ANGELUS APATRIDA fait indiscutablement partie des groupes les plus talentueux de sa génération. "Clockwork" sorti en 2010 m’avait d’ailleurs particulièrement bluffé fort d’un Thrash Metal actuel, majoritairement influencé par la Bay Area (DEATH ANGEL, EXODUS…), fougueux et dévastateur. En bref, "Clockwork" était une belle petite gifle dans les dents avec des compositions particulièrement bien ficelées, pour le moins véloces, rapides et nous assénant des riffs assassins pour ne pas dire époustouflants.

La très bonne nouvelle c’est qu’en 2012, les Espagnols toujours signés chez Century Media remettent le couvert avec "The Call", leur quatrième effort studio, et enfoncent le clou. "Clockwork" nous avait secoués, "The Call" nous torpille direct. Et oui carrément ! En un peu plus de 50 minutes et 12 compositions, dont une reprise plutôt chouette du "Hell Patrol" de JUDAS PRIEST duquel les Espagnols se rapprochent d’ailleurs (époque "Painkiller" !) sur le titre "It’s Rising" et sa rythmique speed, ANGELUS APATRIDA nous fait montre ici de tout son potentiel, de toute sa vélocité et de toute sa maîtrise technique.

Car oui, chez les Espagnols, ça ne rigole pas. Ça joue plutôt vite et plutôt très bien. Force est de constater que ces musiciens sont loin d’être manchots, et de mon point de vue sont même capables de rivaliser avec les meilleurs vu ce que l'on peut entendre sur "The Call". Entre le chant de Guillermo Izquierdo qui tend davantage vers celui de Mark Osegueda (DEATH ANGEL) pour le côté hargneux et donc moins vers celui de Dave Mustaine (les ressemblances étaient pourtant et parfois frappantes sur "Clockwork"), le jeu de Victor Valera, furieux batteur qui n’hésite pas à en rajouter un tout petit peu plus partout (festival de double pédale, enchaînements à couper le souffle) et les descentes de manche de la paire Izquierdo/Alvarez qui font littéralement des ravages ("You Are Next", "The Hope Is Gone", "Reborn"), force est de reconnaître qu’en tant que fans de Thrash aguerris, nous sommes ici particulièrement bien servis.

Et côté influences, on ne change donc pas une équipe qui gagne puisque ANGELUS APATRIDA lorgne toujours brillamment du côté du Thrash de la Bay Area (mais pas que !). Aussi quelques noms célèbres nous viennent immédiatement à l’esprit tels que DEATH ANGEL, FORBIDDEN et EXODUS pour le côté fougueux voire hargneux. MEGADETH aussi pour les quelques mélodies ("Blood On The Snow") et plans techniques décelés ici et là ("Killer Instinct", "The Hope Is Gone"). On pourra également penser à d'autres formations comme SLAYER pour quelques riffs bien caractéristiques ("Still Corrupt", le break kiffant de "The Hope Is Gone") et pour quelques atmosphères plutôt sombres déployées avec brio par le groupe ("You Are Next"), ou encore comme ANNIHILATOR pour le passage harmonique sur "Still Corrupt" et pour les riffs assassins ("Violent Dawn") et typiques du groupe canadien (ceux de "Reborn" rappellent étrangement les riffs "annihilatoriens" de "I Am In Command").

À l'écoute de "The Call", on a l'impression que les Espagnols ont encore progressé et franchi un nouveau cap (le niveau atteint sur "Clockwork" était pourtant déjà pas mal !). Les compositions semblent encore plus élaborées que sur l'album précédent à l'image de "You Are Next" ou de ce "Reborn" absolument monstrueux pour ne pas dire dément et incontestablement le point culminant de la galette. ANGELUS APATRIDA semble également avoir lâché davantage les chevaux sur cet opus, les compositions sont particulièrement agressives avec toutes ces rythmiques speed et riffs véhéments ("Flesh Pleasure") et ne laissent que très rarement de répit à l'auditeur. Et c'est tant mieux. Ceci étant, le groupe ne se contente pas de bourriner ou de jouer plus vite pour jouer plus vite, il ajoute à son Thrash des éléments plutôt judicieux (touches mélodiques bien senties, harmoniques sur "Still Corrupt", atmosphères sur "You Are Next" ou sur "Reborn"...), ce qui tend à rendre l'ensemble vraiment agréable, aéré et finalement très travaillé. Car assurément, on peut le dire haut et fort, les Espagnols ont bien travaillé. "The Call" fait d'ailleurs partie des 5-6 meilleurs albums de Thrash sortis depuis 2012. Avis aux amateurs !

Note réelle : 4,5/5.

Morceaux préférés : "Reborn", "You Are Next", "The Hope Is Gone".