Avant de devenir un quelconque groupe de Black Mélodique scandinave (qui ressemble bien plus à du Heavy/Gothic Metal finalement), SIEBENBÜRGEN avait encore une crédibilité. Rien ne semble expliquer ce renversement de situation, à part les changements radicaux de line-up au cours du temps. Il est toujours triste de voir comme un groupe qui prend ses marques, lors d'un premier opus, avec de si bonnes idées, s'éteint progressivement pour lâcher en fin de vie quelque chose comme "Revelation VI".

Cela a beau être ultra cliché, quand je vois un album avec ce genre de pochette, rapproché du terme "Vampiric Metal", sans que ça ait l'air d'être du style de THEATRES DES VAMPIRES, ça attise ma curiosité. Ambiance tournée vers le romantisme noir en approche. Et ça ne rate pas, "Loreia" est une petite perle dans ce cadre.

L'influence Heavy est bien cachée mais tout de même présente, et malgré cela, on reste sur une bonne base Black Mélodique. Tout se joue sur les mélodies, du début à la fin. Celles-ci laissent même un écho à un genre de Medieval Black (particulièrement sur le dernier titre, "Dodens Somn"), dans les rythmiques et dans l'aspect occulte qu'on retrouve fréquemment des deux côtés. En elle-même, la composition n'est pas spécialement innovante, mais on peut dire que les morceaux sont extrêmement bien structurés, ce qui ne laisse pas du tout une impression de premier album pour les Suédois.

Le seul point qui semble être déterminant est le chant féminin qui vient compléter la voix sale et caverneuse de Marcus Ehlin. Lyrique et aigu, il ne semble à presque aucun moment être de trop. Dans la plupart des groupes qui adoptent cette dualité growl masculin et chant clair féminin, il y a cette volonté de mettre en valeur un contraste. Je pense qu'ici, la présence de Lovisa Hallstedt participe complètement au résultat homogène. Parce que finalement, SIEBENBÜRGEN ne possède aucune once de violence, et ce chant féminin tombe naturellement.

"Loreia" est un album entièrement doux à l'écoute. Ça ne l'empêche pas de contenir de très bons riffs dynamiques mais rien que la production reste assez fluide et chaleureuse. Rarement vu une batterie si étouffée et légère dans un groupe de Black... SIEBENBÜRGEN n'a pas l'aura d'un groupe violent, il est plus créateur d'ambiance, aidé par la pochette : des incantations occultes dans un cadre plus proche du romantisme noir. En ce sens, je vois "Loreia" comme l'équivalent suédois de nos Français de FORBIDDEN SITE. Reste que la langue suédoise n'est pas la plus évidente à mes yeux pour retranscrire les atmosphères souhaitées et les histoires horrifiques à la Comtesse Bathory. On peut au moins leur accorder une qualité : ils savent créer leur ambiance sans utiliser des tonnes de synthés et d'intros qui risqueraient de rogner la qualité de l'ensemble.

Les morceaux les plus "Black" se retrouvent en fin d'album, avec "Vittring Av Liv", "Morgataria" et "Dödens Sömn" : pas de chant féminin à l'exception de chœurs assez discrets sur le refrain final de "Morgataria", une succession de riffs presque martiaux ou qui décrochent la tête, une rythmique plus marquée... Ils dominent en intensité, en accordant une pause au chant féminin, qui n'est appréciable que parce qu'il n'est pas omniprésent sur l'album.

Malgré tout, je ne vois pas réellement de morceau moins entraînant qu'un autre, après plusieurs écoutes de l'album, chacun possède son repère, sa petite mélodie qui reste en tête (qu'elle provienne des guitares ou des prestations vocales de la dame Lovisa Hallstedt). Seul "Att Dricka Någons Blod" réussit à me perdre légèrement à l'écoute, non pas par son ambiance lancinante que j'apprécie énormément mais par le chant féminin qui me semble ici très décalé, suraigu et casse l'homogénéité du titre.

À conseiller aux fans de FORBIDDEN SITE, de Black Mélodique aux penchants occultes, de mythes vampiriques et à ceux qui ne fuient pas aux premières mélodies suraiguës.