— Et le Punk français alors, Canard ?
— Boarf.
— Pourquoi que t’en parles jamais ?
— Pfff.
— Tu nous fais chier avec tes groupes de HxC US, ton Punk à roulette. Y a pas un groupe "bien de chez nous" qui mériterait une kro ?
— Si, les Shériffs : super groupe mais j’aime pas.
— Et les Bérus alors ?
— J’aime bien leur attitude, mais musicalement…
— Tagada Jones ?
— Déjà chroniqué.
— Ludwig Von 88 ?
— Ah ah.
— Donc y a aucun groupe de Punk français que t’aimes bien ?

Si, les SONS OF BUDDHA (SOB). Un bon petit groupe, tiens. A ce jour, "Buddha Hates Us All" = leur meilleur album, donc on y va.

Précisons avant toute chose que je ne supporte pas le chant français. En Metal (y a que TRUST que j’encaisse et ptet MISANTHROPE) comme ailleurs (deux exceptions : RENAUD et NOIR DESIR), dès que ça chante en français, pour moi c’est la course à l’handicap. Et fort heureusement, SOB donne dans le Punk Rock énergique, frais et en anglais thanks so lot (et Garonne). Ceci explique cela.

Toujours un air, un riff, un refrain qui tape : c’est la grande force de SOB. Puis après, on peut s’amuser à trouver les références, monter des passerelles même : "I Hate Xmas" pue les RAMONES par exemple. Le fait est que ça s’écoute tout seul, d’une traite et qu’on a tapé du pied tout du long de cet album dont la courtitude n’a d’égal que la sympathie qu’il dégage. Faites-moi penser à me relire à la fin de cette chronique. La faute sans doute à toute une foule de détails savamment agencés, comme des refrains en forme de « wo ho ho » parfaitement bien placés ("Adieu") etc. SOB fait partie de ces groupes qu’on a envie d’aimer de suite, qu’on a envie de faire découvrir aux copains. Le genre d’album qu’on met dans la bagnole comme si de rien n’était alors qu’en fait on guette les réactions des autres. Vous voyez sans doute de quoi je parle, sinon pas grave, paragraphe suivant.

L’autre force de ce « Bouddha nous déteste tous » (quel beau titre au passage) est son côté « fluent » : les titres s’enchaînent à la vitesse du son, on prend dix titres dans la tronche en moins de trente minutes, tous impeccables dans leur genre et on est déjà arrivé à la fin que hein quoi déjà ? Allez – hop – on va se le remettre une fois ce petit album de Punk qui déménage. Et même à la réécoute, vous aurez le plaisir de découvrir des petites nuances de registre, des choses plus délirantes ("Psycho Pat") ou plus touchantes aussi ("The Most Important"). Si je vous dis qu’à un moment, vous avez de chouettes arpèges acoustiques, des lignes de chant pleine d’un lyrisme gonflé d’espoirs, ça vous donne un peu envie quand même, non ?

— NON ! Tu nous fais chier Canard avec ton Punk ? Retourne nous chroniquer du Thrash merde à la fin ?
— Pffff.

Dommage car tout est presque parfait sur "Buddha Hates Us All". Presque :
1) La production est perfectible (ça m’a pas dérangé, mais les amoureux du son digital 100% synthétique Cubase risquent de grimacer).
2) Le groupe a de temps à autre placé des inserts en studio genre « Bah alors Patrick ? », façon bonne franquette (qui m’a rappelé un peu les délires de QOTSA sur "Songs for the Deaf"). Ces incartades m’ont gonflé perso, ça mine le sérieux réel de l’album, érode l’attention et donne une image à SOB de « petit groupe » alors qu’ils sont soignés jusqu’au bout des ongles. C’est con, dans tous les sens du terme.

Je terminerais par un petit laïus inhabituel.
Je sais bien que les temps sont durs, que l’équipe à François (HOLLANDE, mais si... vous savez) fait rien qu’à faire n’importe quoi, mais bon. L’album coûte 7 € (sept euros, oui oui), frais de port compris. Un petit groupe super bien de chez nous comme ça… Je sais pas, c’est même pas le prix d’un ticket restaurant. Et la pochette est cool, le livret aussi. Je dis ça, je ne dis rien… en fait non je dis quelque chose, je vous fais passer le message, dirons-nous.


Note : 4/5


Morceau préféré : "I Hate Xmas"