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DOOM-DEATH  |  STUDIO

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2014 Abhorrence In Opulence
 

- Style : Mourning Beloveth, Ahab, Ataraxie
 

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OPHIS - Abhorrence In Opulence (2014)
Par WËN le 16 Février 2015          Consultée 3815 fois

Je vous le confie, aborder la discographie d'un groupe par son dernier méfait en date, n'est jamais un exercice aisé ni des plus logiques. En effet, procéder dans l'ordre, en respectant une certaine continuité discographique et historique, permet au moins d'appréhender l'évolution sonore et artistique d'un combo de la manière la plus juste possible, directement confronté que nous sommes à la chronologie des évènements. Ceci-dit, afin d'éviter à tant de nouveautés de passer à la trappe, il faut de temps à autre savoir se faire violence, quitte à bousculer un peu ses habitudes. Et quant aux précédentes productions, ne vous inquiétez pas, elles arriveront plus tard. D'autant plus que, du haut de sa quasi-quinzaine d'années d'existence et son duo de full-lengh dorénavant estampillées de son serpent grec, OPHIS, n'est plus à proprement parlé un nouveau venu sur la scène Doom-Death européenne. La bête commence même à se faire une sévère petite réputation, en adepte appliquée et consciencieuse qu'elle est. Les plus chanceux ont même pu récemment l'apercevoir trainer ses anneaux sur les routes du vieux continent, lovée dans les traces de ces autres monstruosité crépusculaires que sont ESOTERIC, EVOKEN ou AHAB (excusez du peu). Preuve en est que, lentement mais surement, le quatuor allemand parvient lui aussi à corrompre son petit monde à coup de riffs lancinants et désespérés.

Ici, le premier contact avec l'œuvre s'est fait, pour ma part tout du moins, avec une pointe de stoïcisme quant à l'aspect d'abord peu amène, pour ne pas dire repoussant, du bestiau. Plutôt éloigné des clichés inhérents au style (ce qui en soi, n'est pas un mal) mais graphiquement glauque, cet artwork, dans toute sa froide et déshumanisée représentation, atteint néanmoins son néfaste objectif : en déstabilisant et en parvenant à laisser poindre ce malaise sous-jacent que l'on peut attendre de ce type de production, il sapera d'entrée (de gamme) le moral du patenté auditeur, lui interdisant ainsi d'aborder l'œuvre dans de sereines dispositions.

Alors que son précédent split (avec OFFICIUM TRISTE, 2012) l'avait amené, immergé qu'il était, à explorer des voies encore plus tortueuses et aqueuses qu'à l'accoutumée, OPHIS revient cette fois avec un son plus rêche et revêche que jamais. La mue entamée ici n'est pas anodine et notre pachydermique constricteur, profitant de ce changement de peau, quitte les marais tourbeux dont il était jusqu'à présent coutumier pour migrer vers d'autres horizons. Se faisant, il en profite pour lentement (mais pesamment) faire évoluer sa musique tout en la complexifiant au passage. Sans être amateur de raccourcis faciles, ces prochains vont néanmoins nous être bien commodes afin de planter ce contexte musical que le groupe fait dorénavant sien sur cette offrande. Ne nous gênons donc pas pour coucher ici ces quelques noms dont les germes éclosent définitivement ici : ATARAXIE et MOURNING BELOVETH. C'est fait. Point, à la ligne.

Car c'est une évidence, sur le fond, nous ne pourrons pas ne pas penser à nos funèbres compatriotes d'ATARAXIE, les Allemands ne rechignant pas à triturer, parfois en profondeur, les structures même de leurs compositions. Rarement inférieures à la douzaine de minutes syndicale, ces dernières s'intensifient, ne nous délivrant l'antédiluvien contenu de leurs étouffants anneaux qu'au fur et à mesure que ceux-ci se desserrent, nous invitant à nous abimer en leurs tortueux méandres. Sans jamais atteindre pour autant l'extrême noirceur et la violence sourde de son français d'ainé, notre sombre reptile, déroulant son Doom torturé, se complait à brouiller les pistes proposant, là, une lente intro dissonante, là, un passage acoustique onirique et décrépit suintant d'émotions à peine retenues ("Among The Falling Stones", "A Waltz Perverse") avant de reprendre, fatalement et toute saturation dehors, avec de puissants et colossaux riffs typiquement Death-Metal ("Disquisition Of The Burning" à l'entame de sa seconde moitié, le final de "Resurrectum") retournant tout sur leur passage et nous abandonnant là, las, en contrebas.

Sur la forme, en revanche, c'est tout autant vers l'œuvre des Irlandais de MOURNING BELOVETH que nous redirigera ce nouvel OPHIS, les deux formations semblant partager cet intérêt malsain pour cette précieuse morosité toute caractéristique qui semble s'emparer ici de chaque riffs, aussi lourds soient-ils, pour les recouvrir d'un transparent voile mortuaire. Nous reconnaitrons bien là, via ce Doom-Death "moderne" (en termes de sonorités) que les allemands prodiguent, cette propension à savoir faire tourner leurs immuables riffs, plusieurs minutes durant, sans jamais parvenir à lasser les amateurs que nous sommes (je ne saurais m'avancer pour les fans de Speed-mélodique, par contre). Des pièces de la trempe de ce "Resurrectum" de clôture, ou deux/trois thèmes principaux seulement tentent de s'y disputer l'hégémonie, ne manqueront pas de nous rappeler combien il demeure troublant de constater que malgré la longueur exacerbée de ces compos, jamais ne s'altèrera l'intérêt de la dramatique trame qu'on nous déroule là.

Mais si OPHIS parvient à maintenir cette flamme vacillante tout du long de cette heure musicale (pour 5 titres), c'est sans doute aussi grâce à quelques légers apports que l'on se surprend à voir subtilement intervenir. Tentant d'autres approches, plus d'une fois notre rampant bestiau nous régurgite, ça et là, d'autres influences grossièrement digérées. Le AHAB récent de "The Giant" en est une, preuve en sont certaines mélodies vivifiantes et salées que nous pourrons retrouver sur l'intro de "A Waltz Perverse" ou sur les passages plus atmosphériques de "Somnolent Despondency", accompagnés d'une caisse claire pleine de nuances. Au détour de quelques atmosphères plus ternes que jamais, c'est même les sombres fantômes de LOSS qui ressurgiront du passé. Il n'y a pas à dire, OPHIS a définitivement laissé derrière lui son ancienne peau.

Dorénavant plus raffinés (tout en gardant à l'esprit que l'on parle de Doom-Death) les allemands savent aussi se faire plus catchy quand le besoin s'en fait sentir et, en nous présentant cette nouvelle offrande de qualité, prouvent qu'ils ont su s'extirper des eaux stagnantes et cafardeuses de leurs premiers ébats. La musique présentée ici n'atteindra pas forcément des summums de créativité, OPHIS demeurant pour le moment encore incapable de proposer une recette vraiment unique, cependant, ce "Abhorrence In Opulence" demeure la galette la plus fouillée que le quatuor ait su nous livrer jusqu'à présent. D’où ce 3,5/5 arrondi graphiquement à l'étoile supérieure, histoire de saluer l'effort.

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- Philipp Kruppa (chant, guitare)
- Martin Reibold (guitare)
- Oliver Kröplin (basse)
- Nils Groth (batterie)


1. Disquisition Of The Burning
2. Among The Falling Stones
3. A Waltz Perverse
4. Somnolent Despondency
5. Resurrectum



             



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