Quelques mois après un premier single annonciateur (mais pas pour autant fédérateur), nous revoilà reparti pour une petite virée dans les spiritueux et vaporeux méandres des esprits imbibés de Linnéa Olsson (guitare) et Johanna Sadonis (chant), les deux (d)âmes damnées de The OATH. Outre un deal avec Rise Above Records en poche (et les déclinaisons 'logiques' en LP de plusieurs teintes différentes pour les collectionneurs, m'voyez), la formation est entre temps passée de quatuor à duo, ne s'encombrant pas du superflu pour ne conserver - et la promo ne manquera pas de nous le rappeler - que son côté charmeur et charnel.

Malheureusement, en cette époque bénie où le Doom-à-femmes a le vent en poupe (AVATARIUM, BLOOD CEREMONY, JEX THOTH, SUBROSA, WITCH MOUTAIN et j'en passe), le fait de jouer la carte féminine à outrance et de façon si putassière ne renvoie de The OATH, que l'image d'une énième formation tristement désireuse de profiter d'un effet de buzz. On passera outre la pochette racoleuse à souhait (vous n'irez pas me faire croire, messieurs, que vous lisez cette chronique juste pour ma prose) et sans grande prétention artistique (quoique le décolleté jusqu'au nombril, leur sied sans doute bien mieux qu'à moi), pour aborder directement la musique du combo. Car pour se démarquer, il lui faudra résolument nous fournir plus qu'un simple prétexte visuel…

Là où le bât blesse pour ce premier full-length, c'est qu'en plus de retomber dans ces travers déjà mentionnés sur le single précédent, les nénettes ne font preuve ni d'une imagination débordante ni d'une singularité flagrante en ce qui concerne leurs compositions, leur Heavy/Doom voulu culte et occulte ne demeurant, finalement, que très consensuel. Bien réalisé et sympathique, certes, mais consensuel. Pas de révolution majeure par rapport au single précédent, la petite dizaine de titres présents sur cet éponyme s'inscrivent dans la droite lignée de "Night Child" et de "Black Rainbow" (que nous retrouverons tous deux ici). Le quatuor d'ouverture se veut bien trempé : riffs raw typés 80s, prod' caverneuse pleine de réverb' et légèrement psyché, quelques ralentissements efficaces sur les refrains et des cassures bien senties. The OATH nous délivre même quelques mélodies plutôt entêtantes, parfois alternées à des parties de guitare énergiques, voire enjouées. Le chant éthéré de la miss Sadonis, ne faisant guère preuve de diversité, colle néanmoins aux atmosphères délétères de sa rondelle.

Malgré ce début d'album de bonne facture et assez dynamique (voir un brin aventureux sur le placide "Leaving Together" qui ne tardera pas à s'endiabler sur sa seconde moitié), l'inspiration, avouons-le, semble rapidement se tarir et les choses ne vont guère tarder à se gâter pour le duo qui commence déjà à tourner en rond. Pas que les compos suivantes soient mauvaises en soi, non, mais le groupe nous sert un ventre mou plus anecdotique ("Silver And Dust", "Black Rainbow", "Death Delight") au sens où les riffs deviennent vite interchangeables d'une compo à l'autre et où surnagent trop rarement quelques idées marquantes qui peuvent faire la différence comme le break mystique de "Black Rainbow". C'est justement là que les donzelles se perdent un peu en chemin, selon moi, en ne réussissant à varier que trop peu leurs plans et leurs mélodies. Même les deux minutes instrumentales et oniriques du bien nommé "In Dream" deviennent vite répétitives. Il faudra attendre que le "Psalm 7" de clôture vienne pointer le bout de son riff pour retomber pleinement dans un trip digne des premiers morceaux, alors que la formation nous présente trop tardivement cette facette plus ambitieuse.

En compilant tout cela, ces quatre/cinq bons titres (plus quelques idées éparses) concèdent mine de rien une bien maigre moyenne, nous donnant là un timide 3/5 que j'ai même longtemps hésité à arrondir à l'étoile inférieure, histoire de contrebalancer un peu ces avis trop positifs qu'on pourra lire çà et là dans la presse et que, décidément, je n'arrive pas à rejoindre. J'ai eu envie d'aimer The OATH et de vous le conseiller, mais non, définitivement je n'y arrive pas : tout cela manque de tempérament et de folie. De travail et de finition aussi ; cette petite étincelle digne de mettre le feu aux poudres n'arrivant finalement jamais. N'allez pas penser que je taille gratuitement (ce n'est pas le genre de la maison), nous tenons là une note qui reflète parfaitement cet album moyen, sans réelle ambition ni prise de risque, à croire que les deux miss n'ont pas cherché à aller de l'avant suite aux avis dithyrambiques recueillis par leur single avant-coureur. Néanmoins, comme nous tenons tout de même là une poignée de chansons somme toute agréables à l'écoute, il faut l'avouer, je ne saurais me résoudre à descendre en dessous de la moyenne.

Curieux, j'attendais néanmoins de voir quelle tournure allaient prendre les évènements et combien de temps The OATH poursuivrait, ainsi, son petit bonnefemme de chemin. Il semble que le destin ait déjà eu raison de la motivation des deux miss, puisque le combo a splitté juste après la sortie de ce premier full length. Plus cvlt, tu meurs !

À voir si dans vingt ans, fripées et décaties, leur reformation aura plus de succès.