Putain quand on voit les écrits de certains, on se dit que le milieu Metal est quand même bien sexiste. Je sais bien que le genre est à dominante masculine tendance gay mais woh.
"De toute façon les femmes sont pas faites pour ça c'est pas étonnant qu'elles aient que des rôles de cruches chanteuses lyriques traitées comme dans le milieu Rap et R'n'B tralala, physiquement c'est pas possible de jouer comme un mec, ni d'avoir la voix, patati patata va faire la cuisine salope lol". Combien de fois j'ai vu ce genre de trucs débarquer dans des Q/R sur le site quoi (voire des chroniques de Canard WC, encore pire).
Certes, ces derniers temps les frontwoman se développent et se démocratisent, mais c'est toujours du "Olalala c'est ouf qu'une femme arrive à faire ça j'aurais jamais pensé !". Il suffit rien que de voir tous les collégiens en chaleur qui se branlent sur ETHS et ARCH ENEMY en pensant que c'était pas possible qu'une nana growle comme ça. Alors que chez NUCLEAR DEATH c'était le cas depuis 1990, même si j'avoue que c'est quand même méga pourri comme groupe (m'allez va falloir que je chronique ça un jour quand même...).
Et du coup, allez bien vous faire foutre, aujourd'hui au programme : un one-woman band de Brutal Death US. Et vlan, nique les rageux, comme quoi.

Vouaip, et la jolie nana en question s'appelle Samantha d'ailleurs, et a désormais rejoint les rangs du groupe de Slam GUTTURAL SLUG qui gagne du coup soudainement un intérêt. Et son projet FIGHT THE DEMIURGE n'en est pas à son coup d'essai d'ailleurs, ayant débuté dans une veine Deathcore/Groove comme un groupe complet mais étant désormais intégralement repris par sa leader, seule aux manettes. Et le moins qu'on puisse dire c'est que ce bon petit EP d'une quinzaine de minutes sonne admirablement bien et remet les pendules à l'heure de partout, au cas où on n'aurait pas compris que les couilles ne sont absolument pas un pré-requis pour être gras. Parce que voilà, quand une jolie petite nana de 21 ans sort comme ça son propre album, toute seule indépendamment, mixé à la maison, en enregistrant toutes les parties de guitare et de basse, ben ça force le respect, et puis j'adore cette pochette vachement typée comics.
Donc on se retrouve avec quelque chose de pas du tout si classique que ça dans l'approche, qui s'écoute tout seul et surprend. En versant dans une sorte de Brutal Death assez classique dans les sonorités au premier abord, dans les veines modernes qu'on connaît, alliant un riffing totalement Old School à une prod au grain actuel et synthétique, pour un rendu suffisamment riche pour avoir un reviens-y franchement pas dégueu.

On commence le tout par une "The End Of Things" bien plus typée -core que tout le reste de l'opus réuni, mais pour une fois dans le bon sens du terme, et on a de quoi faire tous les constats : ouais, ça tcharcle bien, ça donne envie de se taper dessus quand ça tente de mosher, mais surtout ça contient masse de bons riffs et petits mélodies discrètes GORGASM-style qui colorent le tout d'un doux fumet d'apocalypse en marche. On rajoute à ça une boîte à rythme qui s'assume totalement en temps que machine en pilonnant bien comme il faut, des grosses latences dissonantes et un chant... Hum, on avait déjà eu affaire à CEREBRAL BORE, ben là c'est réitéré, comme quoi la pomme d'Adam sert effectivement strictement à rien quand il s'agit de faire du chant extrême : ultra brutal, vomi, gras, typiquement Slam glaireux et putride, juste parfait et ne nous donnant aucune indication de base comme quoi l'auteur de ces borborygmes se prénomme Samantha.

Et du coup vas-y que ça t'écrase la tronche quand ça se met à slammer dans les règles (BOUM "Blinded" dans ta face) ou bien que ça galope épiquement dans des riffs Thrash/Death classiques mais pire qu'efficaces (le tube de l'album "Annihilation" qui fait sortir les hachoirs). On sent que notre petite charcutière sait ce qu'elle fait et ne fait rien d'autre que nous refiler une série de compos simples, pas techniques pour un sou, mais toujours bien mémorisables, chaque riff se faisant accrocheur, chaque petite mélodie bien troussée arrivant pile quand il faut donner pour l'ambiance qu'il faut, tout en nous scotchant son flow ultra guttural dans la face et une brutalité de tout instant qui fout le feu et met la pêche. Mais merde quoi, aller boum l’enchaînement "Parallax"-"The Coming" qui constitue le sommet, tout est dit, tout est regroupé, vous écoutez ce morceau-là et vous avez compris le projet, faire son petit album dans son coin, prouver au monde que ce genre de trucs est accessible à quiconque se bougera un peu. Et quand c'est réussi de la sorte, eh ben c'est beau.

FIGHT THE DEMIURGE ne transcende rien. Ne défonce pas toute la concurrence, n'atteint aucun sommet. Mais pourtant, bon sang que cet EP fait plaisir à écouter. Parce qu'on sent que c'est juste le fruit du travail d'une passionnée, qui a fait son machin avec amour, le plus seule possible, juste pour sortir sa propre œuvre, ses morceaux à elle, son condensé de ce qu'elle aime dans le Metal à tendance brutale de maintenant. Un petit morceau du cœur d'une jolie jeune femme. Certes il est bien gras, puissant, compressé et slammant la gueule comme morceau de cœur, mais bon, ça reste totalement touchant et réalisé avec tellement de talent qu'on en veut d'autres comme ça.
Merci Samantha, surtout ne change rien et peut-être qu'un jour je viendrais demander ta main et te faire des bébés. Surtout si à côté de ça tu fais aussi du Doom avec ENNOEA et BROKEN ANATOMY. Graou keur keur.

Et le mieux dans tout ça c'est que ça se télécharge gratos sur le Bandcamp associé. Alors hein non mais euh.

Du coup 4/5 parce que désolé mais plus on aura d'opus de ce genre sur le marché et mieux on se sentira tous. Total soutien.