Que reste-t-il à inventer en Death, hein ? Non mais quand prend-on le temps de se poser de vraies questions comme celle-là ? Jamais. Tenez, c'est le genre de truc que je me demande quand vient le temps de perdre mon temps. Je me rends alors compte que ces précieuses secondes en carton m'ont été fort utiles, car merde, je ne savais pas comment entamer cette chro tellement ma réaction face à "Prodromes Of A Flatline" est partagée. Je suis une balance. Voilà.

Issues d'Italie, ces brutes en sont à leur second album depuis 2007, alors qu'à peu près tout en Death a été mâché, remâché, surmâché, digéré, expulsé et englouti de nouveau. Pour les néophytes, pas de problème, ils prennent le train comme nous quand nous étions à leur place. Mais pour les initiés, HUMANGLED ne sera qu'un ramassis de déjà-entendu. Mais attention, c'est du bon, pas de la came vite mixée et fourguée au premier clodo.

"Prodromes Of A Flatline" commence d'ailleurs avec la meilleure du disque, "Liberté, Égalité, Brutalité", une véritable déferlante agressive qui mord à chaque seconde. Et dès qu'on poursuit son chemin dans cette boucherie menée par un gueuleur hors pair en Andrew Goreds. J'aime moins quand il hurle comme une goule, mais son registre est heureusement large et se rend dans le plus caverneux des caverneux pour notre bon plaisir. Bon, cette parenthèse étant achevée, il y a aussi pas mal de DEATH là-dedans, période post-"Human", notamment sur "4:03" "Intimacy Curse" et "Cauterized". La rythmique de char d'assaut et le riffing rappellent les années ultra techniques de Chuck, sans toutefois les égaler, évidemment. Mais ça fait sourire.

Les amateurs de fretless seront aussi servis avec Matt Prandex, qui ne rate pas une occasion de la faire couiner. Sa perfo sur "Foretasted In Flesh" est particulièrement savoureuse. Il laisse en fait son empreinte un peu partout sur le disque et si HUMANGLED attire l'attention, c'est en grande partie grâce à lui, son instrument se détachant aisément du lot, qui d'ailleurs s'avère bien produit et bien mixé. Pas de problème de côté, on est en 2015, impossible de se tromper.

Le principal problème est du côté de l'équilibre de la tracklist, un des points cruciaux pourtant d'un disque réussi. "Prodromes Of A Flatline" n'obtient pas la note de passage à ce niveau, car la seconde moitié passe rapido sans qu'on retienne grand-chose. Ce qui n'était pas le cas avec les cinq premières plages. Mais bon, le groupe est encore jeune et n'a peut-être pas encore saisi les subtilités qui font d'une œuvre artistique un objet abouti de la tête à la queue. Et non, cette remarque n'est pas snobinarde, c'est un constat normal effectué auprès de plusieurs nouveaux bands qui veulent avant tout en découdre, en sacrifiant la forme au profit du fond. Perso, j'aurais pas mis "Liberté, Égalité, Brutalité" en premier, car cela équivaut à foutre la majorité de ses œufs dans le même panier.

Petit mot poli enfin sur la reprise du classique de THERION, gravé sur "Theli" : c'était pas nécessaire. Petit mot poli bonus : vraiment pas nécessaire. Merci, bonsoir.

Podium : (or) "Liberté, Égalité, Brutalité", (argent) "Foretasted in Flesh", (bronze) "4:03".