EIDON est une formation de Metal Symphonique en provenance de Tours, ville fertile dans ce domaine puisqu’elle a déjà révélé ASYLUM PYRE et ADRANA ! La motivation et les envies de grandeur ne manquent pas dans la cité de l’Ouest et l’ambition est palpable.

Metal Symphonique à chant féminin. Sans dec, quand on dit ça le premier nom qui vous vient à l’esprit est… NIGHTWISH ! Bingo ! Et c’est bien logique, considérant que la formation finlandaise a popularisé le style et défini les canons du genre. Il semble extrêmement compliqué de s’en sortir à part en apportant sa propre touche comme l’ont fait WITHIN TEMPTATION ou AFTER FOREVER qui avaient pour particularité de venir d’une scène plus extrême là où NIGHTWISH adaptait la formule de STRATOVARIUS pour esquisser son style ("Oceanborn" en 1998). EIDON a donc fort à faire : tenter de jouer sur certaines particularités ou bien, comme un nombre pléthorique de formations, entrer dans le rang des suiveurs/copieurs.

EIDON, formation relativement jeune (premier EP en 2010) est un sextette mixte pas uniquement grâce au joli minois de sa chanteuse mais également de sa claviériste Cécile qui montre sur "Crystalight" du bon goût en matière d’arrangement, sachant se faire discrète lorsque les guitares ou la rythmique prennent le dessus. Niveau chant, cela est un peu moins évident : Gabrielle est d’une justesse à toute épreuve, gracieuse et jamais n’en fait de trop… C’est peut-être là le souci, on a souvent l’impression qu’elle n’en fait pas assez. Pourtant quand elle sort un peu des sentiers battus (les vocaux plus rageurs de "Panic", ceux parfois plus timbrés de "Devil Soul" ou encore la simple et mélancolique "Night’s Outline"), elle s’avère très convaincante même si l’on peut regretter, d’une manière générale un manque de puissance qui contraste avec la musique du groupe qui n’en manque pas ! Un peu comme si NIGHTWISH se retrouvait fronté par Liv Kristine (LEAVES' EYES). Écouter Gabrielle monter dans les aigus avec une relative facilité ("Devil Soul", "Thunderforce"), laissant deviner un travail vocal orienté vers le lyrique sans doute déjà pas mal avancé, est agréable, mais je ne saurais que trop lui conseiller d’arrêter les longues plages de « ooh-ooh » intempestives qui, elles, finissent vraiment par gaver ; une erreur de jeunesse sans doute. D’ailleurs quand le chant redevient le plus simple, comme sur ce "Night’s Outline" chanté dans la langue de Molière, je suis conforté par mon impression générale : Gabrielle ferait une remarquable chanteuse de variété. En gros va falloir bosser, mais le potentiel est là et relativement important, plus varié par exemple que sa consœur d’ADRANA qui dispose en contrepartie d’une puissance vocale phénoménale. Courage, c'est peut-être là qu'il y a une carte à jouer pour se démarquer !

Niveau section Metal, c’est costaud, et on peut féliciter le groupe qui s’est donné les moyens d’une production équilibrée pas éloignée de celle du "Wishmaster" de NIGHTWISH (décidément) dont l’univers graphique est en partie repris. Si les guitares semblent avoir bien plus d’importance que chez nos Finlandais, la formation française comptant deux guitaristes dans ses rangs, on peut regretter le manque de variations, Thibaut et Sébastien se contentant 95% du temps de rythmiques en accords de puissance. Les morceaux en pâtissent et cet écueil ainsi que le parti pris du mid-tempo sur la globalité de l’album affadit "Crystalight", qui au lieu de sonner puissant, est un peu monolithique et parfois plat. Un peu de riff serait le bienvenu, et Emppu Vuorinen, même s’il doit faire sa place au clavier (et à l’orchestre), est toujours parvenu à disséminer des riffs mémorisables qui contribuent à identifier et dynamiser les morceaux (je pense entre autres à "She’s My Sin" ou plus récemment à "Storytime" pour une approche plus moderne). Sinon point de vue rythmique c’est du très solide et le batteur même s’il ne réinvente pas le Heavy Metal, effectue un travail soigné n’abusant pas de la double pédale superflue et rehaussant les rythmiques souvent semblables d’un jeu de toms et de cymbales plus subtil qu’il n’y paraît.

EIDON nous propose un premier album honnête, bien fait et prometteur. J’ai déjà soulevé les écueils, certains tenant au manque d’originalité (élargir les horizons musicaux peut être une bonne idée) et d’autres à la jeunesse du groupe qui montre un peu trop ses influences. "Crystalight" aurait très bien pu sortir il y a dix ans qu’on n’y aurait vu que du feu et on l’aurait sans doute comparé à FAIRYLAND ou HAMKA qui chacun, dans un registre très similaire avaient réussi à faire leur trou, se rapprochant du niveau des ténors du genre sans toutefois les copier.

À écouter : "Thunderforce", "Night’s Outline", "Panic".

Note réelle : 2,5/5.