SARASIN a sorti son premier EP en 1987. Durant ces années de paillettes et de permanentes choucroute, le groupe vivait pleinement son époque musicale. En effet, les Canadiens jouaient un Hair Metal qui savait s’assombrir par moment, sans sortir réellement du lot malgré tout. Puis plus rien. Le silence complet. Jusqu’au décès du bassiste Rob Grant en 2012 et qui a poussé le guitariste Greg Boileau à sortir de sa tanière.

En revanche, on ne peut pas parler de reformation ; Boileau est en effet le seul membre d’origine à avoir remis le pied à l’étrier, le reste du groupe est complètement neuf. À l’origine, la musique de SARASIN était très mélodique, avec un chanteur pouvant parfois faire songer à Geddy Lee de RUSH. À présent, le son se veut plus primaire, plus lourd. Les influences évoluent et des relents de BLACK SABBATH et de SAXON se font ressentir.

Les Canadiens nous proposent un Heavy Rock façon biker somme toute sympathique sans pour autant être transcendant. Le tout sonne de façon très classique et la recherche de l’originalité restera une quête vaine pour les auditeurs. Le Heavy Metal est une musique qui s’apprécie, paradoxalement, parce qu’elle se complaît à être prévisible. Il y a quelque chose de rassurant avec elle. En revanche, elle peut être modelée, transformée, sublimée ; fondamentalement, elle reste néanmoins prévisible dans sa forme la plus simple.

Et si les musiciens livrent un ouvrage honnête, qui sent le respect du genre, ils ne le réinventent en aucun cas. Les riffs sont sympathiques, certains s’insinuent même durablement en tête. Les refrains sont loin d’être fédérateurs, mais ils fonctionnent bien ("The Hammer" est à ce titre l’ouverture idéale, qui montre le sens du riff du groupe et propose un joli effort sur le refrain). Et si parfois une certaine répétitivité semble s’installer, les musiciens arrivent à proposer des morceaux qui brisent les carcans mélodiques dans lesquels ils manquent de s’enfermer.

Outre "The Hammer" et son groove imparable, SARASIN s’illustre également sur le bon "Soul In Vain", légèrement plus lent que les mid tempo proposés, ou encore "Sinkhole" qui sonne un peu plus épique que le reste. L’accent est mis sur l’efficacité, sans que cela ne soit au détriment de la mélodie. En ce sens, le groupe a fait beaucoup de progrès depuis leur EP de 1987, où tout frisait l’amateurisme, de la pochette à certains raccourcis un peu faciles.

On peut juste reprocher au groupe de ne pas assez développer ses idées. Il y en a de bonnes, joliment exécutées, mais cela reste un brin scolaire, il est difficile d’être étonné par les neuf chansons composant cet album. C’est formaté et on sent que les musiciens n’ont pas un long passé dans d’autres formations pour s’aguerrir. Il y a donc une touche de naïveté qui plane sur ce disque, mais dissimulée sous des riffs Heavy Metal.

En revanche, on ne peut de ce fait en aucun cas les accuser de vouloir faire du pognon sur une tragédie qui a touché un guitariste. Il n’y a pas une réunion des anciens membres du groupes, c’est plus un hommage rendu, avec une sincérité touchante, qui vient donner CE souffle, CE petit plus qui rend cet album sympathique. Et c’est là que l’on peut excuser le côté prévisible, grâce à cette sincérité qui s’entend et qui n’en est que plus appréciable.

Bien sûr, ce come-back va surtout enthousiasmer les parents des membres du groupe et leurs amis proches. Après, rien ne vous empêche de vous plonger dans la musique de SARASIN, vous passerez un moment plutôt agréable à défaut de vous taper la cuisse de pure extase. Reste un disque relativement équilibré à défaut d’être révolutionnaire, fait avec le cœur et avec les tripes, sans la moindre arrière-pensée.

Note réelle : 2,5/5, monté gentiment à 3.