« Cul Violé » voilà. C’est dit, lâché, comme un pet sur une toile cirée. Du Punk Hardcore suédois, la finesse à l’état pur.

Non eh, je suis mauvaise langue, les ANTI CIMEX ne sont pas partis dans des délires crades comme peuvent le faire des groupes de Gore/Porno Grind. Il faut plutôt prendre ce titre comme un « on se l’est tous fait mettre dans le cul et bien profond ». Oui pourquoi pas, mais par qui, me direz-vous ? Ah bah venant d’un groupe de Punk Hardcore/D-beat tirant sur le Crust c’est forcément par le système, le capitalisme, les puissants qui profitent de leur pouvoir en vivant la belle vie et en méprisant le peuple, etc.

Car il faut savoir un truc, tous ces groupes scandinaves très branchés Punk extrême sont des gros tarés aussi bien au niveau musical qu’au niveau idéologique. ANTI CIMEX, MOB 47, TOTALITÄR, AVSKUM, SKITSYSTEM, DISFEAR et tout un tas d’autres sont des modèles dans l’application de l’idéologie anarchiste dans le milieu Punk. Ces groupes sont des références pour tous les anarcho-punks radicaux qui vivent leurs idées. Alors ça se ressent, aussi bien dans les paroles, dans l’imagerie des groupes, que dans la prod.

Oh mon Dieu quand j’ai réécouté cet E.P je me suis retrouvée projetée 4 ans en arrière ! À l’époque je ne jurais que par le Crust, le Punk Hardcore, l’Anarcho Punk et le Grind, le tout forcément produit de façon totalement « DIY ». Ah bah oui, sinon c’était forcément commercial et donc les groupes étaient des vendus, leur message ne pouvait pas me toucher. Alors tant pis s’il fallait que je saigne des oreilles et mette 6 mois à comprendre les paroles d’une chanson, au moins eux c’étaient des True Punks, j’écoutais du True Anarcho Punk donc j’étais une True Anarchiste, CQFD ! Adolescence quand tu nous tiens…

Enfin bref revenons-en à ce « Cul Violé », vous l’aurez deviné la prod est dramatiquement dégueulasse. Bon en même temps c’est des True hein, ils ont autoproduit leur skeud alors c’est tout à fait normal. D’ailleurs bon nombre de ces groupes (ceux que j’ai cité en début de chro’), même en étant sur des labels (indépendants évidement) ont parfois un son de chiotte. On va dire que c’est ce qui fait la marque de fabrique des groupes Punk extrêmes scandinaves. On ne s’en étonne plus vraiment dans le fond, mais ça surprend toujours un peu quand même lorsque l’on plonge dans leur univers. Donc c’est super difficile d’entendre quelque chose.
Ce skeud peut se résumer musicalement par : « GRRRRRRRRZZZZZHZHRZHZHRHHHZHRZHZHHHR AAAAAAAH [Titre du Morceau] AAAAAAAH GRAAAZRARZRARZRAZRARZAZ ». Ça bourdonne à mort, les grattes sont ultra saturées donc elles forment un mur de grésillement. Heureusement d’un certain côté que les 5 morceaux ne durent qu’en tout 8 minutes… Dans ces conditions-là, il est donc difficile de vous parler de tel solo ou telle ligne de chant.

Cependant je ne veux pas laisser entendre qu’ANTI CIMEX ne fait que de la merde inécoutable. Les morceaux quand on arrive à passer outre les grésillements intempestifs, sont évidemment ultra speedés, mais ont tous la particularité de se distinguer les uns des autres. Et heureusement sinon quelle merde ils nous auraient pondu…

"When The Innocent Die", "Total Silence" et "War Machine" sont pour moi les plus inaudibles (néanmoins on distingue bien le refrain de "War Machine" au milieu de la cohue). Mais si on réfléchit bien, cet amas de violence est volontaire, de même que les refrains hurlés que Jonsson crache en même temps que ses intestins. Tout est mis en place pour montrer les atrocités de la guerre, les injustices et la souffrance des populations, et on le ressent parfaitement. "Cries Of Pain" et "Raped Ass" par contre sont les titres qui s’apparentent le plus au Punk Hardcore, le son est encore super saturé, mais le riff et les chœurs du premier morceau sonnent totalement Punk Rock. Idem pour le second, le solo pourrait sortir de la discographie de n’importe quel groupe Punk de la 1ère vague sans aucun souci, on sent parfaitement l’inspiration des Suédois, ainsi que leur volonté d’utiliser un son très Raw pour ne pas être assimilé à cette époque sur laquelle ils crachent.

Alors en 8 minutes on comprend tout le sens de ce "Raped Ass", sauf qu’à moins d’être constitué de façon étrange, et d’avoir la faculté d’entendre avec son séant, ce n’est pas le fion que l’on nous viole pendant dix minutes mais bien les oreilles. Dit comme ça, on n’a vraiment pas envie d’essayer, mais ça vaut le coup quand même, je vous assure. Subir un tel déferlement de violence et de haine, qui plus est, dirigé contre quelque chose de concret (il s’agit pas de dire « shit » et « fuck » pour le plaisir), et selon les avis, de nuisible, c’est défoulant et délectable. Mais pas trop longtemps non plus si on ne veut pas saturer, et pour cela cet E.P est pile dans le bon timing.