Neuf mois à tourner en rond quand on a promis à tout le monde que "mais si on va s'en charger", c'est se foutre de la gueule du peuple. Ce délai beaucoup trop long pour une des sorties Black Metal majeures de 2013 me permet cela dit de la caser en Archives et ainsi de décaler sa découverte par tous les Kevin de première classe déguisés en poulet, qui fréquentent malheureusement ces pages, en juin prochain lors de leur programmation au Hellfest 2015 (je prends les paris).

Le retour de CULT OF FIRE sur la scène fut néanmoins loin de passer inaperçu et c'est ainsi que la hype fit son petit chemin dans le milieu BM, vantant les mérites de cette formation tchèque reconvertie soudainement au culte hindou. Chose pas si nouvelle dans le milieu Extrême, laissez-moi rappeler WITCHRIST et NECROS CHRISTOS à votre mémoire. Cependant, là où les présents intéressés vont plus loin et apportent du neuf sur la table (ce qui leur a permis de faire le buzz on s'en doute) c'est dans l'apport d'instruments traditionnels et de séquences religieuses psalmodiées ("Samhara Raktha Kali", "Kali Ma" au piano merveilleux, "Burned By The Flame Of Divine Love"). Au revoir la République Tchèque et bonjour l'Inde ? Pas tant que ça, le chant reste quand même en grande majorité dans leur langue natale et si traduction il y eut, ce fut plus pour coller au "concept" et insuffler une atmosphère au — superbe — livret qu'autre chose. En outre, CULT OF FIRE n'a pas changé son modus operandi. Amoureux de la mélodie (qui te prend à la gorge sur "On The Funeral Pyre Of Existence"), mais également chef de guerre à la force de frappe détonante ("When Death Is All", "Shava Sadhana"), les dégâts s'avèrent collatéraux lorsqu'il se met à mixer ses deux cartes maitresses ("Khanda Manda Yoga" faisant tomber la larme de la reconnaissance du génie et serrer le poing à tous les coups).

A vrai dire, la maigre discographie des Tchèques est un excellent prétexte pour discuter de ce qui fait un bon album, des différentes manières d'y parvenir. D'un côté on avait "Triumvirat", alignant les tubes comme les victimes et ici "Ascetic Meditation Of Death" (traduction de "मृत्यु का तापसी अनुध्यान"), un disque d'ambiance. Toutes les pistes ne font pas mouche, mais la problématique est ailleurs. L'important n'est plus de soulever à tours de bras mais de faire voyager. Et si de chef de bataille "terrestre" CULT OF FIRE est passé au rang de divinité ordonnant la guerre sainte c'est pour mieux étaler son discours tout le long de la galette, laisser infuser son venin, laisser l'odeur de l'encens se répandre et hypnotiser. Ce deuxième opus joue la carte de la cohésion, de la cohérence et de l'évasion.

Apportant de nouvelles saveurs à sa recette, CULT OF FIRE nous prouve encore une fois qu'il est un combo à forte personnalité. Et si je garde une petite préférence pour leur premier album en terme de plaisir d'écoute, "Ascetic Meditation Of Death" a le mérite d'être ambitieux, intense et diablement bien construit. Du Black Metal intelligent, accessible, rayonnant de toutes parts. Un mysticisme occulte et par là même intriguant puisque diablement étincelant.