Hey vous là-bas ! Oui, vous là ! Approchez-vous, ne soyez pas timides ! Dites voir, comme ça, vous connaissez The CASUALTIES ? N’ayez pas peur de répondre, je ne me moquerai pas promis !

-Non ? Pas grave on s’en fout cette chronique ne porte pas sur ce groupe ! (1)
-Oui ? Bravo vous gagnez un point Punk, et je peux alors vous dire que vous êtes susceptibles d’apprécier le groupe chroniqué ici.

Car je vais aborder le sujet REJECTED YOUTH, un groupe d’Allemands (qui chantent en anglais ne vous étonnez pas) qui rappelle justement tous ces groupes de Street Punk, que certains qualifieront de posers à cause de leur tendance à l’over-looking (tels que The CASUALTIES, The UNSEEN ou encore OXYMORON pour les plus connus).

Mais avant une petite problématique se pose : Le Street Punk, concrètement, c’est très différent du Punk normal ?

Un petit peu, oui même si je dois reconnaître que c’est plus une histoire d’étiquette qu’autre chose car la catégorie est très vaste. Pour vous dire elle englobe aussi bien des groupes comme The VARUKERS ou RANCID, les premiers étant plus proches de DISCHARGE que les seconds. Bref disons que c’est du Punk de la rue (comprenez qui se veut prolétaire) et que cette vague a débarqué au début des années 80 pour protester et marquer une séparation avec la première vague Punk, trop gentille, élitiste et vendue pour certains. Donc dans le Street Punk on classe aussi bien les groupes de Punk Hardcore et d’Anarcho Punk, ainsi que tous leurs dérivés futurs (Crust, D-Beat, NYHC), que la Oi ! (plus orientée mouvement skinhead) ou encore le style qui portera le même nom que sa catégorie : le Street Punk. Musicalement celui-ci se différencie du Punk Rock par des riffs plus rapides, des soli plus mélodiques et des chœurs ou des sing-along empruntés à la Oi !

Voilà pour les aspects barbares. C’est cool je vous ai pas perdu en route ? Parfait on va pouvoir s’attaquer à l’album.

"21st Century Loser" est le premier album des Allemands. Ils l’ont produit juste après avoir effectué une grosse tournée en Allemagne en 2002. On sent dans leur musique les grosses influences du Punk Hardcore US ainsi que dans leurs paroles, celles-ci sont donc très orientées extrême gauche. Pour vous donner une idée on sent bien que les petits gars ont été élevés à grand coup de BLACK FLAG et de MINOR THREAT pour les lignes de chant et l’énergie déployée. Mais le côté joyeux et sautillant c’est chez les SUBHUMANS et autres PROPAGANDHI que le quartet est allé le chercher !

Ce mélange est parfaitement efficace et tout à fait honorable pour un premier skeud, mais il manque cruellement d’originalité ou de technique (lol, technique + punk = antithèse !) enfin d’un petit quelque chose qui le démarque des autres. On peut éventuellement penser que la prod y est pour quelque chose car toute la galette sonne faiblarde. Mais dans l’ensemble c’est surtout une faute au niveau de la composition de l’album qui pénalise les REJECTED YOUTH. Je prends pour exemple "Rearrange", qui démarre sur les chapeaux de roues, grâce un solo de gratte à la fois ultra simpliste et rapide (typique de ce qu’on trouve dans le Street Punk) témoin de son côté Skate Punk affirmé. Pas mal, sympa, OK on passe à "Lost Liberty", où le côté Hardcore prime un peu plus, notamment grâce aux chœurs qui renforcent le côté couillu du morceau. Cette alternance s’effectue pendant plusieurs pistes jusqu’à ce qu’on arrive à "Down In Chiapas".

Déjà ce titre comporte une intro (une sorte d’émission de radio pirate en direct des Chiapas ?), puis on se rend vite compte qu’il est chanté en espagnol, ça change aussi. À partir de ce moment, sur chaque morceau les Allemands ont fait l’effort d’ajouter un petit quelque chose en intro qui permet de briser la monotonie qui commence à s’installer. "Mad Boy" comporte donc une intro à la fois très BLACK FLAG-ienne et très typique de nombreux groupes de Oi ! (MAJOR ACCIDENT pour ne citer que lui). Celle de "Out Of Control" est calquée sur les riffs de basse RANCIDiens de Matt Freeman. "Ain’t Funny" se pare du bruit régulier qu’émettent les appareils servant à contrôler les battements du cœur. Et pour "TV Generation" c’est quelque chose de plus Heavy qui nous est servi à la guitare. Rien de transcendant non plus, car mis à part ces petits intermèdes, musicalement c’est du même tonneau que les premiers morceaux, mais on sent une certaine envie de peaufiner un peu tout ça de la part des zikos.

Par contre la fin déboîte carrément ! Alors je ne sais pas pourquoi exactement, puisque le style du groupe n’a pas non plus muté en deux morceaux, mais les titres sont nettement plus efficaces que ceux qu’on a pu écouter jusqu’à présent. "I’m Loser" est une véritable bombe grâce à cette ligne de basse facilement mémorisable et à ces chœurs NOFXiens qui parsèment le morceau et le font vivre. Tandis que pour "American" ce sont les changements de rythmique, combinés aux chœurs du refrain, qui contribuent à son efficacité. Enfin même si le final est réussi, c’est quand même dommage de n’apprécier réellement que ces deux dernières pistes sur les 14 qui composent l’album.

Mais pas de panique, en 2002, les REJECTED YOUTH sont un jeune groupe de keupons qui s’amusent avant tout et cherchent en même temps leur style parmi les influences qu’ils peuvent avoir. De plus il est assez difficile de se démarquer de façon vraiment directe dans le Street Punk, donc bon, pour un premier album c’est tout à fait excusable. Et puis après tout, les morceaux sont bien foutus, c’est juste le manque de variété dû au trop grand nombre de pistes (trop peu sont véritablement intéressantes) qui pénalise les Allemands.

(1) Bon pour les curieux The CASUALTIES c'est un groupe de Street Punk ricain très connu dans son milieu, dont je vous parlerai un peu plus dans une prochaine chro' à suivre ;)