Comme si le monde du Power Sympho à chanteuse n'était pas assez embourbé, DIABULUS IN MUSICA nous revient avec son troisième album depuis 2010. J'avais adoré le premier, "Secrets", aussi avais-je très hâte de reprendre le collier avec "Argia", une collection qui ne m'a pas trop déçu.

Premier constat : après trois albums seulement, DIM a de la difficulté à maintenir un line-up stable. La preuve : trois des cinq membres fondateurs sont déjà partis ! Ne restent que la chanteuse et musicienne de talent Zuberoa Aznares (wow, ce nom... sexy) et Gorka Elso (wow, ce nom... pas sexy), qui, vous vous en rendrez compte sur "Argia" offrent les meilleurs moments. Eux et le guitariste Alexey Kolygin (wow, ce nom... pas espagnol du tout), qui sait envoyer la sauce quand il le faut. Ce qui, pour résumer, devrait nous donner au bout du compte un disque assez lourd et mélodique, symphonique à souhait et mené par une chanteuse polyvalente.

L'intro cinématographique nous plonge dans un bien bel univers. La voix de Zuberoa s'échauffe tranquillement sur cet air rappelant des fresques telles "Braveheart". Ça donne envie tout ça, dites donc ! Et quelques dizaines de minutes plus tard, je reconnais le groupe qui m'a conquis il y a quelques années avant même que la première moitié de l'album se conclut. Le chant féminin et le gueulage d'Elso passent bien, alors que c'est loin d'être le cas dans tous les groupes, les compositions sont assez directes mais quand même étoffées, orchestrées juste comme il faut. Vous penserez entendre évidemment beaucoup de groupes du genre, mais si votre oreille n'est pas de mauvaise foi, elle se dira que DIM possède son identité propre. "From The Embers" devrait mettre tout le monde d'accord et satisfaire autant les fans du genre que les fines bouches.

Easy listening sans tomber dans le mièvre, "Argia" débute ainsi sur une bonne note. "Inner Force" pousse le bouchon un peu plus, alors que la superbe "Furia De Libertad" risque de convaincre ceux et celles qui doutaient encore que DIM a le potentiel de surprendre et de passionner. Morceau en montagnes russes, "Furia" présente de jolies lignes mélodiques, des orchestrations magnifiques et un refrain des plus entraînants. En plus, elle est interprétée en espagnol...

Le quintet n'est guère différent des autres combos quand vient le temps de foutre de la balade partout. Non pas que ce soit un reproche, "Maitagarri" et "Indigo" sont agréables et viennent insuffler une bonne dose de lyrisme... Plus qu'"Eternal Breeze" toutefois, qu'on croirait sortie des années 90. C'est selon moi le seul ratage quasi complet du skeud.

Là où on prend vraiment notre pied sur "Argia", c'est sur le milieu de l'album, qui offre des pièces accrocheuses, lourdes et vachement originales. "Spoilt Vampire", la claque "Mechanical Ethos" et l'épique "Encounter At Chronos Maze" prennent le contrôle du parquet et confirment ce que nous avions espéré grâce aux cinq premières plages : DIM n'est pas qu'un autre groupe de Power Sympho à chanteuse, il a des couilles et sait créer de vibrantes pièces sans écœurer. Les chœurs à la THERION sur "Argia" sont brillants et se collent savamment à la gueule symphonique des Espagnols. J'apprécie également leur audace, comme sur "Mechanical Ethos" et son riff Death Mélo scotchant.

"Argia" est enfin bien construit. Vous me connaissez, une tracklist bien balancée vaut cher à mes yeux. Eh bien, c'est le cas ici, avec un départ canon, un cœur de disque pompant tout le sang qu'il peut et une clôture assez mollo entrecoupée d'une dernière baffe en l'opératique "Healing". Je n'aurais pu mieux classer ces 13 titres afin de garder l'attention de l'auditeur pendant près d'une heure.

Vous aurez donc compris que sous aucun prétexte vous ne devez lever le nez sur ce groupe et cet album. Allez, ça vous changera d'EPICA, d'AFTER FOREVER ou de NIGHTWISH...

Podium : (Or) "Furia De Libertad", (argent) "Mechanical Ethos" et (bronze) "Encounter At Chronos' Maze".