GALLOWBRAID, c'est un peu le genre de groupe que je cite à outrance pour illustrer une belle comparaison. Pourquoi ? Tout simplement parce que c'est le genre de musique qui peut être comparée à de nombreux groupes que je chronique en ces lieux, du fait de ses influences. Il fallait donc que je le chronique à un moment ou un autre.
J'avais voulu écrire à propos de l'EP sorti en 2010, mais j'ai récemment entendu qu'une version vinyle était sortie à l'automne 2012, comprenant un morceau bonus. Le voici donc, le nouvel "Ashen Eidolon", une nouvelle pochette (qui a un petit air de SUMMONING dû au "cadre"), un nouveau titre, mais toujours les quatre morceaux originaux de l'EP.

Ce projet semble être celui d'un seul homme, Jake Rogers, malgré les interventions d'Alex Rogers pour la batterie et d'Alison Vance pour le chant féminin. Il se concentre sur un Black/Folk Progressif et Mélodique, et du fait de son origine américaine, on a forcément en tête le nom d'AGALLOCH qui vient se poser avant même de commencer l'écoute. Cependant, si l'univers et les sonorités semblent être proches, GALLOWBRAID s’attelle à créer un projet unique et qui pourtant, plaît à la plupart des fans de Folk. Le groupe n'est pas pour autant passe-partout, il est seulement accessible car les mélodies choisies font des titres longs de l'EP des tubes de Black Folk.
"Stone Of Remembrance" et ses chœurs animés, bons vivants, "Ashen Eidolon" et son passage folklorique, sa rythmique bien marquée, la puissance de "Oaken Halls Of Sorrow"... Certaines mélodies de guitare lead, ou d'instruments classiques ou folkloriques sont des éléments qui remplacent les refrains. Ce qu'on peut appeler facilité ici est également synonyme d'efficacité.

C'est bien le mot, le groupe semble s'éloigner du côté émouvant des groupes Folk à la AGALLOCH, pour s'étendre plutôt du côté rythmé, mélodique, et progressif, afin d'être le plus efficace possible. Les morceaux principaux sont longs, car ils exploitent un thème musical à fond, jusqu'à ce que plus rien ne puisse être créé de celui-ci, ce qui donne une impression de répétition constante, redondance ennuyeuse pour certains. À mes yeux, ce n'est pas ce genre de répétition qu'on a là, j'y vois plutôt comme une volonté d'aller jusqu'au bout, et de créer des morceaux qui ne risquent en aucun cas d'être brouillons, inaboutis, ou incohérents. De toute façon, si GALLOWBRAID commençait à créer des morceaux qui partaient dans tous les sens, l'essence du projet s'effacerait.

Le titre éponyme m'avait énormément plu lors de ma découverte du groupe, mais on se rend finalement compte de sa composition un peu scolaire à défaut d'être redondante, notamment sur le rythme simple et constant qu'on remarque sur ces presque 15 minutes. Lorsqu'on l'oppose au titre bonus par exemple, on se rend compte de son manque de maturité. Néanmoins, il reste un atout majeur de l'EP par son dynamisme et ses mélodies envoûtantes.
Jake Rogers nous montre également un second atout tout au long de l'écoute: la maîtrise et la facilité qu'il a de passer d'un Black Mélodique puissant à des passages folkloriques entièrement acoustiques, et de nous montrer que les deux se valent autant. C'est un va-et-vient qu'on entend continuellement dans l'EP, car l'ordre des titres permet de passer d'un morceau long à tendance majoritairement Metal, à un interlude court qui valorise plutôt le côté acoustique Folk (Autumn I & II). Mais ces oppositions sont également présentes au sein des titres longs.

L'originalité de l'EP, avant d'être dans la composition même ou dans les sonorités, est dans l'aura qui l'entoure. Il est assez rare de voir un groupe aux sonorités Folk prôner l'athéisme, vu que la mode est aux groupes de Pagan. Pourtant, on le comprend largement dans les textes, notamment ceux de "Stone Of Remembrance" : "But our fates are our own to weave, no destiny, no distant god".

Ce qu'il faut comprendre, par les structures des morceaux, et leur côté ultra-rythmé qu'on retrouve rarement dans des groupes du même style, c'est que GALLOWBRAID n'est pas juste un énième groupe de Black/Folk Mélodique. Le projet prouve qu'on peut allier une musique efficace et accessible à des passages plus techniques qui requièrent plus de maîtrise, et tout de même finir avec un opus complet, qui exploite tous les atouts que son auteur semble vouloir valoriser.