Les Américains de MECHINA portent bien leur nom : "Xenon" est leur troisième album depuis 2011 et leur quatrième en tout, de quoi les surnommer de vraies « machines » de production. Leur Death Indus martial, spatial et orchestral est pourtant un style peu évident à cerner pour un auditeur, alors je n'imagine même pas à la création ! Joe Tiberi, leader de la formation à la guitare et à la programmation, ne doit pas dormir beaucoup...

Il est difficile depuis 1995 de ne pas comparer tout combo Indus à FEAR FACTORY, surtout du côté de la voix claire, qu'utilise MECHINA, sous couvert de grattes acérées et de bidouillages futuristes. Certaines oreilles avisées reconnaîtront aussi le style de XERATH, groupe de « groovy orchestral » s'approchant du boulot de MECHINA. Cependant, les Américains de Chicago tentent à leur manière de réinventer le genre en y injectant de brillantes orchestrations et des lignes thrashy et mélodiques marquantes, qui font de ce "Xenon" un album mature et attachant malgré la froideur de l'ensemble (Indus oblige).

Bon, les détracteurs de la voix déformée électroniquement ne prendront pas trop leur pied, comme moi qui préfère le chant sans filtre. Mais vous devrez vous y faire si vous désirez expérimenter cette musique foisonnante et organique, qui ne cesse de se métamorphoser plage après plage ; dès qu'on croit enfin la dompter et jouir d'un certain confort, MECHINA nous amène ailleurs. On passe ainsi de la ceinture de comète au calme suffocant d'une sortie en solo dans l'Espace.

MECHINA arrive aussi à verser dans la trame cinématographique en instaurant des climats variant de l'apocalypse au lyrisme gorgé d'espoir comme sur "Tartarus" et le chant féminin, que l'on retrouvera sur quelques morceaux. Une bonne idée qui, en plus de complexifier la machine, la rend plus sympathique. Et on a bien besoin de cette facette quand on écoute "Xenon", car les couches de notes peuvent saoûler après un certain temps. Ça m'est arrivé, j'imagine que je ne serai pas le seul... À 50 ans minutes au compteur, apportez vos réserves d'oxygène pour traverser cette orgie de riffs et de chœurs, ce ploumploum héroïque aussi consistant qu'une tartiflette le jour du Seigneur.

Je dois lever mon chapeau à MECHINA pour la vague cohérence de la tracklist, qui, sans complètement nous guider à travers cette galaxie, permet de ne pas nous y pendre. Les Américains ont bien divisé leur album, nous envoyant de gros titres au début et après la mi-parcours, gardant un ovni pour le milieu et deux brûlots avant la clôture atmosphérique. La balance du pouvoir ne penche donc pas trop d'un côté ou de l'autre, "Xenon" passionne autant de la tête à la queue.

Un album complet, contenant suffisamment d'éléments remarquables pour être fortement suggéré comme « découverte du mois ». MECHINA ne plaira pas à tout fan d'extrême, sa facture est trop imprévisible et clinquante, mais les ouverts d'esprit sauteront à pieds joints sur cette occasion de décoller dans la stratosphère et au-delà.

Note : 3,5/5.

Podium : (or) "Xenon", (argent) "Terrae" et (bronze) le duo de « quickies » "Erebus-Amyntas".