Le Power Metal Aztèque ça vous dit quelque chose ? Les metalleux de la planète n'en finissent pas de défricher pour entretenir la flamme, notamment celle du Power Metal. On avait déjà ORPHANED LAND qui mâtinait son Metal Prog d'influences moyen-orientales, nous avons maintenant une formation mexicaine qui plonge dans sa lointaine histoire pré-hispanique pour apporter de nouvelles couleurs à un genre.

Martín Martínez est un garçon déjà bien occupé. Engagé dans plusieurs formations allant du Prog au Death Mélodique, il a visiblement une passion dévorante pour la culture aztèque, extrêmement puissante encore il y a cinq siècles quand Cortez débarqua. Pour anecdote, l'une de ses formations Death Metal porte le nom de XIPE TOTEC. Martín, multi-instrumentiste déjà bien compétent, décide de s'entourer d'un claviériste et d'un chanteur pour mettre en route une idée folle : un album de Power Metal à tendance Prog, auréolé d'instruments traditionnels comme la Jaguar flute ou encore le huehuetl.

Mais outre sa mixture velue et extrêmement véloce (on sent jusque dans la production que le garçon est un habitué du Death Metal), les compositions sont enrichies régulièrement de ces touches pré-hispaniques qui entourent l'album d'un halo de mystère, à l'image de sa pochette cosmique particulièrement bien trouvée. Le titre éponyme, qui ouvre l'album est très représentatif, de même que l'alambiqué "Ahmo Xitlemai". Le Power Metal pratiqué n'est pas tellement novateur si on s'en tient à la section Metal de base. Toutefois, le clavier dispose d'un espace d'expression privilégié, Jovany López Martínez s'offrant même de nombreux soli, pas toujours bien mixés hélas (notamment le son de clavecin) et commence le dernier titre de l'opus par un duel guitare/clavier véloce, mais pas néo-classique comme c'est trop souvent le cas dans le style. À défaut d'être très original, "Tltaltecuhtli" est nimbé d'une atmosphère inhabituelle, à mi-chemin entre l'ancestral et le cosmique. C'est assez étrange dit comme ça, mais il faut écouter l'album pour comprendre.

L'autre élément particulièrement original de ce premier album de MIQUIAN c'est le choix de langue utilisé pour les textes. En effet, à de rares exceptions près (l'introduction d'abord narrée en espagnol de "Ahmo Xitlemati"), c'est la langue aztèque qui est utilisée sur cet album, ce qui a rendu l'écriture des titres assez périlleuse je dois dire, mais certainement pas autant que pour César Del Aguila, l'interprète en charge des huit titres de "Tlaltecuhtli". Je dois avouer que cette langue s'avère très musicale, assez différente de l'anglais et même de l'espagnol au niveau des consonances. À l'exception d'un certain systématisme de la double consonne "tl", on n'est pas désarçonné ; c'est même plutôt rafraîchissant à vrai dire. En revanche, et c'est malheureusement souvent le défaut des chanteurs espagnols (je pense à Jose Andrëa de MÄGO DE OZ), la justesse est parfois approximative. De plus, on sent que l'écriture manque encore un peu de maturité, les passages chantés étant longuement interrompus la plupart du temps par des plages instrumentales qui sont le plus souvent sauvées par l'énergie que met le trio dans son exécution.

Toujours est-il que malgré des défauts largement compréhensibles pour un premier jet (disponible uniquement en version digitale et sur Spotify à l'heure où j'écris ces lignes), MIQUIAN est déjà riche en potentiel et dispose d'une large marge de progression pour faire aboutir son projet. Il a déjà une personnalité, ne lui reste plus qu'à parvenir à aligner tous les éléments, de la composition, de l'arrangement, à l'exécution et à la production, pour mettre tout le monde d'accord.

Un encourageant 3/5.