En tant que chroniqueur, le truc cool avec les singles, de courte durée et à l'analyse toute relative, c'est que l’on peut se permettre d'aborder tel ou tel sujet qui nous préoccuperait sans pour autant pondre une chronique à la longueur affolante. Tenez, parlons peu parlons Doom et de préférence de cette branche à chant féminin qui a vu sa popularité croître de manière exponentielle ces deux-trois dernières années : c'est un fait, les formations emmenées par de jeunes minettes (ou de vieilles cagoles moches, c’est selon) ont le vent en poupe en ce moment et pas qu'un peu. Tenez, JEX THOTH, BLOOD CEREMONY, ALUNAH, AVATARIUM, SUBROSA ou encore SHININ' SHADE (pour n’en citer que quelques-unes dont nous vous avons récemment parlé) occupent le devant de la scène et, chacune dans leur style spécifique, sont là pour en témoigner. Mais par l'engouement provoqué par le succès de ces quelques pépites, combien, dans la masse, ne demeurent que de ternes copies aux riffs pâlots et au groove tristounet ? Aurions-nous déjà atteint ce fatidique point de non-retour ?

Malheureusement, flairant le denier facile, les maisons de disques ne s’y trompent pas et ne risquent pas d'inverser la tendance. Chacune y va donc de son petit combo, espérant secrètement mettre la main sur la future nouvelle star. Non, l'analogie n'est pas gratuite. Car même si promouvoir ainsi de jeunes formations n'est pas une mauvaise chose, j'en conviens, cela peut pourtant vite le devenir lorsque le phénomène tend à prendre trop rapidement des dimensions démesurées alors que le groupe lui-même n'a pas encore réellement fait ses preuves. Et cette entité plurinationale qu’est The OATH (qu’on ne confondra pas avec son homonyme français), signé chez High Roller Records et emmené par ses deux blondes de chanteuse et de guitariste, semble toute désignée pour être tout autant bénéficiaire que victime de cette tendance.

En effet, avec ce seul single à son actif, cette jeune formation à déjà tous les éléments en main pour devenir ‘culte’ avant l’heure : un premier pressage vinyle de 500 copies rapidement épuisé et déjà réédité, une imagerie 'black & white' à l’ancienne, un logo réalisé par Erik Danielson (WATAIN), un son vintage avec ce qu’il faut de réverb’ pour sonner occulte et un riffing assez Heavy digne des 80's. Il paraîtrait même que Fenriz de DARKTHRONE se plaît à en parler dans les milieux autorisés. Mais si comme moi, c’est la musique qui vous intéresse, alors tout ça, ainsi que le fait que toute la promo ne s’appuie que sur les deux donzelles, vous vous en tamponnez autant que de savoir si les pingouins ont des genoux.

Ce qui est bien plus factuel en revanche, c’est ce "Night Child" aux doux relents psychédéliques proposé en face A qui, plutôt efficace, assez enjoué et énergique, a sans doute permis au groupe d’attirer l’attention sur lui. Rien d’affriolant en terme de construction ni de spectaculaire dans sa structure, mais les guitares et le chant qui s’y greffe sont néanmoins bel et bien au rendez-vous, révélant ce premier morceau comme fort agréable à l’écoute. Et c’est tant mieux, car "Black Rainbow", gravé de l’autre côté de la galette est à mon avis bien moins convaincant. Déjà, le chant y parait plus hésitant, moins maîtrisé et parfois même à côté de la plaque. Mais en plus, les riffs rappellent trop ceux de "Night Child" pour ne pas y prêter attention. Dommage, car nous y surprenons le groupe désireux de nous proposer d’autres atmosphères via ce titre plus long et plus sombre, mais il lui manque malheureusement ce petit quelque chose afin que le tout décolle. Un solo, un break ou un pont autrement plus marqué que par des chuchotements ? Peut-être. Plus d’inspiration ? Sans doute.

Ce format 2 titres, destiné à la promotion, ne permet malheureusement pas les approximations et un seul morceau mémorable, c’est trop peu. À n’en pas douter, le bousin a été porté trop rapidement aux nues et sans doute, The OATH aura besoin de davantage de temps afin de peaufiner au mieux sa tambouille. Et même si beaucoup semblent s’en être arrangés, m’est avis qu’il est encore bien trop tôt pour trousser la dinde : le groupe a certainement d’intéressantes choses à nous faire découvrir mais pour cela, il devra encore soigner son approche. Alors soyons patients et attendons un véritable EP, voire un album, avant de lui déclarer notre flamme. Une chose est sûre : Lee Dorian, ex-CATHEDRAL et patron de Rise Above Records, dont on peut supposer qu’il connaît son sujet vient d’intégrer le combo à son écurie. Ne reste donc désormais à The OATH qu’à fourbir ses armes.

2,5/5.