Ce qui est bien avec "Embalmed Existence", c'est qu'il est tellement symptomatique, tellement typique, qu'on a juste même pas besoin de l'écouter pour le chroniquer. Presque.
Genre c'est l'album qui te dit, en grosses lettres en gras police rouge qui clignote :
DEATH US DES NINETIES PUTAIN DE MERDE. ALLEZ ÉCOUTE- MOI.

Genre y a tout. RESURRECTION, c'est des mecs qui ont débarqué avec plein de morceaux sous le bras et mis le paquet partout pour avoir TOUS les trucs en vogue du moment et faire de leur album une pierre angulaire. Genre ils ont juste repiqué tout ce qui marchait à fond, tout ce dont on se souvient comme typique de la scène.
Du coup on retrouve dans le line-up l'énormissime batteur Alex Marquez (qui officiait alors chez les excellents SOLSTICE, les terribles DEMOLITION HAMMER et les tueurs de MALEVOLENT CREATION, ça fait un sacré paquet ouais). Le groupe a donc par là-même signé chez Nuclear Blast pour avoir une bonne distribution et truster les charts, comme tout le monde à ce moment-là. Et comme ça suffit pas, fallait absolument que le son vienne du Morrisound Studio sinon c'est pas drôle, et la pochette de Dan Seagrave aussi hein. Certes très jolie mais accusant un sévère travail à la chaîne en cette époque. Et du coup c'est bon, toutes les chances sont de leur côté, plus qu'à balancer "Embalmed Existence" et marquer son époque, surtout que c'est bourré de compos qui défoncent, que ça tcharcle grave, vas-y RESURRECTION est désormais officiellement un groupe culte dont tout le monde parlera encore 20 ans après.
Bah oui mais non, c'est pas comme ça que ça se passe. Les mecs, le Death Metal c'est pas la Star Academy hein, ça suffit pas de faire les marioles. Quand on révolutionne rien, on passe dans la seconde division, et c'est bien embourbé par là-bas, surtout quand on reste pas sur sa lancée et qu'on splitte quelques années après. En 2014, tout le monde a oublié RESURRECTION, le come-back avec un album tout juste passable n'ayant pas suffi.

Mais pourtant, c'est bien sympa comme matos. Parce qu'à mettre le paquet comme ça, fallait bien que ces gars arrivent à nous sortir un truc correct. Si on excepte le fait que les courts samples foutus partout en intro tapent sur le système, "Embalmed Existence" est même carrément un bon album qui ravira les mordus de Death Metal. Parce que c'est surpuissant (bawi Morrisound), parce que ça cogne dur avec une brutalité surprenante (avec un batteur pareil y a intérêt aussi, c'est la foire à la double pédale de la mort) et beaucoup beaucoup d'énergie et de conviction. Enfin voilà, pour les gros fans de trouzième division qui bouffent le matin du MONSTROSITY, du BAPHOMET ou du BRUTALITY y a de quoi être aux anges. Rien qui réinvente quoi que ce soit mais c'est vraiment super bien branlé et les gars derrière y croient dur comme fer et ça s'entend. Et du coup ça envoie la purée de derrière les fagots, les intros des morceaux claquent bien systématiquement pour nous clouer au siège d'office (n'allez, le hit "Rage Within" et ses plans de batterie bien sympathiques), bref ça dégomme par packs et même si c'est pas transcendant c'est suffisamment soutenu et urgent pour mettre d'accord.

Certes le groupe est assez relou à toujours caler un ralentissement pas top juste après une intro pied au plancher qui encule. Certes le chant plus proche du Thrash/Black qu'autre chose et avec une réverb' bien prononcée gave un peu là où un vrai growl gras aurait eu bien plus de charisme. M'enfin on va pas râler. Parce que quand un groupe accouche d'un titre en mode char d'assaut comme la boucherie en règle "Torture Chamber" qui aurait totalement eu sa place sur le "Leprosy" d'un certain DEATH, ben ça va on fait pas la fine bouche. Et on enchaîne sur "Eyes Of The Blind" qui nous fait rejaillir des influences BOLT THROWER avec toujours un jeu surprenant de Marquez qui nous utilise ses cymbales de manière totalement inattendue. Enfin bref, chaque morceau est structuré de manière balisée et normalisée, sans génie aucun mais pfiou ça produit son petit effet. Allez, on retient également le titre final "Pure Be Damned" en véritable hymne au headbang qui thrashe comme il faut et s'impose comme l'une des grosses tueries de l'album, et on oublie la reprise de KISS ultra poussive et hideuse pour finir sur une note positive et voilà. Et le bilan est carrément positif, y a de quoi se faire plaisir et c'est ce pour quoi on a signé.

Bref, RESURRECTION c'est totalement opportuniste. C'est un archétype, un cliché vivant, une overdose de 90's US Death. Mais derrière ça gère et ça cogne, ça y va fort sur la double, c'est rapide et nerveux et doté d'une lourdeur et d'une puissance n'ayant pas pris une ride. Et rien que pour ça ben ça vaut le coup d'oreille, parce qu'on crache jamais sur du travail bien fait, tout simplement.
Du coup voilà. Si vous cherchez un vieux truc apte à vous défoncer la tronche et montrer que c'était mieux avant, n'allez pas plus loin. Y a la technique, y a la puissance, y a tout ce qu'il faut sauf la personnalité. En fait le seul tort qu'a pu avoir "Embalmed Existence" c'est de sortir pile au milieu de tout le monde quand il faut pas et d'avoir beaucoup trop joué des coudes pour tenter de s'exposer.
Que quelques 20 ans après quelqu'un donne à ce gentil petit skeud tout l'amour dont il a toujours eu besoin. Au fond malgré une reformation totalement dispensable, il le vaut bien.

NoticeMe : On prend tout ce qui fait le Death des années 90 aux US, on y rajoute de la vitesse et de la puissance et on est content. C'est déjà franchement bien.

3,5/5.