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2014 Iolaire
 

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ADABROC - Iolaire (2014)
Par MORNECIME le 13 Novembre 2014          Consultée 1787 fois

Le crépuscule tombe sur l'île de Skye, la recouvrant de noir. À l'est de la péninsule de Tròndairnis, des vagues viennent se fracasser sur les rochers d'Holm. Une vague s’abat sans relâche sur le rocher, teintée des peines et des pleurs. Une vague pourpre.

L'eau fraîche et froide qui habite les cours d'eau et les lochs. Les tourbières balayées par le vent. Le son de l’océan sur le sable. La belle langue de cette terre. L'herbe jadis verte, maintenant jaunie par les peines et les lamentations. La nuit si sombre, si noire. La pluie qui tombe, durement. Le vent qui souffle, fort. La promesse de la lointaine berge. Ce sont de telles images que distille la musique d'ADABROC. Et bien plus encore, que poser les mots sur les sensations qu'elle procure s'avère difficile.

Que dire sur la musique alors ? "Iolaire" est un album rempli de riffs lancinants et aériens, de nappes harmoniques légères et denses à la fois, de rythmes martelés et sourds, et de croassements épiques et rauques. À cela vient parfois s'ajouter, de manière subtile et discrète, des mélodies exaltées par la tin whistle. Les compositions sont longues, aux développements très lents, offrant leurs mélodies d'une manière hypnotique, déposant leur message chargé de tristesse sur la berge gelée. Parfois, un solo de guitare au son presque psychédélique vient éclairer la triste lancinance de sa lumière, laissant planer un aigle* au-dessus de la mer et des tourbières, dictant de ses notes aériennes les émotions induites à l'auditeur.

Ce sentiment si fort, de découvrir les paysages de l’Écosse, est si bien propagé par la musique d'ADABROC que l'on ne peut s’empêcher d'y plonger totalement. Il y a une telle évocation de l'Histoire de cette terre, par la profondeur de ces riffs mélancoliques, lancinants et lumineux, par l'accent rauque de cette voix de corbeau, par la douceur des mélodies déposée par la tin. Une histoire à laquelle ADABROC semble vouloir donner vie, montrer à travers les yeux de son aigle les splendeurs et les souffrances cachées sous l'herbe jaunie et sous l'eau vive. Essayer de déposer, note après note, une partie des souvenirs que porte la lande aride. Inscrire l'héritage d'une terre et d'une mer, en couleur pourpre.

Dómhnall Alasdair MacIlleMhuire se fait ici peintre, inscrivant et colorant de son pinceau musical le paysage de ses terres. Suggérant par ses constructions musicales des couleurs qui viennent s'inscrire profondément dans l'esprit, érigeant des images d'une vivacité marquante. Jouant avec les tonalités comme on joue avec les teintes, le compositeur peint ses tableaux avec peu de couleurs, mais beaucoup de nuances. Ses doigts effilés jouent avec ses instruments comme ils manieraient la plume et le pinceau, préférant à la toile et au papier, l'air même où sa musique résonne.

Si cet EP est composé de trois titres, il ne forme pourtant qu'un seul bloc, un seul tableau, dont seuls les nuances sont changeantes. Si les couleurs varient légèrement, le trait de pinceau, lui, est identique, répétant son mouvement mécanique dans l'esprit au fur et à mesure que la musique s'écoule dans celui-ci. Tandis que l'image se bâtit en un for intérieur pendant ces trente minutes, les couleurs chatoient devant les yeux, dérivées du pourpre, un peu rousse, presque rouillée, voire parfois noire. Le noir laqué, teintée d'une écume roussâtre que prend la mer lorsque la lumière solaire se retire. Le noir de la tourbière, éclairci de temps à autre par la droséra rouge vif, le chardon violacé et l'herbe longue roussie et jaunie par les aléas.

Et l'aigle qui échange ici son glatissement contre un croassement bien particulier, se faisant la voix des héritages et des histoires qui errent dans le vent de ces îles, depuis bien longtemps. Porté par un vent aux rythmiques changeantes, mais toujours avec douceur, ne malmenant que peu l'oiseau aux cris douloureux. Et les vagues de se déformer sous les coups doux mais fermes du vent, offrant leur nature inconstante aux caprices du peintre, guidée par les plaintes de l'oiseau.

Car c'est la mer qui ouvre cet EP, les fracas d'une vague pourpre sur les côtes de l'île venteuse**, et c'est la mer qui vient le clore, l'artiste abandonnant sa toile à la volonté de l'eau, tandis que l'aigle plane, seul.

*Iolaire signifie aigle en gaélique écossais.

**Eilean Sgitheanach ou littéralement, l'île venteuse, dans cette même langue.

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