Dix ans séparent ce quatrième album studio de RING OF FIRE de son prédécesseur. Un délai qui, finalement, lorsque l'on connaît l'identité des différents membres du groupe et leurs (nombreux) projets, n'est finalement pas exceptionnel. En effet, fondé par le chanteur Mark Boals à l'aube du siècle nouveau ("Ring Of Fire" est le nom d'un des albums de celui qui a notamment chanté pour Yngwie MALMSTEEN ou ROYAL HUNT), le groupe de Heavy / Power néoclassique compte notamment en ses rangs le guitariste Tony MacAlpine (solo, Vinnie MOORE), et depuis peu le volubile Timo Tolkki qui, en plus de s'occuper des lignes de basse (et oui, ne comptez pas avoir ici affaire à ses lignes de gratte), se charge du mixage de ce nouvel album de la formation américaine.

Reste que la longue attente qui précède ce "Battle Of Leningrad" repose sur une explication bien plus simple que les problèmes de compatibilités d'emploi du temps entre les membres du combo. Ce sont en effet les retards pris dans les travaux de la nouvelle maison de Tony MacAlpine qui sont à mettre en cause. Désireux de bénéficier d'une réverb satisfaisante, le guitariste s'est enfermé dans sa salle de bains pour mettre en boîte ses parties de six-cordes, et a confié le tout à un Timo Tolkki satisfait qui n'a pas jugé bon de retoucher quoi que ce soit. Mise à part dans une démarche artistique assumée, difficile de voir comment le groupe aurait pu laisser passer un son de guitare aussi mauvais, à la fois étouffé et brouillon, qui réduit à néant toutes les bonnes idées d'un guitariste à qui, pourtant, on ne la fait pas.

L'horreur de la mise en son de la six-cordes passée, reste à trouver de bonnes idées dans ce "Battle Of Leningrad" qui souffre du début à la fin de ce désastre. Consacré au Siège de Leningrad (1941-1944), célèbre épisode de la seconde guerre mondiale qui vit les armées nazies et soviétiques s'opposer dans un long et terrible bras de fer, l'album commence pourtant sous les meilleurs auspices avec "Mother Russia", titre dans la plus pure tradition néo-classique qui rappelle le très grand Uli Jon ROTH, une impression renforcée par le chant à la fois puissant et parfaitement maîtrisé de Mark Boals, qui a participé à plusieurs projets du Jimi Hendrix teuton. L'album dans son entièreté ne souffre d'ailleurs d'aucune réelle faiblesse réellement handicapante en matière d'inspiration. Les amateurs de SYMPHONY X, ROYAL HUNT et bien entendu Yngwie MALMSTEEN trouveront de quoi se satisfaire de l'enlevé "Firewind", pièce-maîtresse de l'album qui du haut de ses huit minutes condense tout le savoir-faire du groupe en matière d'écriture. Les lignes de piano fort à propos (signées Vitalij Kuprij), le chant varié de Mark Boals, de nombreuses cassures de rythmes et changements d'ambiance qui confèrent à l'ensemble un côté épique bienvenu... Reste cette horrible guitare captée dans des goguenots peu reluisants...

Impossible de retrouver sur ce quatrième album la flamboyance des réalisations passées de RING OF FIRE, cristallisées sur l'excellent Live "Burning Live In Tokyo". On retrouve, bien entendu, l'identité du groupe, mais en essayant semble-t-il d'alourdir son propos (le morceau-titre "Battle Of Leningrad"), le combo perd en impact ce qu'il gagne en arrangements (de nombreuses harmonies vocales parsèment l'ensemble). Le vindicatif "Empire" et le Speed Symphonique de "Where Angels Play" font la farce le temps de quelques écoutes, puis finissent par s'avouer vaincus, épuisés par un sentiment de redite légèrement gênant plus que réellement handicapant. Reste que, cumulé avec cette horrible mise en son, l'ensemble peine à satisfaire en dehors du cercle des mordus du style.

Dommage que, après 10 années d'absence, le retour de RING OF FIRE se fasse par une si petite porte. Pourtant porté par de très grands talents, l'album se voit phagocyté par un bête problème de mise en son ce qui, convenons-en, devrait aujourd'hui ne plus exister. Lorsque l'on découvre certains albums auto-produits au son irréprochable, et que l'on écoute ce son de salle de bains signé Timo Tolkki, la circonspection est de mise... Un "petit" album, pour un "petit retour".