Les Australiens d'OUROBOROS sont de sacrés parieurs.

Leur premier album, "Glorification Of A Myth", ne cassait pas trois pattes à un Canard WC. Cependant, je sentais que les germes issus de ces couilles Death « un chouia technique »/Thrash en avaient passablement à offrir. Et je ne me suis pas trompé, car même si le quatuor est encore indépendant, il s'est payé le luxe de jouer avec le FILMharmonic Orchestra de Prague sur "Emanations", grâce à une subvention de 20 000 dollars du Conseil des arts australien. Un disque qui permet à OUROBOROS de franchir un immense pas.

De là le pari risqué, que le combo remporte haut la main avec une facture rehaussée x1000 comparativement au skeud de 2011. Un style qui ne sera pas sans rappeler SEPTICFLESH pour les orchestrations et la grosse production, le côté hollywoodien exagéré en moins et des touches organiques en plus. Je ne parlerais pas de sensibilité, même si la flûte sur "Horizons" pourra toucher là où ça compte ou que la guitare sèche provoque elle aussi ses effets. Disons seulement qu'OUROBOROS ne se croit pas plus catholique que le pape et prend une bouchée à la fois… même si ces bouchées sont foutrement grosses !

"Emanations" est clairement un album distrayant. Le riffing n'a rien de spécial, la technicité des Australiens ne nous cloue pas contre le mur, mais disons que le mélange des mélodies simples, du jeu énergique des zicos et de l'enrobage chœurs-instrumental crée une osmose des plus pétillantes. La qualité sonore est surtout nickel et fait passer "Glorification Of A Myth" pour une démo poisseuse. Énorme exécution, énorme production, compos accrocheuses, que demander de mieux d'un groupe qui n'a pas encore éveillé l'intérêt général ?

OUROBOROS aurait pu s’asseoir sur l'expertise du FILMharmonic Orchestra de Prague, mais je suis heureux de constater que son Death thrashisant est loin d'être un second violon. Quand bien même que le meilleur orchestre du monde serait présent, si les Australiens n'avaient pas eu le talent de pondre un morceau comme "Emanations", l'album n'aurait pas décollé. Bon, ça reste un deuxième legs à la planète métallique, alors il ne faut pas se surprendre que certains titres soient plus faibles, surtout vers la fin. Mais ils sont heureusement sauvés par l'orchestre, filet de sûreté dont l'auditeur ne pouvait jouir sur "Glorification". Donc le béton ne craque pas trop, l'édifice demeure assez solide.

Une excellente surprise que cet "Emanations", qui prouve que les nouveaux groupes ressentent l'irrépressible envie d'écraser l'accélérateur, de peur de se faire dépasser par un autre bolide sport modifié. OUROBOROS fonce sur l'autoroute tous chevaux dehors et n'a pas l'intention de demeurer loin derrière. J'ai juste hâte de voir s'il n'a pas brûlé son moteur avec ce risque, car le péril n'est jamais loin pour le pilote trop téméraire. À part pour les surdoués du volant, mais l'histoire nous a montré que même les meilleurs peuvent se péter la fiole en fonçant à 230 km/h dans le mur.

"Emanations", ou quand le Death orchestral a cessé de devenir l'exclusivité d'un certain groupe grec. Je crois que le gouvernement australien a bien investi son argent ! Plusieurs pays devraient en prendre de la graine ; moins de statues et d'œuvres d'art et plus de musique !

Podium : (or) "Emanations", (argent) "Catholicon", (bronze) "The Sleep Of Reason".