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Joe Lynn TURNER - Belly Of The Beast (2022)
Par DARK BEAGLE le 7 Novembre 2022          Consultée 8575 fois

Il y a des artistes que l’on écoute avec un certain intérêt… disons poli. Nous prenons plaisir à les écouter même si nous savons que jamais ce ne sera du très haut niveau, mais le capital sympathie fait le reste. Joe Lynn Turner est de ceux-là. Bien sûr, on ne va pas renier ce qu’il a fait avec RAINBOW, MALMSTEEN ou même DEEP PURPLE, le gaillard possédant une jolie voix, peut-être un peu maniérée, mais bien vite reconnaissable. Si ces dernières années, ses performances se traduisaient par des apparitions ou un travail de guest, il revient en cet automne 2022 avec un opus solo, "Belly Of The Beast", lui qui n’en avait plus proposé depuis "Second Hand Life", qui datait tout de même de 2007. Et rien, absolument rien ne laissait présager la claque qu’il allait nous administrer.

Déjà, il assume (enfin) son alopecia totalis. Plus personne ne pourra se moquer de sa perruque, comme il était souvent de bon ton de le faire ; l’homme se présente à nous complètement chauve, sans cette peur du regard qui l'aura bouffé pendant des décennies. À 71 ans, il se montre tel qu’il est réellement, lui qui a été frappé par cette maladie qui l’aura grandement complexé très jeune. Et il n’est pas tout seul, il est accompagné sur cet album par quelqu’un que l’on n’attendait pas forcément dans ce registre : Peter Tägtgren (HYPOCRISY, PAIN). Parlons du registre justement. Turner s’écarte du Hard Rock mélodique qui est sa marque de fabrique pour plonger à pieds joints dans un Heavy Metal hybride, fortement teinté d’Indus.

Autant cela peut sembler déroutant sur le papier, ça le fait entièrement sur sillon. La voix est toujours là, reconnaissable entre mille, Turner n’a pas perdu la main. Mais ce qui ressort tout de suite, outre cette production énorme signée Tägtgren justement, réside en une intelligence d’écriture qui fait que nous ne sommes pas complètement pris à la gorge par les musiciens. Il y a toujours des mélodies bien tenaces, mais elles ont été allégées en sucre pour se marier à des programmations qui ne prennent pas le dessus. Il y a d’abord la voix, puis arrivent la guitare, la basse et la batterie, le tout enrobé par les machines.

Bien entendu, un rapprochement pourrait être fait avec les derniers PAIN, mais cela serait réducteur et injuste, aussi bien pour Joe Lynn Turner que pour Peter Tägtgren (venu avec son rejeton Sebastian derrière les fûts) qui propose tout de même quelque chose de plus consistant que "You Only Live Twice" ou que "Coming Home". Il est difficile de renier l’influence du Suédois quand on se prend le title track dans la tronche ou ce "Rise Up" sautillant qui n’aurait pas dépareillé sur "Nothing Remains The Same" ou "Dancing With The Dead". Mais le compositeur a eu le respect de ne pas prostituer Turner en parvenant à associer son Metal Indus parfois popisant au Hard Rock parfois mielleux de l’Américain.

Aussi, forcément, le résultat se veut plutôt Dark. C’est certainement l’album sur lequel évolue Turner le plus sombre et le plus violent de sa carrière. Et surtout, il ne démérite pas un instant derrière le micro, il est bien présent, bien en voix surtout, il montre rapidement qui est le patron et surtout, qu’à 71 ans, il en a encore beaucoup sous le pied. Jamais ridicule dans l’agressivité, coupable de jolies prouesses sur les pistes les plus mélodiques ("Dark Night Of The Soul", "Living The Dream", deux morceaux qui se rapprochent de son répertoire habituel), il livre un récital très convaincant et impliqué.

Il s’adapte très bien aux formats de ces nouvelles compositions, pour la plupart courtes et directes. C’est comme s’il évacuait un trop-plein, des années à être la cinquième roue du carrosse, la pièce que l’on sacrifie systématiquement sur le grand échiquier du Hard Rock. Il se laisse entraîner par les riffs et ambiances créées par Peter ("Tortured Soul" possède des plages instrumentales qui font beaucoup penser au HYPOCRISY de la fin des années 90) et mieux, il se les approprie pour jouer pleinement son rôle de figure de proue. À l’écouter chanter ici, on se rend compte qu’il ne fait pas qu’interpréter ses textes sur une musique qui ne lui ressemble pas, mais qu’il est convaincu par ce qu’il fait et là, forcément, tout s’emballe.

Certes, "Don’t Fear The Dark" est du pain béni pour lui, un rythme un peu rapide à la RAINBOW, le truc qu’il fait depuis quatre décennies et qu’il continue de faire parce qu’il aime ça. Mais "Fallen World", "Black Sun" ou "Tears Of Blood" sont des exercices plutôt inédits pour lui, mais cela ne l’empêche pas de briller malgré tout, apportant un contrepoids intéressant par rapport à certains chœurs qui tirent sur le liturgique et qui se fondent dans le décor sans problème. Bref, Turner ne fait pas semblant, il assume un côté obscur qu’on ne lui connaissait pas forcément, sans pour autant changer complètement de fenêtre de tir. Il reste lui-même, malgré tout, envers et contre tout.

Certes, les vieux fans risquent d’être surpris et peut-être vont-ils tirer la tronche tant Turner casse son image sur ce disque. Et on ne peut pas franchement parler d’opportunisme, bien que Tägtgren se soit refait une santé en collaborant avec Till Lindemann. Le Suédois n’est plus aussi incontournable aujourd’hui qu’il l’était il y a encore une quinzaine d’années en arrière et cet album pourrait être vu comme la réunion de deux has been qui possèdent toutefois une bonne dose de sympathie de la part d’un public parfois nostalgique (oui, cela fonctionne aussi avec Tägtgren dont les meilleurs années sont clairement derrière lui).

"Belly Of The Beast" n’est donc absolument pas un opus de plus pour un chanteur que l’on pourrait associer un peu vite à une production Frontiers Records, label assez connu pour créer des rencontres musicales souvent trop évidentes et n’apportant rien de bien folichon. L’association avec Peter Tägtgren peut faire sourire, elle n’en est pas moins réussie et tend à démontrer que ce dernier semble bien plus impliqué quand il écrit et joue avec quelqu’un d’autre que lorsqu’il compose pour ses propres groupes. Et là où le duo a fait fort, c’est que la plupart de ces morceaux ne choqueront pas sur scène, au milieu des plus anciens et des éclats d’Arc-en-Ciel. "Belly Of The Beast" est une véritable surprise et en plus, elle est bonne. Joe Lynn Turner mérite bien un petit coup de projecteur.

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   (4 chroniques)



- Joe Lynn Turner (chant)
- Peter Tägtgren (guitare, basse, programmation)
- Love Magnusson (guitare)
- Sebastian Tägtgren (batterie)


1. Belly Of The Beast
2. Black Sun
3. Tortured Soul
4. Rise Up
5. Dark Night Of The Soul
6. Tears Of Blood
7. Desire
8. Don't Fear The Dark
9. Fallen World
10. Living The Dream
11. Requiem



             



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