Je vous ai déjà parlé de Rogga Johansson. Mais si, y a pas longtemps en plus, avec son nouveau RIBSPREADER pas terros. Ben juste histoire de vous prouver le niveau d'hyperactivité chronique du monsieur, je vous présente maintenant le second album qu'il a sorti à même pas 1 mois d'intervalle et qui joue cette fois dans une catégorie toute autre.
Parce qu'on a vu que notre Rogga tout seul avec ses mercenaires, désormais il arrivait un peu à rien. Sauf que là c'est MEGASCAVENGER, autrement dit le projet où il ramène le plus de potes possible. Ce qui nous avait déjà donné un premier album sympa mais pas inoubliable. Et du coup on remet ça avec un sacré line-up qu'on peut voir là sur la droite et duquel on va de toute façon parler d'ici pas trop longtemps. On est parti ? On est parti.

Tout comme le JUST BEFORE DAWN dont je vous avais vanté les mérites, on est ici dans la formule 1 morceau = 1 chanteur. Donc on ramène du prestige et on fracasse la baraque.
Du coup c'est quand même toujours notre gentil Suédois qui compose tout, certes, et on reconnaît bien son sens du riff, mais là ça a le mérite d'être beaucoup moins balisé voire carrément surprenant et le beau bordel au chant a le mérite de renouveler constamment la formule, ou du moins de nous faire prêter attention à ce qu'il se passe derrière le micro à chaque changement de piste. Alors ça passe mieux. Par contre j'avouerais que je m'attendais pas à ça non plus au vu des forces en présence.
On fait toujours du gros Death en mode Old School aux riffs assassins. C'est carré, ça écrase la gueule en mode poids lourd, et ça démarre vraiment vraiment fort. Déjà le titre éponyme qui a la lourde tache d'ouvrir le bal. Rien que le fait que ce soit une belle références aux Montagnes Hallucinées, la plus grandiose de toutes les nouvelles de Lovecraft. Mais surtout ce mur du son, ce Death implacable qui se mute en BOLT THROWER des grands jours dés que ça s'accélère un peu. Impression carrément renforcée par la présence de Dave Ingram au chant bien évidemment, qui nous envoie son growl ultra typé qu'on aime tant. Bref, de quoi foutre sur le cul tout amateur de Death qui se respecte.

Si d'autres titres suivent également cette voie, tout particulièrement "Like Comets Burn The Ether" renforcée d'un Dave Rotten en grande forme, le reste de l'opus m'a cependant franchement désarçonné. Comme si je m'attendais à cette orgie de synthés kitsch sur "The Festered Earth" quoi. Au début je trouvais ça à vomir, mais on s'y fait, ambiance bien tordue au rendez-vous avec un Kam Lee qui nous fait du Kam Lee... Mais vas-y que ça continue et que "And The Death Set-In" verse carrément dans le Death Mélo mid-tempo. Pour tous ceux qui attendaient un album classique bien linéaire, voilà qu'on se prend nos quatre vérités dans la gueule.
Mais cette hétérogénéité est justement le gros point faible de "At The Plateaus Of Leng". Parce que ça part vraiment dans tous les sens et que la cohabitation se fait hasardeuse. Et cette orgie de chanteurs est jouissive dans un premier temps (merde quoi, enchaîner Ingram – Lee – Kloosterwaard – Van Drunen mais pfouah ce rêve de Deatheux) ça finit vraiment dans la boue quand on se tape en septième position le chanteur du groupe de Thrash NATIONAL NAPALM SYNDICATE qui a certes le mérite de changer radicalement de registre avec sa voix claire énervée mais n'a vraiment rien à foutre là et me tape sur le système comme pas deux.

On passera sous silence les deux derniers morceaux qui ne servent vraiment à rien et pourraient sortir de n'importe quel autre projet poubelle de Rogga (pas étonnant donc que ce soit lui et son batteur qui posent le chant dessus, façon d'assumer les titres faibles et de pas gaspiller un guest). Et on gardera donc ces 5 premiers titres qui arrachent tous la tronche de manières différentes. Les leads superbes de "The Mucus Man", les pistes 1 et 5 qui retournent les tripes et les deux pistes mélodiques apportant sang neuf toussa toussa. Donc on peut en rester là et exclure une seconde moitié d'album franchement moyenne s'écoutant assez péniblement. Et c'est quand même pas mal. Parce qu'avoir sous la main comme ça quelques 25 min de Death Metal de qualité avec 5 frontmen cultes et du riff à la pelle, c'est toujours bon à prendre. En tout cas moi j'aime bien et ça me va.

Mais bon, encore une fois, MEGASCAVENGER passe à côté de son potentiel : en ramenant plein de monde et en ne les utilisant pas tout à fait comme il le faudrait. Si Ingram et Van Drunen tirent leur épingle du jeu, pour le reste on reste un peu sur notre faim, car timbres trop proches parfois ou alors pas en adéquation avec le reste (Kam Lee n'avait juste pas sa place ici, et Järvenpää on en parle même pas), ce qui fait passer à la trappe tout le côté "Death Metal All Stars" et rétrograde l'opus à un simple solide album de Death Old School tendance Lovecraft simplifié en Suède.
Mais bon, comme je l'ai dit, ça reste franchement pas mal et ça prouve que Johansson sait encore nous faire des bonnes choses malgré son rythme soutenu et plusieurs gros crashs récents.
Alors on en profite. Ce serait dommage de passer à côté juste parce qu'on snobe un bourreau de travail.

Dream Team : une première moitié exemplaire, une seconde inutile, de belles choses, une tripotée de vocalistes, voilà quoi, on a assez de bon pour au final ne retenir que ça.