La scène Brutal Death actuelle, ça devient n'importe quoi. Non mais sérieusement, j'ai l'impression que c'est encore pire que le True Black UG. Pourquoi je dis ça ? Ben parce que ça part dans tous les sens. Parce qu'il y a trop de groupes, mais genre vraiment, on a juste l'impression que chaque jour sort une trentaine de Cds. Et pas des démos pourries enregistrées sur un lecteur cassette par trois débutants, nooooon. Parce que là où la comparaison avec le Black Metal s'arrête, c'est que pour pratiquer ce genre, deux choses sont indispensables : une grosse production puissante et professionnelle, et un haut niveau technique histoire de savoir riffer et blaster comme il faut. Et le pire, c'est que ces deux conditions sont presque à chaque fois remplies. Et donc, on a un bon demi-milliard de labels avec des noms pas probables qui nous envoient sans cesse des flots ininterrompus d'albums avec des noms tordus, venant de groupes aux patronymes de plus en plus interchangeables tellement tous les mots envisageables ont déjà été évincés, toujours serti de pochettes soit gores, soit montrant des paysages Lovecraftiens, ou autre. Bref, une véritable usine.

Et évidement, il y a de la qualité. Ben oui, sinon ce serait pas rigolo, on passerait à travers et voilà. Mais NON ! Maintenant, le pire groupe underground est capable de livrer une musique pratiquement à l'égal de ses grands patrons, les dieux ayant engendré toute cette scène (afin de les rappeler : SUFFOCATION, BROKEN HOPE, DEEDS OF FLESH, DYING FETUS puis plus tard DISGORGE et DEVOURMENT). On va dire que c'est pas très novateur ? Certes, mais au fond, on s'en fout un peu, ce qu'on veut entendre c'est de la bonne musique non ? Genre, c'est parce qu'un autre groupe a sorti un truc un peu similaire il y a une décennie qu'on doit par principe se priver d'un album qui tue ? Et de toute façon, même les patrons sus-nommés n'innovent plus rien depuis 10 ans, voire 20 ans. Et donc, on se tourne vers tous ces groupes qui sont sortis de nul part et ont foutu un énorme coup de pied dans les burnes à tout le monde, ces GOREZONE, DEGRADE, ces DEFEATED SANITY et UNFATHOMABLE RUINATION, ou les autres TRIFIXION, SEPTYCAL GORGE, SEVERED REMAINS, VOMIT THE SOUL... Belle brochette de noms qui donnent pas envie, et qui arrachent complètement la tronche en se foutant au niveau de leurs idoles. Et désormais, vous pouvez rajouter SCORDATURA à cette liste.

- Est-ce que la musique de SCORDATURA a une quelconque originalité qui la démarque de ses confrères ? Non.
- Est-ce qu'on se souviendra de "Torment Of The Weak" comme un classique du genre dans les années à venir ? Absolument pas.
- Est-ce que ça déchire ? Oui. Et pas qu'un peu.
Nos Scottish de SCORDATURA, ils en ont juste rien à battre de pratiquer une musique unique ou pas. Tout est respecté à la lettre, le cahier des charges de la musique brutale des États-Unis. Ce qu'ils veulent, c'est nous servir de la musique qui BUTE. De ficeler leur Brutal Death, le travailler, l'optimiser, jusqu'à ce que tout soit parfait. Que le moindre riff prenne à la gorge, que le moindre blast vous fasse l'effet d'une grosse tarte dans la gueule, que les ralentissements écrasent les orteils, que rien ne soit laissé au hasard. Et c'est donc concentré sur quelques 30 min qu'on se bouffe le Brutal Death parfait, celui qui a tout pour lui, celui qu'on veut entendre, sans rien à jeter.

Non mais sérieusement. Rien qui dépasse, tout ce qu'on demande. Pas étonnant que cette sortie ne soit pas restée longtemps sans label ! On a tout, genre tout, une production parfaite (le son de caisse claire fait un peu plastoc et les cymbales sont foireuses mais pas grave, c'est brutal), un growl surpuissant et totalement intelligible changeant des chants yaourts qui commencent à gaver (et guests de qualité avec le vocaliste de HIDEOUS DIVINITY sur "Sutured Flesh", non mais). Et un travail de composition aux petits oignons. Et vas-y que ça déballe les riffs pratiquement inoubliables ("Visceral Disembowelment") et que chaque enchaînement vous défonce encore plus que le précédent. Tu kiffes les grosses mosh parts qui te font taper des gens ? Ben allez, y'en a tout plein, en citant "Neurotic Aberration" comme exemple juste pour faire joli. Oh comment, vous préférerez un gros tube qui ne va jamais s'arrêter de vous faire remuer la tête pendant 3 minutes ? Mais le titre éponyme est fait pour vous alors ! Surtout si vous aimez la brutalité vocalement bien arrangée, mais au fond si c'était pas le cas vous seriez pas en train d'écouter cet album hein ?

Roh et puis, aucune raison de ne pas s'aventurer dans des terres déjà défrichées par un bon milliard de combos avant, suffit de le faire mieux et personne va râler. Il paraît que le Slam Death c'est nul et has-been depuis une décennie, alors du coup y'a plus qu'à coller des grosses slam parts qui vont fermer leur gueule à tous les rageux. "Incestual Convulsions" que ça s'appelle, et ça renferme même tout plein d'harmoniques sifflées qui normalement cassent les couilles mais qui ici sont utilisées exactement comme il faut. Et même sur les passages qui flirtent avec le Deathcore bas de gamme on bronche pas, parce que c'est bien intégré, et que quand c'est amené comme ça, ben oui c'est Brutal, désolé. Roh et puis merde, là vu comment je parle on dirait que l'album est basique à en crever et sans la moindre trace de neurones, mais faut pas oublier que c'est pas du Metalcore mais bien du gros Brutal Death qui tâche, celui avec du sang, rouge vif. C'est technique à en mourir, ça va vite, mais alors vraiment vite, et la plupart des riffs feraient pas tâche chez DEEDS OF FLESH, pour vous dire le niveau de jeu. "Sutured Flesh", désolé mais avant de sortir ça y'a de la marge, ça tient pas en place, et malgré l'ultra modernité du bidule, pas de confusions, c'est du sérieux. Du racé, du chic, du puissant.
Genre peu importe la violence des riffs qui vont directement faire du Hardcore dans ta face, ça reste du Brutal Death de qualité qu'on peut parfaitement écouter tranquillement peinard dans son canapé en sirotant son Martini. Et en headbangant un chouia aussi.

Donc, vous avez compris le truc. On prend du Brutal Death, on en décuple l'efficacité puissance douze mille, en rajoutant par-ci par-là tous les éléments qu'on peut trouver chez tous les autres groupes du genre, un peu de Slam, un peu de Hardcore, quelques traces d'ambiances, du ralentissement, de la technique fulgurante non-démonstrative... Bref. Tout. Au sein de compositions exceptionnellement catchy.
Et le résultat ? Il est unique et original ? Non, absolument pas, même le contraire. C'est du vu et revu dans tous les sens. C'est un genre que quand on tape un grand coup dans une poubelle, y'a une douzaine d'albums qui en sortent. Mais pas de cette qualité. Parce que l'unique argument de vente de SCORDATURA, c'est que ça déchire. Et moi ça me semble suffisant. Genre j'imagine parfaitement ça sur un sticker promotionnel. "Pas la peine d'être innovant quand on viole ta maman". Je sais pas pour vous, mais moi, j'achèterais tout de suite.

Blob : Rien d'original à l'horizon. Mais on s'en fout, vu comment ça bute. YAAAAAAAAAAAAAH !