Derrière ce patronyme et cet artwork en clair-obscur se cache une entité bourguignonne, qui a fourni, à l'époque où elle s'appelait encore FIRE WIZZARD, une recrue de choix à NIGHTMARE, en la personne de Matt Asselberghs. Le jeune et grand belge mène deux carrières de front, puisqu'il fronte son propre groupe, il y assure la guitare lead ainsi que le chant, tant en clair qu'en growl d'ailleurs.

En grand défenseur de la musique Heavy, ARCHITEKT, sous son ancien patronyme, donnait dans un Heavy à l'imagerie viking pas totalement exploitée et surtout un peu générique, sans être pour autant mauvais. Peut-être fallait-il y voir un cul-de-sac artistique, car doté d'un nouveau nom, ARCHITEKT s'est aussi doté d'un style plus personnel et plus ouvert, et d'une volonté de partager une vision plus moderne et décomplexée du Heavy. La musique du groupe raffole des mid-tempi rythmés par des riffs bien gras laissant toute place aux ambiances tantôt éthérées, tantôt dark induites par la musique. L'incursion de temps à autre d'orchestrations vient amener une dimension plus épique à certains passages, les titres plus longs notamment, "Last Of His Kin" en tête.

Les riffs, sans être bouleversants d'originalité, savent rester efficaces en toute circonstance, et on reconnaît la patte de Matt, certains évoquant bien évidemment l'autre groupe du Bourguignon d'adoption ("Rise", le début de "The Fall Of Ice"). Mais on sent aussi que Matt n'est pas de la même génération que ses collègues de la région voisine. ARCHITEKT sonne indéniablement plus actuel, que ce soit dans l'ambiance générale, travaillée par Édouard Verneret dans une vision assez cinématographique (même si on reste loin de la démesure de Luca Turilli) ou bien le chant de Matt, plus épuré que celui, DIO-esque, de Jo Amore.

Pas de manières, mais une certaine maladresse dans l'interprétation du beau gosse. Matt chante juste, avec implication, mais on sent qu'il est avant tout guitariste. Il parvient toutefois à faire passer ses intentions et je dois avouer particulièrement apprécier ces passages plus planants et mélodiques à la AMORPHIS qu'ARCHITEKT laisse apparaître ("Rise", "Dawn Of Time"). Plus surprenant est le chant death, d'abord assez inattendu au son des premières minutes de l'album, avec son thème introductif donné à une section cuivrée à l'excès, et repris le temps d'un "Ocean Storm" où Paul Eyssette (HEAVYLUTION) se montre particulièrement efficace. Matt est convaincant en chant death et contribue à accentuer cette teinte sombre de l'album, l'amenant non loin du Gothique à la PARADISE LOST ou à la POISONBLACK.

La musique d'ARCHITEKT n'est pas exceptionnelle d'inventivité mais efficace, et ce malgré les maladresses observées sur un chant pas encore totalement maîtrisé (mais qui au moins n'a pas un accent français dégueulasse - ça fait du bien) et quelques passages pas très bien négociés (je pense au final de l'opus, où ces enchaînements d'accords de puissance ne produisent pas un effet visiblement escompté des compositeurs). En revanche, on n'a pas le temps de s'ennuyer, ARCHITEKT arrivant à renouveler régulièrement sa musette à riffs et à mélodies. Les mélodies vocales notamment peuvent être parfaites à l'avenir pour fournir cette accroche dont manque encore ARCHITEKT pour l'instant. J'ai bon espoir car le groupe y parvient très bien, le temps d'un solo mélodique harmonisé sur "Last Of His Kin" de toute beauté. Si les ambiances sont toujours tenues (on reste dans cette atmosphère sombre et majestueuse jusqu'au bout de l'opus) et le chant amélioré, on pourra se dire qu'on a un nouveau client sérieux sur la scène française.

Ce premier essai est en tout cas encourageant pour la suite des événements. Assister à la genèse et aux premiers pas d'une nouvelle entité prometteuse constituant toujours un moment agréable.

Note réelle : 2,5/5.