Les split-CDs, toute une histoire. Panache de l'underground baveux,consistant au choix en bataille rangée de jeunes loups ou d'un tutorat par une pointure. Activité peu médiatisée mais toujours florissante et intéressante. Nous voilà donc en compagnie d'un objet fraîchement sorti des studios de part et d'autre de la planète. Au programme, un affrontement sans merci entre pas moins de cinq jeunots un minimum expérimentés, officiant tous dans le Death Brutal mais unis dans une disparité stylistique et géographique. Trêve de blablas, QUE LE COMBAT COMMENCE !

ANTROPOFAGUS

Fort d'un album dans un passé assez lointain, les ritals d'ANTROPOFAGUS ouvrent le bal, célébrant une reformation qu'on espère fructueuse. Et y'a pas à dire, ça démoule bien. Les deux morceaux proposés ici sont servis par un son énorme et puissant, au service d'un niveau technique impressionnant. Le style du groupe se situe au point de rencontre de SUFFOCATION et CRYPTOPSY, avec les changements de rythmes brutaux, le batteur carrément bluffant et le vocaliste dont la voix reprend le timbre et le débit de Frank Mullen associé au guttural et aux gimmicks de Lord Worm. On y ajoute un zeste de ralentissements moshisants à la DYING FETUS, un démarrage supersonique pour "Eternity To Devour", et on tient là une formation à suivre de près. La barre est donc placée très haut pour cette ouverture efficace comme c'est pas permis. Et plus dure sera la chute...

PUTRIDITY

...pour les seconds Italiens putrides. Je vais pas y aller par quatre chemins, cette partie du split est carrément médiocre. Déjà ils souffrent carrément de la comparaison avec le concurrent précédent tellement la prod' est pourrie (son de guitare grésillant, aucune puissance ni lourdeur, on entend à peine la batterie...). Mais la musique est encore pire. Déjà, ils nous proposent qu'un seul morceau personnel, l'autre étant une reprise du groupe de Death le plus surestimé de la planète. Et le pire, c'est que cette reprise écrase totalement la compo du groupe. Harmoniques sifflées insupportables partout, riffs nazes, débiles et impersonnels, niveau technique au ras des pâquerettes, vocaux grognés gutturaux mais manquant de coffre... Une seule chose à sauver, la slam part vers la fin. Grasse et lourdingue comme il faut. Dès que ça accélère, poubelle. Berk. Gros caca putride ouais...

PRION

Hop, voyage instantané jusqu'en Argentine. Forts d'un premier album excessivement brutal et intense, très influencé HATE ETERNAL, PRION m'a totalement surpris ici. Le Death pratiqué est fumant, démoniaque. Presque black/death. On sent les vapeurs sulfureuses d'IMMOLATION, avec un travail sur les dissonances semblable, tout en gardant un côté impérial proche de VADER et on se la joue evil façon MORBID ANGEL. Toujours violent et intense, le Death rougeoyant du nouveau visage de PRION m'a ici bluffé. Le chant est lui hurlé, déchirant et possédé ; les blasts règnent en maîtres et rajoutent une couche de brutalité supplémentaire à un ensemble sinistre et compact. Fièrement assis sur un trône de Metal noir scintillant, la partie sud-américaine du split est conquérante et écrasante, toisant les autres formations d'un regard empli de haine et de fureur non contenue. Le grand gagnant pour ma part, formation à suivre.

INFECTED FLESH

Ah, un autre groupe que je connaissais. One-man band au dernier album absolument risible. Tiens, mais c'est qu'ils sont deux maintenant. Intéressant. Et hop, tous mes préjugés balayés. On reste toujours dans le Death puissant mais une influence plus gore (mais pas grind) fait son apparition. Toujours dissonant, aux riffs biscornus à la SIKFUK, et doté de vocaux gluants dégueulasses, INFECTED FLESH contient la dose de cradingue du split. Plus gerbouleux que tout le reste réuni, dégoulinant tout en restant très propre sur lui, accentuant le groove autant que possible au détriment de la brutalité excessive (le blast reste présent mais a ici un son mat atténuant bien la violence physique), on est même surpris d'entendre sur "Ancestors Of The Scalpel" un très bon mais très étrange solo, venant apporter une vraie bouffée d'air frais là où on commençait à suffoquer. Bonne redécouverte, à suivre également.

MASS INFECTION

Hop, le concurrent final. Des Grecs maintenant, qui pratiquent de l'old school efficace et brutal à défaut d'être personnel. On pense beaucoup à MORBID ANGEL et surtout leurs compatriote de DEAD CONGREGATION. Le climax n'est donc pas au pique-nique de l'amour, on garde un niveau technique élevé et un riffing sinistre sur une vitesse d’exécution brutale que la production n'honore pas (la caisse claire n'a strictement aucune puissance). Et du growl classique d'outre-tombe, évidement. Très bon, certes, mais le Death se la jouant trop evil dans la veine des groupes cités précédemment a tendance à vraiment m'emmerder, j'y peux rien c'est comme ça. Donc je recommande chaudement tout en n'y ayant pas particulièrement pris mon pied.

BILAN DE L'AFFRONTEMENT :

Vainqueur par KO: PRION
Mention du jury : ANTROPOFAGUS
Loupe de peu le podium : INFECTED FLESH
Bouh t'es nul : PUTRIDITY