On n’a pas le droit de parler des RAMONES sur Nightfall. Trop limite. Trop vieux peut être, trop Rock surtout et pas assez Punk. Puis sans doute trop génial pour être jeté ici en pâture à des blaireaux qui pensent que "CHILDREN OF BODOM c’est mélodique" (moi aussi, je vous aime).

Récemment, on a recruté une gonzesse spécialiste Punk – même qu’elle s’appelle Chapouk (à vos souhaits) – et rapidement elle a posé la question de savoir ce qu’elle avait le droit de chroniquer dans les parages. Grosso modo, on lui a répondu « tout le Punk qui encule c’est ok poulette » (sont un peu sexistes dans les parages).

— Oui mais plus précisément ? J’ai le droit de chroniquer les SEX PISTOLS ou les RAMONES par exemple ?

L’équipe s’est regardée, certains ont crié, d’autres ont tapé du pied et il fut décidé en haut lieu que les SEX PISTOLS ça passe mais pas les RAMONES. Ainsi soit-il.

Vous êtes marrant, vous. Au bout d’un moment, faut fixer des limites. Si on laissait faire tout le monde, ce serait la porte ouverte à tout. Enenra ferait toute la discographie de BJÖRK, Volthord mettrait des 5/5 à PORTISHEAD et Chapouk expliquerait que les « STOOGES et MOZART même combat ». Ce serait vite le bordel, vous comprenez, et notre précieuse image de « Metalhead intransigeant et ténébreux » en prendrait un coup.

Si vous voulez tout savoir (si, si, vous voulez) c’est déjà aux forceps que j’ai réussi à faire passer les discos de BAD RELIGION et NOFX. Et puisque vous me posez la question, si j’avais les palmes libres, parmi les groupes impossibles à chroniquer sur Nightfall (genre DIRE STRAITS, les PIXIES ou Jimi) s’il y en avait un que je me ferais un plaisir de disséquer c’est bien les RAMONES. Mais comme je vous le disais en liminaire : on n’a pas le droit d’en parler ici.

Pour être honnête avec vous (comme toujours), parfois je pense à nos lecteurs qui ne connaissent pas les RAMONES et j’ai un pincement au cœur. J’imagine leur vie triste et insensée… Une vie sans percevoir ce qu’est la pureté basique, le génie du riff de deux accords et des lignes de chant parfaites. Puis il y a cette histoire de mélancolie planquée, d’émotions qu’on masque en faisant un peu sa grosse voix. Un jour, certains d’entre vous comprendront en quoi les moins de trois minutes de "Sheena Is A Punk Rocker" sont juste « parfaites », en quoi un titre comme "Bonzo Goes To Bitburg" sous ses airs bonhomme est juste à se tailler les veines… Alors vous en pleurerez amèrement et vous donnerez des coups de pied rageurs à vos disques de DREAM THEATER ou MARDUK. Vous repensez à tout ce temps perdu, à toute cette énergie débile que vous avez mis à vous forcer à aimer le dernier album nul d’AC/DC ou d’IRON MAIDEN (double bisous). M’enfin comme le disait ce brave Einstein (je crois) : « Tous les goûts sont dans la nature même ceux de chiotte ».

De toute façon, on n’a pas le droit de parler des RAMONES alors n’insistez pas.

Du coup, histoire de passer entre les lignes, je vous pousse du bout du clavier le présent petit album que je vous vendrai comme étant un très bon « RAMONES-like » en un poil plus Punk et plus moderne. Et normalement, ça devrait passer.

D’un autre côté, y a pas si longtemps, j’avais essayé de vous refourguer le "Fade Away" de ENEMY YOU en vous disant toute sorte de choses flatteuses et nuancées et ça avait pas passionné grand monde…

Donc The RIVERDALES pue les RAMONES à plein nez. Y a l’énergie, l’ambiance, la structure de compos, les chœurs, la simplicité. On ouvre le bal sur un "Bad Seed Baby" qui sent le blouson noir et la gomina, ça remue le popotin et vous confirme en 1’46 tout mon laïus sur l’affiliation avec les RAMONES.

Efficacité, simplicité et baffe dans ta gueule. Titre suivant. Tous pareil.

Quelques nuances et des hauts et des bas émotionnels intéressants. "Tarantula" est florilège « ramonesque » de 14 titres pour 29 minutes de plaisir brut et suranné tous aussi bien foutus les uns que les autres. Sans prétention aucune, mais pour un résultat précieux, si rafraîchissant que vous me remercierez plus tard.
Influence ou pompage ? se demanderont certains. On peut effectivement se poser la question à l’écoute par exemple de "Soultaker" (qui rappelle peut être un peu trop le "The KKK Took My Baby" des RAMONES). Je dirai sobrement que dans tous les cas ça revient à ne pas écouter de la merde. Après vous avez le droit de ne pas aimer les RAMONES hein… Quoi ? Ah oui, c’est vrai on n’a pas le droit d’en parler ici.


Note : 4/5.


Morceau préféré : "Crash Of The Moons" (c’est beau)