Tous les groupes de musique n'ont pas les mêmes intentions et celles de BLASPHEMATOR sont assez directes : de la musique qui poutre. Une musique extrêmement efficace dont l'objectif final est de retourner vos vertèbres.

Lorsque l'on pense à Black qui poutre, on a tendance a se diriger vers le Bestial Black, avec des groupes comme BLASPHEMY ou ARCHGOAT. Une production innommable (pour ne pas dire absente ), des riffs atonaux et amélodiques, une bonne grosse double pédale et... des chèvres. Et bien BLASPHEMATOR, c'est pas vraiment ça.

Le son est beaucoup plus carré, propre. Le registre est différent, puisqu'il s'agit ici de Black Metal largement teinté de Death. Exit donc les riffs lancinants et monocordes, on préfère des motifs beaucoup plus efficaces, bien plus propre à faire bouger la foule. Et ce "First Blasphem" en est rempli. L'un des premiers riffs du titre "First Blasphem", par exemple, illustre parfaitement cette notion, développé aux alentours des deux premières minutes. C'est un condensé d'efficacité, qui alterne avec des riffs un peu plus sauvages, un peu plus bruts.

Malgré tout, les ambiances développées par le groupe sont plus poussées que sur un album de Death old school classique : on perd peut-être ici en efficacité, mais on gagne beaucoup en profondeur. Les mélodies développées dans "Buried" sont excellentes, et donnent une véritable atmosphère au titre, notamment sur la fin, où les parties de lead un peu plus détachées laissent une ambiance un peu âcre s’éveiller et s'étaler.

Malgré cela, l'on peinera parfois à être transporté totalement par la musique du groupe. L'équilibre entre les riffs plus ambiants et les riffs faits pour déglinguer n'est pas parfait. Les transitions sont peut-être parfois un peu brutales, et vous projettent hors de la musique du groupe. Car la musique du groupe semble vouloir se montrer massive, mais se déforme un peu trop facilement. C'est peut-être dû au manque de soutien qui transparaît parfois au travers de certains riffs. Plus clairement : il y a un grand contraste entre certains riffs très denses, dignes héritiers du Black, et d'autres plus rythmiques, complètement assumés Thrash/Death. Mais ces derniers sonnent parfois un peu creux lorsque l'on les compare à leur homologues noirâtres. Il leur manque un soupçon de massivité, mais qui, mal dosé, leur ferait perdre toute efficacité.

Par exemple, les ralentissements aux environs de la quatrième minute et à la fin de "Dunwich" font un peu pâlir l'excellent riff du morceau. Celui-ci, et sa syncope descendante finale, répété durant le morceau développe une ambiance sombre et marécageuse, un peu comme est dépeinte le village dans l’œuvre de Lovecraft. Les accélérations qui entrecoupent les apparitions du riffs vous donneront des douleurs à la nuque. Mais la façon dont est introduite puis jouée la fin du morceau, laisse un peu l'oreille dubitative. Le contraste est trop sec durant toute cette phase finale, et peine à prolonger l'ambiance subtilement développée durant le début du morceau. Et étrangement, cette fin de morceau est bien moins efficace que le reste du titre, alors que les ralentissements sont pourtant propices à asseoir de telles velléités.

C'est un peu le souci de ce "First Blasphem", tiraillé entre de très bons riffs qui créent une ambiance, et des passages plus lourds qui s'opposent curieusement aux atmosphères sombres du groupe. Le mélange n'est pas toujours très bien dosé, mais cette démo s'avère toutefois très plaisante à écouter, et présage de très bonnes choses à venir.

Somme toute, BLASPEMATOR n'a pas réussi à me toucher avec ce "First Blasphem" parfois un peu trop contrasté. Les envolées mélodiques de "Buried" ou les riffs ultra efficaces de "Dunwich" sont toutefois très bons, et laissent transparaître une volonté de créer des ambiances tout en voulant brutaliser vos vertèbres nucales. Un premier jet parfois maladroit, parfois touchant, souvent très efficace, et des morceaux qui promettent de beaux headbangs en concert.