15 ans après sa formation, PENTAGRAM sort enfin son premier album. Éternel perdant du Doom Metal, Bobby Liebling (le cœur et la voix du groupe) aura lamentablement traversé les seventies en portant son groupe adoré sur ses faibles épaules de rock star maudite, se révélant encore et toujours incapable de décrocher le contrat de sa vie. Coups manqués, plans foireux et changements de line-up auront été le pain quotidien du PENTAGRAM américain pendant une décennie et demie.
Fort d’un répertoire immense, d’un son unique et de musiciens de talent, le groupe lance finalement en 1985 son premier album officiel*, auto-produit bien entendu, dans une énième tentative de réinstaller PENTAGRAM comme l’un des fers de lance du Doom Metal.

On y retrouve donc avec joie tous les éléments qui font de ce fantastique groupe un des rares dignes héritiers de BLACK SABBATH. Tout d’abord, il est important de constater que PENTAGRAM est un des seuls groupes capables d’atteindre simultanément la perfection Doom et la perfection Rock. À ce titre, des morceaux comme "Death Row", "Sign Of The Wolf" ou "Relentless" ne pouvaient naître que de la plume de PENTAGRAM, ils sont la définition de son style.
Les riffs sont gras, lourds mais souples et font honneur à leur génial géniteur David Griffin. Le Doom vibre dans chaque note, les tubes s’enchaînent, l’auditeur est transporté.

Bobby Liebling est quant à lui lâché comme Bruce SPRINGSTEEN au stade des princes. Il sait qu’il se trouve sur un domaine qui n’appartient qu’à lui. Il s’adapte à chaque chanson et, toujours en bon rocker, il s’approprie chaque titre qu’il couvre irrémédiablement de graves "oh yeah", "take this", "Chosen One"… Son attitude est encore très saine et chacune de ses paroles est motivée avant tout par un amour de la musique et une envie folle de la pratiquer. L’authenticité est ainsi la qualité première de cet éponyme, et aucun autre disque ne définira leur son plus fidèlement.

La plupart des lyrics de PENTAGRAM sont toutes à la première et à la seconde personne, et c’est encore une chose que nous précise le groupe sur la définition du Doom Metal. Faites d’expériences personnelles et de contes sinistres, les paroles chez PENTAGRAM concernent toujours le Moi, le Toi et le Malin. Plus d’une vous colleront au cervelet une fois scandée avec malice par le maître Liebling :

"Do you know my name I doubt if you do
But you'd be surprised if I told it to you
My looks are deceiving I'm not what I seem
For I've got more power than you may believe,

Oh yeah…"

L’album est une bombe : explosif bâtard, un peu clandestin fait d’un drôle d’alliage de Doom et de Rock. Tant qu'on y est, soulignons gratuitement la qualité de trois titres au hasard : "20 Buck Spin" et son solo du feu de Dieu ; "Sinister" et ses allures ultra Doom qui font trembler le corps de la nuque au slip ; et pour finir "Death Row", comme je l’ai dit une belle définition du style du groupe.

Certes l’album possède une ou deux longueurs regrettables au trois-quarts de l’album et un certain manque d’unité due au fait que ce sont principalement des tubes accumulés durant la longue carrière du groupe. Mais cela ne devrait pas vous empêcher d’apprécier pleinement ce fabuleux essai Doomesque qui remplacera sans problème le troisième album de BLACK SABBATH dans votre playlist.

Doom on bitches!



*Il est important de noter que cet album est d'abord paru en 1982 comme une démo de la formation DEATH ROW, puis en 1985 sous le titre de "Pentagram" lors du changement de son changement de nom, avec une pochette simplement noire. L'album fit un véritable flop et ce n'est que grâce à la réédition de Peaceville en 92 que nous connaissons cet album aujourd’hui dans sa forme "Relentless", remixé et avec l'ordre des titres fidèle à celui de la démo originale.