fait musicalement écho à "Birth Of Wine" en ce que l'on y retrouve une atmosphère digne de REVENREND BIZARRE, mais cette fois-ci beaucoup plus lourde et oppressante, ce qui n'est pas sans rappeler "The Funeral Pyre" sur "Fear No Pain", le premier album du groupe (LORD VICAR, donc, pas REVEREND BIZARRE).

Une fois les dernières notes de guitare évanouies, l'on se trouve quelque peu embêté lorsque l'on en vient à la notation de ce que l'on vient d'entendre. Oui, ce fut plaisant. Oui, LORD VICAR confirme être une valeur sûre en matière de Doom sabbathien. Oui, l'on trouve que le disque vaut la peine d'être écouté. Mais, hormis les trois pistes mentionnées précédemment, le reste de l'opus – c'est-à-dire près de la moitié, en termes de durée – n'a rien d'exceptionnel.

A trop vouloir faire dans le Doom à l'ancienne, le groupe réchauffe plus qu'il n'innove, et cela se sent. L'album précédent, "Signs Of Osiris", avait eu le mérite d'être assez créatif, mais ce "Gates Of Flesh" ne procure pas le même niveau d'engouement à l'écoute. Finalement, vouloir raccourcir pour simplifier n'était peut-être pas la bonne stratégie à adopter : les meilleures chansons sont ici également les plus longue, à l'exception de "A Woman Out Of Snow", qui est dépassée de peu par "Breaking The Circle" au niveau de la durée – mais pas de la qualité. C'est donc charmé mais pas entièrement conquis que l'on sort le disque du lecteur : l'on pouvait en attendre plus de la part de LORD VICAR, mais on va faire avec.

(*) http://tometal.com/interview-kimi-karki-lord-vicar/