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KAUAN - Pirut (2013)
Par WËN le 17 Février 2014          Consultée 7549 fois

Partant du principe universel qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, c’est grâce à ce tardif cru et ultime coup de cœur de 2013 que nous avons pu, subrepticement, inclure KAUAN à notre base de données. En effet, malgré ses quatre précédentes réalisations en autant d’années il s’avérait que jusqu’à présent, la formation se trouvait malheureusement toujours parmi les grandes oubliées de Nightfall In Metal Earth. Le tort étant désormais en instance d’être réparé, penchons-nous donc sur ce combo au patronyme finnois, certes, mais d’origine russe et fortement métissé à l’ukrainienne depuis l’installation, début 2013, d’Anton Belov (multi-instrumentiste et dorénavant seul membre d’origine) à Kiev, cette ancienne principauté de l’Est si chère à Olga.

Le crédo de notre bande de pas-si-joyeux troubadours ? Le Metal atmosphérique. Une appellation aussi vaste que générique, n'est-ce pas, mais dans le cas présent, agréablement rehaussée de teintes post-rock très Terre à Terre et tout aussi allègrement que savamment mâtiné d'autant de suaves éléments folks que de ces passages funéraires si propres au Doom. Profitant de cette période de transition, nous noterons également que KAUAN, pour promouvoir son "Pirut", s’est tourné vers Blood Music, label finlandais de son état et davantage reconnu pour ses luxueuses rééditions vinyles (coffret STRAPPING YOUNG LAD et MOONSORROW, MAUDLIN OF THE WELL, NEGURA BUNGET, IHSAHN, SIGH, NE OBLIVISCARIS, etc.) qui signe ainsi sa première sortie officielle (formats vinyle et CD) au visuel épuré mais de circonstance.

De circonstance d’abord, car si cette balafre blanche semblant déchirer l’azur boréal vous évoque les évènements de Tcheliabinsk (Février 2013), n’y voyez pas là une coïncidence mais bien un hommage aux dégâts tant matériel (des milliers de fenêtres soufflées) qu'humain (1600 blessés) provoqués par l'explosion de l'astéroïde qui a fortement impacté le groupe en pleine phase de mixage au moment des faits. On entendra d'ailleurs très nettement, samples à l'appui, tout ce verre qui vole en éclat lors du premier mouvement, alors que le dramatique violoncelle d'introduction se tait pour déjà laisser place à des guitares saturées, lourdes et désespérées. Le somptueux et caractéristique chant de Belov, ruskov jusqu'au bout des cordes dans la diction comme dans les intonations, est également vite remplacé par son approche gutturale de rigueur. Mais que les réfractaires au Doom se rassurent, le but de KAUAN n’a jamais été ni dans la débauche d’instruments, ni dans la surenchère sonore gratuite et même si le tout début de l’œuvre se veut placée sous les auspices de la distorsion et du riff mélodique et funèbre … la donne s’avère tout autre pour la suite (à de rares passages près, nécessaires à la sublimation du tout : mouvements II, IV, VI, VII). Ainsi, l'alto et son timbre empli de spleen et le piano, grave et profond, qu'ils soient en solo ou de concert avec une batterie, des guitares acoustiques plus légères, ou encore du chant clair, prennent bien vite le relais et se retrouvent à jouer un rôle prépondérant au sein de cette longue et unique pièce en huit actes d'une quarantaine de minutes.

Il m'est bien difficile de vous en dire plus, musicalement parlant, tant l'œuvre, homogène et subtile ne se découvre réellement qu'à son écoute. Nulle contrainte structurelle chez KAUAN et sa musique : oubliez-les couplets, oubliez les refrains, les thèmes s'enchainent naturellement et simplement. Cette privation de nos repères se transforme vite en atout pour cette formation qui sait nous proposer quelques passages poignants et forts tels ce pont alto/piano lors du troisième mouvement, qui reviendra nous heurter, transformé, une trentaine de minutes plus tard lors du final, avant que ne redéboule le thème d'intro, pesant et imposant. Idem, à la mi-œuvre : KAUAN sait nous offrir un splendide aparté bourré de claviers, d'alto et de chœurs féminins (par Alina Roberts, déjà en charge des synthés et compagne de Belov au sein du duo Folk HELENGARD) là encore déclinés en diverses variations avant de partir sur sa seconde moitié, de façon surprenante mais tellement à propos, en mode 'Ushuaïa', mené par un groove de batterie ensorcelant qui ne se tarira que pour s'abandonner à nouveau à un grunt doomy. Décidément ces mecs ne manquent pas de culot ! Je pourrais encore m'attarder sur les sonorités plus modernes, limite "prog", prises par le clavier lors des mouvements III et V, ou encore sur cet inattendu solo de gratte, d’abord en son clair et tout en retenue puis saturé et bien plus débridé sur sa seconde moitié. Mais tout cela est-il bien nécessaire ?

Vous l'aurez compris, KAUAN fait partie de ces groupes qui savent vous toucher, au plus profond de vous même. Cette petite merveille de Metal atmosphérique, véritable bol d’air pur et frais dans la masse des productions actuelles, se joue des genres et des clivages musicaux et nombreux sont ceux qui devraient y trouver leur compte. Sortie de quasiment nulle part, cette œuvre ambiante à fleur de peau, épurée et profondément triste, empreinte d'une sensibilité certaine et profonde, s'avère en tout cas être une vraie réussite.

Note réelle 4,5/5.

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Par VOLTHORD




 
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- Anton Belov (chant, guitare, claviers, programmation)
- Alina Roberts (claviers, chant secondaire)
- Anatoly Gavrilov (alto)
- Alex Vynogradoff (basse, chant secondaire)
- Anton Skrynnik (batterie)


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