Michael BORMANN a sa carrière derrière lui. Voici un constat qu'il est dommage de formuler alors que le chanteur, qui approche de la cinquantaine, est encore en pleine possession de ses capacités vocales. Mais il est évident qu'artistiquement, le bonhomme est descendu d'une division depuis la fin des années 2000. Une décennie qui a d'ailleurs été marquée par une perte de repères pour l'ex-chanteur des princes du Hard mélodique allemand JADED HEART. Après avoir quitté le groupe au milieu de la décennie, celui qui fut un temps vocaliste de BONFIRE (au milieu des années 90) a multiplié les projets et participations, sans doute pour beaucoup alimentaires. En rejoignant puis quittant rapidement BLOODBOUND ou SILENT FORCE (parmi d'autres groupes moins notables), le bonhomme s'est construit une réputation de requin de studio, tout en conservant une bonne réputation dans le milieu. Désireux de regagner en popularité, le chanteur s'est essayé à la télé-réalité (la version allemande de The Voice) en 2013, forte d'un succès inespéré, l'artiste ayant connu un beau parcours dans cette émission.

Serait-ce ce regain de popularité outre-Rhin qui explique que "Closer", son cinquième album solo, se fasse si racoleur et artistiquement pauvre ? Une volonté de surfer sur la vague, un espoir de passer en radio, l'envie d'être invité dans les émissions d'un quelconque Michel Drucker germanique ? Un peu de tout cela sans doute, auquel s'ajoute une tendance évidente du chanteur à verser dans la facilité sur ses réalisations en solitaire. "Closer" est une collection de morceaux très proches d'un Hard Rock "à l'européenne", qui mêle guitares et bons sentiments, pour un résultat au mieux sympathique, le plus souvent médiocre.

Le chanteur est toujours compétent, là n'est pas la question. De sa voix puissante, typiquement rock (bien plus que Heavy Metal), Michael BORMANN survole les compositions, justifiant son statut de vocaliste reconnu et très demandé. En dernière piste, le chanteur reprend d'ailleurs le titre "Warrior" (cover de Demi Lovato) qui lui a permis de réussir dans la télé-réalité, une ballade piano-voix taillée pour les grands chanteurs. Les compétences ne sont pas à remettre en cause. Là ou BORMANN pêche, c'est dans sa capacité à proposer des morceaux inspirés et intéressants. Si le titre d'ouverture, "I'm Not Your Entertainment", donne le change dans un registre Hard Rock énergique et enlevé, la suite peine à séduire : Lorsque le chanteur tente d'infuser dans sa musique quelques lignes Rap ("Let's Make History", "Down To The Bottle", "Can't Get a Touch Too much", sorte de version ratée de "Walk This Way"), on se marre. Lorsque le chanteur fait couler le maquillage et les sentiments, à l'occasion de ballades aussi sincères qu'un discours d'homme politique, on reste totalement impassible ("For This One Time In Life"), la palme revenant à "Because We Are The World", titre humaniste gonflé d'horribles chœurs d'enfants, qui évoque un frère maudit du tube humanitaire de USA For Africa.

Il n'y a guère lorsque le chanteur œuvre dans des territoires plus bluesy ou Hard FM que l'on trouve des éléments auxquels s'accrocher : "Livin It Up" rappelle avec le bonheur de JADED HEART des débuts, alors que "I Wanna Be A Rockstar" (un rêve inatteignable ?) fonctionne à merveille grâce à un riff direct similaire à celui du morceau d'ouverture. "Richmen's World" et son riff gras font également le boulot, le temps de l'écoute de l'album, puis se laissent tranquillement oublier. Il ne faut malheureusement pas espérer plus d'un album tour à tour prévisible ou boiteux, qui ne rend pas justice à la voix à la fois pure et puissante d'un des meilleurs chanteurs du circuit. The Voice peut-être, mais pas les morceaux qui vont avec...