HEFEYSTOS nous rappelle que la tâche du chroniqueur est parfois bien ingrate et ce même si elle réserve quelques consolations. Je veux parler par exemple de ce salaire exagérément élevé qui m’est versé chaque mois par NIME et dont je tairai le montant par respect indéfectible pour toi ami lecteur.

Il faut dire que tout ici rebute et le mot est faible. Le collectif est surtout connu des collectionneurs chevronnés des anciennes compilations METALLIAN où le titre "Credo" apparaissait sur le volume N°9. Mais nous y reviendrons. Nés D’un Black Metal Gothique, aussi atmosphérique qu’inintéressant qui s’étirait et se traînait péniblement sur l’album éponyme de 1996, nos Polonais se sont vite sentis à l’étroit dans ce style. Ils ont décidé avec ce "Psycho Café" de plonger dans une espèce de Metal Gothique se voulant un tant soit peu original et conservant en son sein un résidu de Black Metal lointain issu de leurs débuts. Nombreux sont les artistes à s’être inspirés de l’œuvre des inégalés SISTERS OF MERCY, PARADISE LOST le premier, avec le succès qu’on lui connaît. Ici les emprunts à Andrew Eldritch sont nombreux, en particulier la période plus Metal de "Vision Thing" (1990) où ont été piochés les guitares rythmiques et les chants masculins et féminins. Vous noterez bien entendu que le frêle HEFEYSTOS évolue à des années lumières de la qualité de ses références.

Retournons à "Credo/3 Is The Key", le clair-obscur, l’unique réussite de la galette. La performance désabusée et les chœurs ethniques d’Alicja Szumska peuvent rappeler les efforts d'ANTICHRISIS et sa mixture oscillant entre Folk et Gothique sur les polymorphes "A Legacy Of Love" (1998) et "Perfume" (2001). Un titre marquant qui sonne beaucoup plus abouti dans ses riffs et qui propose une fois n’est pas coutume une ambiance sombre convaincante. Parlons également de ce qui surnage péniblement comme "Our Lady Of The Whores" et ses riffs basiques à la ACCEPT qui accrocheront l’oreille, pourtant tout cela n’a aucune ambition et ne décollera jamais. Constat identique pour "Away" avec ses riffs du même tonneau 80, sauvé in extremis par les interventions de notre chanteuse. Ce qui n'empêchera pas ce morceau de devenir rapidement fort ennuyeux. Cependant, signalons que les deux autres pistes où apparaît le personnel féminin sont sans aucun intérêt, comme le reste de l’album qui se noie dans la fange la plus profonde malgré de fragiles soubresauts çà et là. Le pompon revient à "The Kingdom Is Mine" dont le riff principal reprend quasiment celui de la bombe "More" des indécrottables SISTERS. Quels sont ces chants qui se calquent sur vous-savez-qui avec la délicatesse d’un rhinocéros en rut ? Il faut ouïr ne serait-ce qu’une seule fois notre cher Krzvsztof Czop imiter les susurrements d’Andrew Eldritch comme le ferait un sosie de troisième division. Le stade de l’hommage est ici dépassé depuis longtemps, on parlera plutôt de médiocre pompage.

Outre une démarche bancale et un manque d’inspiration certain, "Psycho Café" ne tient finalement pas à grand chose, hormis un titre oublié sur une compilation vermoulue. J’ajouterais que ces premières torpilles METALLIAN que l’on nous avait astucieusement jeté en pâture de 1996 à 1999 à peu près, ont sans doute laissé quelques souvenirs nostalgiques chez nombre d’auditeurs.