Lorsque j'ai introduit pour la première fois le bout de plastique dans ma chaîne, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. Je savais juste que FESKARN était étiqueté Viking Metal, un des genres les plus obscurs à ma connaissance concernant la musique jouée. Le terme s'applique aussi bien à AMON AMARTH et à son Death Mélo, à WINDIR et son Black Atmosphérique, ou même à BATHORY, et son Black de la première vague. Non, je dois l'avouer, j’étais paumé (je m'attendais à du Metal Extrême, mais après ?). Et lorsque les premières notes de l'intro ont résonné, je dois avouer, je n'ai pas pu m’empêcher de sourire. Un synthé avec un son aussi kitsch, si cela avait été du Black, on avait encore quelques chances. Mais en Viking Metal ? J'allais passer un mauvais moment.

Au bout de la première écoute, que dis-je, au bout des trois premiers morceaux, on sent que quelque chose ne va pas. Ce n'est pas le synthé kitsch à en mourir avec ses sons de glockenspiel immondes, ce ne sont pas ses riffs pauvres, ce ne sont pas ces sons de batterie triggés, ou encore moins la voix claire et ses envolées ridicules. Non, c'est autre chose. C'est le son général du truc. On a pas l'impression que les chansons proviennent du même album en fait. Je sais bien que c'est de l'auto-production, j'aime bien le lo-fi, je trouve que ça donne une saveur particulière aux albums. Mais ici, la production n'est pas cohérente entre tous les morceaux ! Il n'y a pas d'unité de son, la sonorité des instruments n'est pas homogène durant l'écoute de l'album. Certaines chansons sont mieux produites que d'autres, et cela ne rend pas le résultat plus agréable à l'oreille.

En effet, si certains groupes de Viking Metal peuvent se targuer d'une production lo-fi qui les met à leur avantage, c'est que leur musique en elle-même est plus brute, plus proche de ses racines Black. Mais FESKARN puise la base de ses compositions dans le Death Mélodique finnois, sur laquelle sont superposés des éléments Folk (notamment de la harpe juive et ce petit son de glockenspiel absolument agaçant), amené d'une manière un peu gauche, un peu pataude. Le mélange peine à prendre, on ressent à l'écoute cette sensation de composition non achevée, mais surtout, de non-originalité.

Car c'est bien souvent cela le problème, dans les groupes de Folk Death Metal. La recette peine à se réinventer, on a l'impression d'écouter souvent la même chose, d'une manière plus ou moins bien faite, avec des compositions plus ou moins subtiles. Et FESKARN ne fait malheureusement pas sans la subtilité.

Mais je ne suis peut être pas le mieux placé pour critiquer cet album. On sent de l'envie, l'envie de promouvoir ce côté festif, un peu à la manière d'un KORPIKLAANI, de déclamer la joie de vivre, de ne pas se prendre au sérieux, de dépeindre des frasques épico-comiques. Le bonus "Too Many Beers", où l'on ne cesse de nous répéter :
"Many beers, many beers
Too many fucking beers
Too many fuckin beers
Motherfuckin beers"
devrait vous suffire à comprendre l'ambiance voulue sur cet album. Le tout sur un fond absolument pitoyable de synthé et riffs mous.

Mais certaines chansons ne sont pas si mauvaises. Bien que toujours très ridicule, le duo "Livet I Norden" et "Östra Aros" relève un peu le niveau de l'album. Les éléments Folk sont ici mieux imbriqués, les riffs un peu plus incisifs, les structures un peu moins linéaires. Suffisamment bonnes à côté du reste pour réussir à vous faire terminer au moins une fois l'écoute de l'album.

Non, je ne suis sans doute pas le mieux placé ici pour chroniquer cet album. Mais merde quoi. Un énième clone de plus, rabaissé par une production pourrie, et hissant la bière au sommet des achèvements de l'homme. Une fresque ridicule, l'épique tué par le comique, sous le regard incrédule et tragique de son auditeur. Passez votre chemin.