Les déesses du Rock ... Bah les gars je ne sais pas si vous étiez déjà nés à l'époque, mais si tel n'est pas le cas, demandez donc aux vieux metalleux de votre entourage s'ils connaissent les sœurs Turner. Pas de doute, la réponse sera un OUI rêveur sans doute timide car nombre d'entre nous n'ont jamais oublié les émois qu'ils ressentirent à la vue des premières vidéos de Jody, Julie et Tracey. Rendez-vous compte qu'à l'époque à part Joan JETT, il n'y a guère que les incorruptibles de GIRLSCHOOL pour braver les interdits machos qui enserrent le Hard Rock.

L'histoire de ROCK GODDESS débute dans la maison familiale des Turner dans le sud de Londres à la fin des seventies. Papa disquaire place très vite guitare et batterie dans les mimines de ses filles. Les nanas ados recrutent Tracey, une pote de classe, ainsi naît un groupe aussitôt drivé par les réseaux de Papa. Les années passent, l'obstination dont elles font preuve porte ses fruits : après une apparition au festival de Reading, A&M leur signe un premier contrat et c'est le prestigieux Vic Maile qui se retrouve à la production de leur premier album éponyme. Nous sommes sous le règne de la NWOBHM, la glorieuse année 1983 pour être précis.

Le titre "Heavy Metal Rock'N'roll" est choisi pour porter les espoirs des filles dans les charts. C'est hélas un des titres les moins originaux de la galette, même s'il est sympa. Plutôt moins agressif que les autres, il ne permet pas aux nanas de passer le cap du stage act, même si les vidéos sont bien sûr remarquées. "My Angel" est chargé de poursuivre les hostilités, on y retrouve plus la patte de Jody Turner, chef d'orchestre du groupe malgré ses 19 ans, elle force sans doute trop sur sa voix, mais elle plaît aux hardos, agressive et directe comme il convient, et son jeu de guitare, bien que limité, remplit finalement bien son office, on a droit à quelques soli forts probants ("Heartache!"). Tracey la bassiste devient quant à elle le sex symbol majeur de ces années. Julie assure au tambourin mais reste à 15 ans encore un peu détachée des contingences de la vie de rock star, son statut de mineure -15 ans - ne lui permet en outre pas d'assurer beaucoup de concerts.. Handicap majeur s'il en est.

J'aurais personnellement choisi d'autres titres comme single : ainsi "Heartache" dépote super bien et présente les points forts du groupe plus de trente années plus tard ça défonce toujours autant ! ou la très rythmée "The Love Lingers Still" au superbe refrain. du Hard Rock eighties très rentre-dedans... Certes la production n'est pas récente mais les compositions ont leur petite patte, Jody avait un talent certain pour trouver des mélodies et n'était pas que la fille à son papa. Voyez par exemple la mignonne "Take Your Love Away", ses chœurs aériens, son solo dynamique et ses rythmiques de béton. Ouais ça avait une drôle de belle gueule en 83 ! C'est du concis, rarement au-delà des 4 minutes : "Satisfied Then Crucified" pourrait être un morceau de SAXON, nous avons aussi l'efficace et lancinante "Start Running".

Au final, il faut bien admettre que malgré la difficulté de s'imposer dans un milieu pareil, les nanas ont fait un sacré score ! Et les "À poil' du début des concerts se muent toujours subitement en adhésion franche et massive. Un album de jeunesse, frais et carré, à retenir pour l'histoire et le souvenir vivace de Jody Turner toute de cuir vêtue, sexy et agressive, délivrant des soli devant des parterres de mecs extatiques ...