Qui attend encore quelque chose de nouveau de la part d'AGNOSTIC FRONT en 2015 ?
Les papas du NYHC sont là, installés depuis tellement longtemps sur cette scène… Ont-ils encore quelque chose à prouver ?
Et bien la réponse est non !

Non rien de nouveau : l'intro à base de sirènes fait un joli clin d'œil à leur 2ème album "Cause For Alarm", musicalement c'est toujours du HxC pur jus, bourrin, tapageur à souhait, avec quelques touches Metal renforcées par la prod et cette basse imposante, tandis que l'ami Roger est toujours en grande forme pour cracher son venin sur la police et l'État ou raconter la vie des thugs de la scène Hardcore.
Dans l'ensemble c'est un album très homogène et très compact qui file à la vitesse de la lumière dans ton lecteur CD (16 pistes en presque une demi-heure). On a donc droit à du AGNOSTIC FRONT classique dès l'apparition du titre éponyme et puis sans prévenir c'est "straight to your face" : "Police Violence" et "Only In America" débarquent dans le pit !

La première qui dure seulement 58 secondes est un concentré de Punk Hardcore old school qui allie vitesse et hargne et où le groupe se lâche sur les "FTP" ("Fuck The Police"). On retrouvera ce même procédé sur les 41 secondes de "Enough Is Enough" ou les 48 secondes de "I Can't Relate" et son côté Punk Rock qui se fait bien ressentir. La palme de la chanson la plus courte étant destinée à "No War Fuck You" qui alterne entre moments de guérilla intense où ne comprend rien et où Roger débite ses couplets à la vitesse de la lumière et breaks perturbants qui ralentissent considérablement la piste.
La seconde quant à elle se rapproche plus à certains moments du Crossover Thrash de groupes comme MUNICIPAL WASTE, au même titre que "Social Justice" ou "Test Of Time" dont l'intro me rappelle le style de chez SUICIDAL TENDENCIES. Tiens en parlant d'intro il faut que j'aborde le sujet de "We Walk The Line" ! Ce morceau, au même titre que "A Wise Man" et "Attack!" dans une certaine mesure, me cause un petit cas de conscience : je le trouve très pauvre en riff, très répétitif et peu inspiré, alors que dans le même temps j'adore ce côté simpliste mais brut qui se dégage du morceau et qui me fait secouer la tête à chaque fois. L'intro massive introduit parfaitement un couplet légèrement plus nuancé qui sert à faire monter la pression avant un refrain à la fois percutant et poussif. Oui c'est paradoxal ce que je raconte n'est-ce pas ? Ben voilà "We Walk The Line" je l'aime bien et en même temps je le trouve bof…

C'est d'ailleurs ce que je ressens un peu pour cet album en entier. Quelques gros hooligans tubes sont putain de convaincants tandis qu'on a affaire à du vu et revu sur pas mal d'autres titres. Attention je ne critique pas la bande à Roger sur un quelconque manque d'originalité, non si j'écoute AGNOSTIC FRONT c'est pas ce que je recherche dans leur compos, comme dit plus haut ils n'ont rien à prouver, mais on les a sentis en meilleure forme dans le passé.

Ce que je recherche chez eux c'est plutôt les gros sing along qui te font sentir de la street alors qu'en fait tu viens du fin fond de la campagne et que la plus grosse épopée de ta vie c'est une course poursuite pour choper une poule (et en plus elle t'a semé)…
Et ça c'est sûr que dans ce domaine les Ricains sont bons ! Il suffit de se mettre dans l'oreille le monstrueux "Never Walk Alone" ! Il n'y a rien à jeter dans ce morceau, le riffing est entrainant, les chœurs présents tout du long assurent le côté viril et fraternel du titre, les breaks sont parfaits pour lever le poing dans le mosh et les guests qui interviennent sur le refrain envoient du bois correctement. En même temps monsieur Miret a su s'entourer de la crème de la crème du Hardcore : Lou Koller (SICK OF IT ALL), Toby Morse (H2O) et Freddy Circen (MADBALL)… Que des parrains de la scène, bien installés dans leurs groupes respectifs depuis un bon moment. Le rendu est juste à la hauteur de ce qu'on pouvait attendre d'un tel combo : un tube pour tous les bro's tondus qui savent être solidaires quand c'est nécessaire.
Ah le bon vieux temps !

D'ailleurs Roger chante sa nostalgie de la scène HxC des débuts dans l'explicite "Old New York" qui sous ses riffs agressifs semble empreint d'une petite pointe de nostalgie ; ça se sent dans la mélodie du refrain, les chœurs et le chant de notre frontman qui semble beaucoup plus émotif que d'habitude. Et que dire de "Just Like Yesterday" ? Ce titre est lui aussi sujet à cet effet de nostalgie, mais a quand même un énorme potentiel tant il donne envie de pogoter en passant son bras autour des épaules de son voisin de pit, en attendant ce solo qui arrive à point pour introduire un final qui transpire le Punks & Skins United! et clôture cet album sur une note mélancolique et joyeuse en même temps. Non c'est pas paradoxal cette fois, puisque Victor Hugo le disait lui-même : "La mélancolie, c'est le bonheur d'être triste". Le seul truc un peu malheureux sur ce titre c'est le fait que Roger chante horriblement faux ! Alors je sais pas si c'est l'émotion qui lui noue la gorge, mais il semble prêt à éclater en sanglots pendant tout le morceau et nous fait des notes improbables. C'est très perturbant et insupportable par moment, surtout sur l'intro.

Donc voilà, ce dernier AGNOSTIC FRONT ne casse pas trois parpaings sur la tronche d'un Hool's, mais il a le mérite d'être présent là où on l'attend et c'est surtout ça qu'on lui demande ! Les Ricains ont également eu l'intelligence de faire court et on les remercie car si certains titres nous laissent un peu plus sur notre faim que d'autres, au moins on a pas le temps de s'emmerder !