Aaaaaah PURTENANCE... L'un des gros groupes cultes de la Finlande, avec un premier album qui a totalement marqué son époque et à la pochette kitsch des plus mmémorables. Mais globalement trop Doom et chiants pour moi, d'où le fait qu'ils ne figurent pas encore dans la base de données du site (Zodd si tu me lis...).
Du coup, vu que c'est la mode des comebacks ces derniers temps, il fallait pas laisser ce "Member Of Eternal Damnation" orphelin. Vu que juste 2 ans de carrière, pour un groupe pas encore totalement oublié en 2012, c'était vraiment pas suffisant. Et du coup, pof, reformation, et on envoie direct un bon petit EP qui m'a surpris dans le bon sens du terme. Et un an plus tard vient donc un nouvel opus. Et alors cet album... Pfouah. Woh la vache. Même avec une cover aussi superbe, je m'attendais pas à ça, genre pas à ce point, pas à ce genre, pas à une telle claque. Et je vais pas me plaindre.

Comme quoi y a pas besoin d'un Cthulhu, tant que c'est Lovecraft et que ça vient des océans ça fait l'affaire. Et pis Dagon il est cool aussi.
On oublie totalement le vieux Death/Doom de cimetière qu'on nous avait servi, maintenant on plonge au plus profond des abysses, sous les océans, une mer rouge de sang et de pétrole. On sent que SULPHUR AEON est passé par là. Donc désormais, plus question de faire frissonner les tombes, PURTENANCE fait trembler les murs et s'écrouler les donjons, pas question d'invoquer les grands anciens, ils sont déjà là et veulent tout écraser sur leur passage. Putain.
Si tout commence par une jolie petite intro bien Old School dans l'âme, on est surpris par un premier morceau complètement allumé. 27 sec au compteur, "Hatred" verse dans le Grindcore, tabasse, blaste, latte la tronche et pourrait être signé MORTICIAN. Oki, on a rien compris et c'est déjà fini, et maintenant on peut passer aux choses sérieuses. Ni une, ni deux, "Awaken From Slumber" est monstrueux. Dans tous les sens du terme. Tellement massif et grand qu'il fait peur, qu'il toise de haut et nous écrase dans le sol de son pied gigantesque.

Ce son ultra dense, cette voix ultra-gutturale en provenance du fond des enfers tellement basse et inhumaine, tout prouve que cet album est juste abyssal. Un mur du son de plusieurs litres, boueux, écrasant, dense. Une grosse ré-orientation vers le Brutal Death qui blaste, c'est souvent méchant et ultra compact, bien qu'on oublie pas à qui on a affaire. Si le tout est un énorme bloc implacable, on oublie pas d'aérer le propos parce qu'avoir une ambiance, et une identité, c'est cool. Et vas-y que ça envoie des riffs un poil plus Thrash pour un peu de légèreté dans ce monde de brutes informes ("What Was Hidden") ou qu'on renoue avec le Doom lumineux et funèbre (la fin de la gigantesque "Toxic Death", morceau charnière de l'opus) ou encore que ça en devient carrément épique et conquérant sur "Hour Of The Cannibal", pour contrebalancer la brutalité frontale et meurtrière du missile "End Of The Parasites" qui fait du mal par où il passe au vu de son niveau d'intensité... Et tout coule de source. C'est simpliste, basique, riffu, dodu, ça groove tranquillement, et ça latte la gueule les doigts dans le pif. Et on se fait gentiment enfoncer vingt milles lieues sous les mers par "Vaikka Paahtuisin Tulessa" qui sert plus ou moins d'interlude, ou le gros changement d'ambiance avec le final funèbre "Risen From The Grave" qui voit le vocaliste du groupe de Black/Thrash FLAME s'exprimer et tordre le tout pour un rendu bien plus glauque...

Mais merde. Cet album quoi. Putain. Ce bloc de violence, ultra massif mais quand même maîtrisé, très très brutal mais contrasté, et surtout carrément artistique. Réussir à faire bouffer aux gens un tel monolithe sans le moindre accroc est juste une prouesse. Une prouesse qui passe par ce son, ultra gras et saturé et à l'extrême limite d'être complètement illisible, mais qui réussit à passer en force (par contre putain je déconseille l'écoute en fichiers mp3 tout pourris, ça devient juste un cauchemar). Et ce chant basse fréquence qui veut piquer la vedette à la basse. Et ces riffs quoi, mais raaaaah. Une impression continue non pas de se bouffer un 45 tonnes dans la gueule, mais plutôt d'être le 45 tonnes. Et partir au front se battre contre d'autre atrocités. Si tu écoutes "Awaken From Slumber", tu deviens toi-même un putain de Dagon d'Assaut. Niveau badassitude, ça envoie du rêve quand même non ? Alors mange-toi ces quelques 37 min de bestialité ancestrale pure et ferme-là.

Des retours comme ça, on en veut davantage. Au départ ça semble mal barré mais finalement le groupe change totalement sa recette et se transfigure, laissant entrevoir quelque peu sa patte d'autrefois par certains riffs et leads, mais ayant complètement changé d'optique, radicalisé le propos, modernisé et changé l'approche. On passe d'un gros Doom Funèbre et écrasant à un énorme mastodonte de brutalité Lovecraftienne mesurant plusieurs centaines de mètres de haut et défonçant tout sans agilité mais avec une force et une fluidité déconcertantes.
En d'autres termes, pour moi un must du Revival et probablement le meilleur come-back de groupe "mineur" qu'on ait eu récemment, en tout cas bien meilleur que CONVULSE qui joue en déambulateur. En d'autres termes, c'est probablement le genre de Death Metal qu'on écoute à Innsmouth.

Y'ha-nthlei : Un album massif, surpuissant, sombre et fluide, faisant complètement péter les infra basses et signant l'un des meilleurs come-backs de la scène Revival.