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BLACK METAL  |  STUDIO

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2008 Tourments & Perdition
 

- Style : Emperor, Arcturus, Borknagar, Ihsahn
- Membre : Lyr Drowning, Arkhon Infaustus, Kickback
 

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ORAKLE - Tourments & Perdition (2008)
Par WËN le 17 Mars 2015          Consultée 2739 fois

J'ai toujours considéré la scène Black-Metal française comme une scène pleine d'espoir et de talents latents. Sorti des infâmes LEGIONS NOIRES et de quelques groupuscules aux idées aussi nauséabondes que nauséeuses (désolé pour ces lecteurs que je viens de perdre), notre hexagone renferme en effet en son sein nombre de formations, établies comme prometteuses, dignes du plus grand intérêt. Nous n'allons pas vous repasser l'historique par le menu détail, certains au sein de la team s'en sortiront beaucoup mieux que moi; gardons seulement à l'esprit que toute cette effervescence ne date bien sûr pas d'hier. A regarder une quinzaine d'années en arrière, les sulfureux ARKHON INFAUSTUS, DEATHSPELL OMEGA et ANOREXIA NERVOSA sont déjà en pleine bourre, BELENOS et AES DANA fourbissent leurs armes tandis que BLUT AUS NORD, en pèlerin solitaire, chemine à travers le vaste monde. Dans leur ombre, la relève s'active afin de tenter de se faire une place sous ce soleil noir et chaotique qui leur est dû. De BORGIA à AOSOTH puis, plus récemment, de THE GREAT OLD ONE à MALHKEBRE, en passant par LUTECE, PENSEES NOCTURNES ou qui sais-je encore, chacun se permet crânement son approche personnelle, révélant ainsi, pour peu que l'on se plaise à sortir des sentiers battu, une scène Black cosmopolite et novatrice, aussi diverse que variée et gorgée de formations qui, sans prévenir, vous sortent une véritable petite pépite musicale. Et ORAKLE de nous rappeler qu'il est indéniablement l'un de ces fiers rejetons !

Car avec ce "Tourments & Perdition", les franciliens ont frappé un grand coup en 2008, incontestablement. Bon, je vous l'accorde, avec quatorze ans d'existence, quelques démos, un EP et un premier album en poche ("Uni Aux Cimes", 2005, sur lequel je n'ai malheureusement jamais eu l'occasion de jeter une oreille), nous ne pourrons que vainement nier l'existence de signes avant-coureurs, mais la surprise à la découverte de cette nouvelle offrande fut néanmoins bien réelle.

A des années-lumière d'un Black-Metal primitif et malsain, c'est davantage vers la scène progressive du mouvement que nous devrons donc nous tourner afin de comprendre l'essence même de la musique d'ORAKLE. Structures surprenantes, breaks instrumentaux, chant 'clair' de haute volée : aficionados de EMPEROR, de ARCTURUS (le trip spatial en moins) ou de BORKNAGAR (sans les apparats viking), à défaut de voguer vers des terres inconnues, c'est en terrain connu que nous naviguerons ici. Non pas que ORAKLE soit un triste ersatz des combos précités, loin s'en faut, mais ce "Tourments & Perdition", c'est un fait, puise directement ses racines dans ce terreau norvégiens qui a nourri, puis vu se développer ce trio de formations. Via un riffing méticuleux et appliqué (qui saura sauvagement se débrider lorsque l'occasion s'en présentera), ce Black propre et lustré, sophistiqué même, permet en effet à l'entité francilienne de se démarquer de la sordide et bête crasse de ses congénères. Dès l'introductif premier morceau, un souffle épique s'empare déjà de l'œuvre. A l'instar de ces ainés norvégiens, les claviers omniprésents sans jamais être envahissants, via de subtils arrangements, drapent et agrémentent ces compositions aux multiples rebondissements, d'un flot d'ambiances et d'émotions. Ainsi, de la plus totale quiétude à l'inquiétude la plus profonde, il n'y aura guère qu'une enjambée, que de nombreuses fois, par l'apport de dissonances caractéristiques, ORAKLE ne s'embêtera pas à franchir ("Les Mots De La Perte"). Balancés au gré des nombreux soli, parfois mélodiques, parfois techniques ("Celui Qui Erre"), qui parsèment l'œuvre, c'est dans une véritable valse avec le crépuscule que nous embarque notre sombre émissaire, avant de repartir de plus belle et avec une nonchalance certaine sur un break atmosphérique ou, au choix selon ses envies, quelques accélérations blastées bien trouvées (cf. les multiples influences et registres sur "L'Imminence Du Terrible", "La Splendeur De Nos Pas" dans son intégralité).

Mais ces aptitudes d'équilibriste musical ne sont, loin s'en faut, pas ses seuls atouts. On ne pourrait, par exemple, passé sous silence l'organe vocal d'Achernar (basse, claviers). Ainsi partagé entre splendides envolées théâtrales ("Celui Qui Erre", "Dépossédés", "Vengeance Esthétique") dignes du sieur ICS Vortex (ARCTURUS, BORKNAGAR, ex-DIMMU BORGIR) et vocalises extrêmes comme sait nous en proposer Ihsahn d'EMPEROR (cependant bien plus maitrisées ici), le français sait nous abreuver d'un chant tout en nuance et d'une grande maestria. Couplé à de splendides textes (dans la langue de Molière) souvent amers, sombres et à forte teneur onirique, abstraits reflets d'une indélicate et désenchantée humanité, nous tenons là, à n'en point douter, l'élément qui saura démarquer ORAKLE et son œuvre de ses homologues.

En réalité, ce sont tous ces petits apports à la fois personnels et surprenants que le quatuor sait insuffler à son œuvre, qui lui permettent de faire la différence. ORAKLE, en impressionnant et impressionniste explorateur d'un indicible néant (cet artwork lorgnant sur l'œuvre de Turner), c'est un fait, ne peut se morfondre ni se contraindre à adopter sagement les poncifs d'un genre usé jusqu'à la corde et se plait donc, comme ses précurseurs norvégiens en leur temps, à logiquement redéfinir, réinventés les canons d'un Black-Metal vieillissant en proposant des éléments (chant, soli) et des structures moins conventionnelles loin d'être l'apanage du genre. Néanmoins, de ce lot d'innovations et de réappropriations, ainsi que de ce tempérament bien trempé, émerge un univers esthétique et dramatique, et de surcroit très personnel, d’où est érigée la trame même de ce "Tourments & Perdition", album très inspiré s'il en est et frôlant à plusieurs reprises le génie.

Croyez-moi, fans de Metal extrême et recherché, qui vous plaisez à abolir toutes limites, jetez-vous sur ce disque, vous ne pourrez décemment pas le regretter. Nous vous parlons tout simplement là de l'une des meilleures choses qui soient arrivées au Black français du XXIème siècle, ni plus, ni moins.

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- Achernar (chant, basse, claviers, guitare)
- Eithenn (guitare)
- Amar Ru (guitare)
- Clevdh (batterie, percussions)


1. Tourments
2. Les Mots De La Perte
3. Celui Qui Erre
4. Dépossédés (le Miroir Sans Tain)
5. Vengeance Esthétique
6. La Splendeur De Nos Pas
7. L’imminence Du Terrible



             



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