Ils s’y remettent tous. Les uns après les autres. Tous. Ultime baroud d’honneur avant une inévitable retraite ou véritable volonté de faire revivre la NWOBHM ? Sans doute un peu des deux. Car à force de faire revivre le passé, l'émulation porte ses fruits et suscite des vocations, c'est ainsi que de plus en plus de jeunes groupes s’adonnent à ce style (dernier exemple en date : NIGHT DEMON). Après la très bonne surprise que fut le nouvel album de BATTLEAXE sorti en début d’année 2014, c’est AVENGER qui se charge d’occuper le terrain à la fin de cette même année, avec ce massacre qui ne s’arrête jamais. Les deux groupes ont pas mal de points communs puisque tout comme BATTLEAXE, AVENGER s’est fait connaître avec deux albums, honnêtes sans plus, sortis sensiblement à la même époque. Clairement un second couteau de la NWOBHM, bien qu’il fut fondé en partie par Brian Ross (à croire que ce mec à joué dans la moitié des groupes anglais des 80’s), AVENGER n'avait plus rien produit depuis 1985. Des tous débuts du groupe, il ne reste que le batteur, Gary Young. Heureusement, Ian Swift, ex-SATAN, tenait déjà le micro sur les deux LP. On tient là le noyau dur. Les autres zicos sont arrivés après la reformation de 2005. Comme pas mal de ces vieux briscards, les mecs d’AVENGER ont d’abord sillonné les festivals nostalgiques avant de réaliser enfin ce nouvel effort.

Observons un peu le C.V des deux gratteux. Liam Thompson a joué dans un groupe du nom de DEATH IN BLOOD, dont le style pratiqué est inclus dans son patronyme. Quant à Sean Jefferies, il vient de l’univers joyeux du Power Metal avec FALLEN SKIES. Intéressant ma foi. Tout cela semble un peu éloigné du domaine d’origine d’AVENGER. Faut-il donc s’attendre à une refonte totale de la musique des anglais ? Une modernisation forcée pour coller aux standards du moment ? Absolument pas ! Ce new AVENGER transpire la NWOBHM par tous les pores ! Un fan du genre ne pourra que s’y retrouver. Vous voulez du riff 100% certifié British Steel ? Allez-y ! Servez-vous, y’en aura pour tout le monde. Quelle pêche ! Quelle énergie ce dégage de ce disque ! Gary Young et Ian Swift ont vraiment fait le bon choix en recrutant des gratteux plus jeunes au bagage technique évident. Les deux axemen s’adaptent parfaitement au style demandé mais en lui insufflant une dose de technicité bien supérieure aux six-cordistes d’origines. Entre les riffs en acier trempé, nos gaillards délivrent avec inspiration des joutes mélodiques incluant les fameuses harmonisations typique du style, IRON MAIDEN n’est souvent pas très loin... L'album est débordant d'enthousiasme et l'on sent que ces gars ont pris un panard pas possible à l'enregistrer. Et leur entrain est des plus communicatif.

Difficile donc de résister à des tueries tel que "Race Against Time", ou "Flyer Psychosis". "In Arcadia Go!", peut-être le meilleur titre de l'album, se rapproche beaucoup d'IRON MAIDEN, mais avec une vélocité dans les grattes que même la bande à Steve Harris ne possédait pas à l'époque. Ce titre déroule en fait le tapis rouge à "Killers", qui est une reprise de qui vous savez. Hop, cette reprise est l’occasion de parler de la performance de Ian Swift, ce dernier est sans conteste l’homme de ce disque. Bluffant de bout en bout, Ian Swift adopte un timbre de voix souvent proche de Paul Di’anno. Si l'interprétation de "Killers" est musicalement sans prise de risque, le résultat n'en est pas moins détonnant et les screamings introductifs poussés par Swift ne cesseront d’impressionner, d’autant que ce mec ne doit pas être tout jeune : respect. Et toute sa performance vocale est à l’avenant sur tous les morceaux. En fait, il chante bien mieux que sur les albums des 80's, un cas d'école dans le monde du screaming Heavy Metal. Il est vrai qu'il est aidé par une production de qualité. Une prod' plus propre et puissante que les vieilles prod' NWOBHM, avec nettement moins de reverb, elle ne sombre pas non plus dans la sur-puissance abrutissante des prod' modernes style Andy Sneap et elle se veut moins rêche que celle du dernier SATAN.

Alors bien sûr, AVENGER ne parlera qu’aux initiés. Ce groupe n’a clairement pas une grande personnalité. Les Anglais déboulent et envoient la sauce à toutes berzingue (flirtant parfois avec le Thrash, en témoigne le titre "Decimated") mais sans jamais se soucier d’y apporter un véritable élan créatif qui les distinguerait notablement d’autres combos. Même la promo est minime (vous en avez entendu parler, vous, de cette sortie ?), et la pochette, qui ressemble quelque peu à celle du très récent album solo de Phil Rudd, est anti attractive au possible. Les mecs, ce n’est pas comme ça que vous allez accroître votre fan-base ! On peut aussi citer quelques titres un peu en dessous, comme "Fate" ou surtout "Shot To Hell". Tout cela nous oblige à pondérer quelque peu l'enthousiasme de départ. Mais il est certain qu'il saura trouver preneur chez les vieux fans, et aussi les plus jeunes, espérons le. Mine de rien, AVENGER a sans doute sorti là son meilleur album à ce jour.