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HATECORE  |  E.P

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2014 Plevre

PLEVRE - Plevre (2014)
Par ISAACRUDER le 6 Décembre 2014          Consultée 1363 fois

Difficile d'appréhender le cas PLEVRE, groupe dont l'imagerie fonctionne majoritairement autour du troll massif sur Internet, et qui semble plus concentré sur le second degré que sur l'idée d'investir du sérieux dans un style censé transpirer la violence et le désespoir. Comment dès lors prendre au sérieux leur premier EP alors même que ce qui découle de leur communication suinte l'humour et le je-m’en-foutisme ? Après d'intenses réflexions il m'est apparu que PLEVRE résumait parfaitement ce que la scène Hatecore est majoritairement : un vivier théâtral de faux haineux.

Ce qui la caractérise c'est en effet cette propension à vouloir véhiculer une image sombre et terrible puis une musique brutale et nihiliste alors même que les membres qui la constituent sont certainement loin de vivre dans le malheur. Cet aspect théâtral et grand-guignol d'un style de musique qui tourne en rond permet d'approcher différemment PLEVRE. Aisément assimilable au Hatecore, le groupe annihile tout espoir de lumière au cours d'un EP qui évacue du bruit comme l’égout les rats fuyants le Mal. On retrouve les terreurs telluriques sur "Déni", la froideur d'un Black Metal peu dangereux sur "Nausées" et ce chant si mauvais qui repose comme les codes le veulent sur le fait de ne pas avoir de voix mais de faire une « performance », dans la droite lignée de CALVAIIRE, que PLEVRE semble parfois trop suivre.

Loin du plagiat tout de même, PLEVRE a en effet une fâcheuse tendance à rassembler ce qui fait la force du Hatecore de CALVAIIRE : un fatras Noise, du riff débile, un aspect instantané de l'exécution et des compositions courtes et efficaces. Plus dérangeant, le chant est totalement repompé sur celui de Matthias, ainsi que le style dans le nom des morceaux, si bien que le groupe perd en personnalité là où il aurait pu pourtant prétendre à plus de folie. Un chanteur bluesy façon Elvis cradingue eut été préférable : suivez mon regard vers DAUGHTERS.

Là où le groupe lyonnais va néanmoins sortir son épingle du jeu, c'est en jouant dans la cour du groove sale et de la démence du riff perverti par les démons du rythme. Aussi "Summis Desiderantes" paraît parodier le groove authentique pour le muer en jeu de langue pratiqué à Sodome. L'impression de voir un tango entre Najat et une version horror cartoon de Carlos transparaît dès que les riffs viennent remuer en chœur érotique leurs derrières pleins de graisse (le terrible "Morsure", ou l'excellent "Fosse Commune"). Car de gras il est bien question dans cet EP produit de manière à nous noyer dans la fange et nous inonder de crasse. La production fait ressortir toute la perversité Noise de l'EP, mais n'oublie pas de faire briller les moments où les guitares tricotent dur, les doigts dansant macabres sur des cordes brûlantes.

Mais là où PLEVRE va vraiment sortir quelque peu de la masse, c'est encore plus quand il sort la palette des effets, tout droit extirpés d'abysses insondables. Ils viennent coupler à l'apocalypse des morceaux une folie irréelle qui apporte une dominante furieuse et étrange à un son qu'on pouvait croire au préalable convenu (classique "Nausées"). A ce titre, les alarmes semblent hurler au repli dans "Fosse Commune", au milieu d'une saleté déjà pernicieuse et de riffs Botchiens tendances. De même, "Summis Desiderantes" nous régale de ses excès Noisy et montre un PLEVRE qui assume davantage le chaos d'une musique reniant les convenances. La palme revient à "Mammifères", Rock'n'Roll ivre dans la veine d'un I PILOT DAEMON halluciné, qui combine tout ce qu'il y a de bon dans PLEVRE et écrase de sa fin désespérée un auditeur lessivé par tant de bordel. On en redemande.

Au lieu de subir du Sous-CALVAIIRE ou du sous-CONVERGE comme l'on aurait pu s'y attendre, c'est avec un certain intérêt que ce premier EP de PLEVRE s'écoute, car suffisamment empli de bonnes idées pour que la suite soit prometteuse. Si plusieurs aspects ne permettent pas la transcendance, la faute surtout à un chant faiblard et quelques parties traditionnelles, plusieurs titres viennent montrer ce que PLEVRE peut être amené à devenir s'il assume ses écarts érotico-démoniaques : un émissaire de nos élites pédo-satanistes. Et ça, il faut le savoir.

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- J. (batterie)
- D. (guitare)
- M. (chant)
- E. (basse)


1. Incipit
2. Nausées
3. Déni
4. Fosse Commune
5. [...]
6. Summis Desiderantes
7. Morsure
8. Mammifères



             



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